Farciennes et Châtelet dans le Top 3 belge des communes comptant le moins de diplômés

Statbel a réalisé une étude sur le niveau d’instruction de chaque commune de Belgique. L’office belge de statistique s’est focalisé sur les 25 ans et plus, considérant qu’à partir de cet âge, la majorité de la population a achevé son parcours scolaire. Le Brabant wallon en tête en Wallonie En Belgique, 29 % de la population de 25 ans et plus est titulaire d’un diplôme d’études supérieures. C’est en Flandre que l’on retrouve les communes avec la plus grande proportion de personnes hautement instruites : Latem-Saint-Martin (53,2 %), Oud-Heverlee (52,9 %) et De Pinte (52,1 %). Les trois premières communes wallonnes sont toutes situées dans le Brabant wallon : Lasne (50,2 %), Chaumont-Gistoux (49,3 %) et Ottignies-Louvain-la-Neuve (48,9 %). À Charleroi et sa région, plus de la moitié des communes se situent en dessous de la moyenne. En effet, seules sept de nos 18 communes peuvent se vanter de compter un pourcentage de personnes diplômées de l’enseignement supérieur d’au moins 30 % : Ham-sur-Heure (39,5 %), Montigny-le-Tilleul (36,8 %), Gerpinnes (35,8 %), Les Bons Villers (34 %), Thuin (30,8 %), Pont-à-Celles (30,5 %) et Lobbes (30,2 %). À l’inverse, la commune de Châtelet (13,8 %) figure parmi les trois moins bonnes de Belgique tandis que celle de Farciennes (10,3 %) clôture du classement. [scald=49171204:sdl_editor_representation] Mais quelles sont les causes de ce faible niveau d’instruction dans la région carolo ? « Attention, il ne faut pas confondre le niveau d’instruction et le niveau d’intelligence », précise d’emblée Bruno Humbeeck, expert en psychopédagogie à l’UMons. « Ce n’est pas du tout la même chose. Posséder un niveau d’instruction bas ne signifie pas qu’on n’est pas intelligent. Dire cela, c’est faire un raccourci catastrophique. Il ne faut pas du tout stigmatiser le niveau d’instruction. Arrêtons aussi de considérer le système scolaire sous forme de hiérarchie. Ce n’est pas parce qu’on passe de l’enseignement général en technique que c’est un échec. Tous les choix doivent être vus de manière positive. Passer en technique ou en professionnel, ce n’est pas dégringoler. Les enseignements y correspondront mieux aux compétences de l’élève. » En lien avec le niveau socio-économique Le niveau d’instruction n’est pas non plus lié au niveau de compétences. « On peut posséder de très bonnes compétences qui ne sont pas attestées par l’école. Le niveau d’instruction est en fait le niveau d’adhésion de la personne aux parcours scolaires standardisés qui sont considérés comme performants. » Le niveau d’instruction dépend surtout du niveau socio-économique duquel on est issu. « La Belgique est un des pays où il y a le plus d’inégalités au niveau scolaire. Faire des études coûte cher. L’accès au monde universitaire est donc lié au niveau socio-économique. » Voilà donc la raison principale de ce faible taux d’instruction à Charleroi, région qui possède un assez faible niveau socio-économique. « Cette corrélation explique pourquoi le taux d’instruction est aussi important dans le Brabant wallon, province où le niveau socio-économique est élevé. » Bruno Humbeeck assure également que ce faible niveau d’instruction n’a pas de conséquence négative sur le marché de l’emploi, au contraire. « Si la région ne compte que des universitaires, il va manquer du personnel dans certains domaines. On va se retrouver avec des pénuries. Ce ne sera pas probant. Et ce n’est pas parce qu’on n’est pas hautement diplômé qu’on ne va pas trouver un emploi. » Taux de chômage élevé Pourtant, le taux de chômage est très élevé dans la région de Charleroi. « C’est parce que l’école joue un rôle de filtre social. Si l’élève vient d’un milieu défavorisé et que ses parents n’ont pas d’emploi, il aura des difficultés à se sortir de ce milieu. » Pour le professeur de l’UMons, il faut surtout que l’offre pédagogique corresponde aux exigences du marché du travail. « C’est par cela que passe le redressement économique, pas par un niveau d’instruction élevé. Il faut donc accompagner les élèves vers la maîtrise des nouvelles technologies pour leur permettre d’acquérir de nouvelles compétences. Je pense notamment à l’utilisation du numérique. 80 % des métiers qui existeront dans 10 ans n’ont pas encore été créés. Il faut déjà s’y adapter. »

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