Charleroi: un premier SDF s’installe dans une cabane en palettes

« Cet emménagement est une suite logique, lance d’emblée Denis Uvier, infatigable éducateur de rue. Les maisonnettes pour sans-abri n’ont pas été construites seulement pour les utiliser dans nos actions militantes, non. Elles ont avant tout été fait pour une utilisation concrète, pour les mettre à la disposition des copains de la rue. Hier, nous avons donc installé un tout premier SDF dans une de nos cabanes confectionnées avec des palettes en bois. La maison que nous lui avons donnée n’est pas celle de la démonstration. Là, nous en avons cinq en route. »

Pour l’instant, le travailleur de l’ASBL Solidarités Nouvelles préfère taire le nom de l’heureux bénéficiaire. « Oui, je préfère garder son identité secrète, pointe-t-il avec fermeté. Je dirai seulement que c’est un sans-abri bien connu à Charleroi. L’homme dort, vit actuellement dans une tente en compagnie de son chien. C’est quelqu’un qui ne fréquente que très rarement les structures d’accueil comme les abris de nuit. »

Des terres réquisitionnées

La prudence est également de mise concernant le lieu où a été installée hier matin la première maison en « activité ». « Secret défense là-aussi, sourit-il. C’est une question de sécurité. On ne veut pas que le projet capote en dévoilant l’endroit exact où on a transporté la cabane. Car, si on fournit des indices à la police, elle risque de venir déloger la maison. Et puis, on ne veut pas non plus que le propriétaire du terrain vienne virer le sans-abri. Car oui, nous l’avons installé sur une friche, sur un terrain laissé à l’abandon qui appartient à quelqu’un. Comme on ne peut pas réquisitionner des bâtiments, des logements, on le fait avec les terres. Nous avons donc débroussaillé le terrain choisi puis avons installé la maisonnette. »

Cette première expérience fait évidemment figure de test. Les éducateurs de rue attachés à l’ASBL Solidarités Nouvelles vont donc surveiller avec attention l’évolution du projet. « On va y aller tous les jours pour voir si tout va bien. Si le SDF trouve ses marques, annonce Denis Uvier. Nous allons être attentifs au niveau technique. Voir, par exemple, s’il ne pleut pas à l’intérieur. Le but est de se rendre compte de ce qui fonctionne et surtout ce qui ne fonctionne pas dans l’expérience. Cette expérience va donner une base pour notre projet. Elle va servir pour les autres maisonnettes. Car, bien entendu, on ne va pas s’arrêter là »