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Carte blanche des médecins de Marche: «Quel travailleur paye pour son entreprise?»

La semaine dernière, vous pouviez lire dans La Meuse Luxembourg la situation critique dans laquelle se trouvent les urgences de Marche, au bord de la fermeture faute de médecins.Les médecins du conseil médical de Marche, d’abord pointés comme responsables de la situation, signent aujourd’hui une carte blanche pour laver leur honneur et clarifier leur position.

Des désinformations se répandent à propos des difficultés du service des urgences à Marche. Des choses doivent dès lors être précisées.

Pour bien comprendre la situation, il faut savoir que la communauté des médecins travaille à l’acte. Chaque acte presté par un médecin génère une facturation. Malheureusement on sait que certaines spécialités ne génèrent pas suffisamment d’honoraires décents par rapport à leur caractère indispensable dans l’hôpital, aux heures prestées et aux responsabilités encoures.

Ainsi, la pratique courante veut que pour compenser ces insuffisances, les gestionnaires d’hôpitaux (après avoir récupéré de l’INAMI l’argent généré et pro-mérité des médecins et après avoir financé une partie des locaux, matériel et personnel infirmier et administratif) octroient une rémunération aux médecins qui, si elle n’est pas jugée suffisante, est complétée par une participation des autres médecins.

Il est malheureusement fréquent et coutumier que les médecins soient contraints de participer à la rémunération d’autres médecins au vu du désinvestissement du gestionnaire. Est-il normal dans un système de soins de santé publique que des médecins indépendants soient contraints de financer le travail d’autres indépendants ?

« Objectif : éviter une concurrence »

En 2016, pour répondre aux difficultés de recrutement de médecins urgentistes pour les hôpitaux de la province, Vivalia a mis en place une Association des Services d’Urgences de ses trois3 hôpitaux. Cela avec des objectifs multiples : éviter une concurrence entre les différents sites hospitaliers, favoriser une mobilité des médecins entre les sites et enfin revaloriser le statut des urgentistes pour les fidéliser.

Pour financer cette revalorisation, c’est une fois de plus une cotisation complémentaire des médecins hospitaliers qui a été mise en place avec l’accord des Conseils Médicaux de l’époque, sous forme d’une rétrocession d’une partie des suppléments d’honoraires des médecins. Cette contribution financière était acceptée pour une durée limitée, potentiellement renouvelable ; il n’a jamais été question qu’elle soit éternelle.

En 2018, le conseil médical de l’IFAC remarque que la somme prélevée sur les suppléments d’honoraires des médecins de l’IFAC est plus importante que ce qui avait initialement été prévu. Cela l’incite à demander plus de clarté sur les prélèvements effectués et sur leur utilisation, et ce d’autant qu’après deux ans de fonctionnement de l’Association des Services d’Urgences, on ne notait pas de franche amélioration du recrutement, de fidélisation, ni même de mobilité des urgentistes du CHA (Arlon) et des CSL (Libramont) en cas de manque de personnel ponctuel à l’IFAC (Marche et Bastogne). Rendu méfiant par une absence de transparence, le corps médical, faute d’avoir reçu des réponses claires à ses interrogations, réuni en assemblée générale en juin 2019, demande la suspension sur les prélèvements des suppléments d’honoraires et leur restitution au Conseil Médical.

Rediscuter du financement des urgentistes

L’idée n’était pas, à cette époque, que chaque prestataire récupère ses propres honoraires mais bien que le Conseil Médical récupère cet argent pour pouvoir discuter ultérieurement en Assemble Générale de l’affectation à donner à cet argent : notamment envisager un financement direct en toute transparence des urgentistes IFAC.

Contrairement à ce que le gestionnaire a toujours laissé croire, et à ce que la presse a souvent relayé, le corps médical de l’IFAC n’a jamais voulu remettre en cause une action de solidarité avec les médecins des urgences, ni même l’idée d’une association entre les services d’urgences de la province mais il a voulu exprimer son souhait de respect et de transparence dans l’utilisation de l’argent que la communauté médicale confie à Vivalia dans une démarche de solidarité.

Alors que la décision a été prise en juin 2019, pour diverses raisons et divers prétextes, la mise en application de celle-ci n’était attendue qu’en janvier 2021.

À aucun moment, durant ce délai de plus de 18 mois, le gestionnaire n’a anticipé les difficultés pourtant annoncées. Jamais il n’a tenté de rassurer le corps médical en faisant preuve de transparence (ce qui aurait pu contribuer à une remise en question de la décision de 2019). A aucun moment il n’a proposé de solution alternative.

En janvier 2021, le gestionnaire, alors qu’il n’a pas cessé le prélèvement comme exigé, n’a plus injecté l’argent dans l’Association des Urgences et répercute la baisse de revenu de l’Associations des Services d’Urgences aux seuls médecins urgentistes de l’IFAC (les rémunérations des médecins urgentistes du CHA et des CSL n’étant pas impactées). Il avait pourtant un contrat qui le liait aux urgentistes et aurait dû honorer leur rémunération complète en tant qu’employeur !

En revendiquant transparence et honnêteté de la part du gestionnaire envers les médecins, le corps médical de l’IFAC n’a à aucun moment souhaité prendre en otage le service des urgences de l’IFAC. C’est bien le gestionnaire qui a utilisé cette stratégie en allant jusqu’à payer les urgentistes de Marche à un tarif inférieur à celui qui leur était promis contractuellement.

« Un réel mépris pour le corps médical »

Voilà de quoi nous faire perdre totalement confiance en cette Association, créée au nom de la solidarité mais téléguidée par un gestionnaire qui n’a fait qu’au contraire que de mettre le feu aux poudres avec un réel mépris pour le corps médical et pour la sauvegarde de la santé de la population.

La dévalorisation financière des urgentistes sur le site de Marche a conduit, comme on devait s’y attendre, à des démissions successives, et a placé le Service des Urgences de Marche dans une situation très critique, avec un nombre de médecins insuffisant pour pouvoir couvrir toutes les permanences médicales, notamment celles du SMUR.

Dans ce contexte où le gestionnaire aurait dû réagir positivement, il a plutôt utilisé l’argent des médecins comme une arme de chantage, sans aucun souci pour le respect de l’intérêt général et en ne trouvant comme misérable réponse qu’une tentative de dresser l’opinion publique contre les médecins. Stratégie d’autant plus misérable en temps de COVID au regard de l’investissement exceptionnel de tous les soignants.

Il a également tenté de nous contraindre à des réquisitions malhonnêtes pour pallier les démissions dues à sa mauvaise gestion.

Il a fait croire aux médecins urgentistes et au grand public que c’était l’égoïsme financier de quelques privilégiés qui mettait en péril la salle d’Urgences, faisant ainsi des victimes de son incurie un bouc émissaire. Dommage que certains médecins urgentistes l’aient cru et n’aient pas compris la machination dont ils étaient victimes.

« Quel travailleur paye et cotise pour son entreprise ? »

Pour couronner le tout, le gestionnaire ne cesse de proclamer que, pour cette crise de la salle d’Urgences de Marche, la solution viendra des médecins. On dépeint les médecins de manière injurieuse comme étant exclusivement préoccupés par l’argent alors que notre première et ardente préoccupation est le sort de nos patients et que nous cotisons d’ailleurs pour alimenter un fonds de promotion et dans une bourse pour le développement du futur hôpital sud et la mise en place de nouveaux projets, dont l’ouverture prochaine du B6 et de nouvelles salles d’opération. Quel travailleur paye et cotise pour son entreprise ?

Les médecins sont outrés et usés d’une gestion mal adaptée mais ne céderont pas. Un problème public se règle avec de l’argent public et une bonne gestion de l’hôpital permettrait de dégager les marges nécessaires !

Vous aurez compris en nous lisant que la situation n’est pas simple.

Les médecins du corps médical de l’IFAC réaffirment ici qu’ils sont volontaires pour s’investir dans l’avenir de leur hôpital par leur engagement quotidien auprès des patients (horaires lourds, gardes fréquentes, remplacements).

La gestion et les finances ne peuvent, en aucun cas, leur être imputées car c’est la mission et la responsabilité du gestionnaire de les assumer.

Signataires : le conseil médical de l’IFAC

Pour envoyer une carte blanche  : romain.goffinet@sudpresse.be

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