Tentative de suicide au Shape à Maisières: le papa du jeune travailleur témoigne
« J’ai tenu à m’exprimer pour que cette situation n’arrive plus à personne », explique d’emblée Thierry, le papa du jeune homme. Il travaille lui aussi sur la base militaire du Shape, depuis plus de 30 ans.
Son fils a commencé à travailler là-bas il y a cinq ans. Trois ans plus tard, il a changé de fonction et a obtenu un poste opérationnel dans un magasin. Mais la situation s’est vite dégradée. « Il a vécu un harcèlement moral et homophobe. Il n’y a pas d’autres mots », poursuit Thierry qui parle notamment de surnoms homophobes donnés à son fils. « En septembre 2020, il a déjà été absent pendant un mois à la suite de ces agissements. Il a ensuite repris tant bien que mal le travail mais sous médication. Le harcèlement ne s’est cependant pas arrêté. Il a interpellé plusieurs fois sa hiérarchie directe ainsi que le représentant des travailleurs. Mais rien n’a changé… On ne l’a sans doute pas pris au sérieux… »
Un message à sa maman
En juin dernier, le fils de Thierry est retombé en maladie. « Il souffrait d’une dépression profonde. Il a pris l’initiative de contacter lui-même un psychologue pour sortir de cet enfer. Grâce aux aides et aux soins médicaux, il se sentait mieux et a souhaité reprendre le travail. » Il est revenu sur la base en janvier.
« Mais l’enfer a continué. Mon fils a alors interpellé la conseillère en prévention. C’était urgent. Il était vraiment en détresse. Et la veille de son passage à l’acte, il est retourné la voir. De notre côté, avec sa maman, nous étions au courant de ses difficultés mais il ne nous disait pas tout. »
Mais pourquoi n’a-t-il pas démissionné ? « Il voulait évoluer dans l’organisme de l’OTAN. C’est pour cela que dans le même temps il poursuivait des études en cours du soir », répond son papa. « Il avait même postulé pour d’autres postes mais n’avait jamais été retenu. »
Et ce vendredi 4 février, le travailleur de 29 ans a envoyé un message à sa maman. « Il a dit qu’il n’en pouvait plus et qu’il n’y avait plus de solution. Et il a demandé pardon pour l’acte qu’il allait commettre », poursuit Thierry les larmes aux yeux. Son épouse a alors appelé en urgence la base militaire. « Fort heureusement, un membre de la base est intervenu et a réussi à le sauver. » Il est aujourd’hui sorti d’affaire physiquement. « Il va désormais essayer de se reconstruire. C’est un garçon très sensible. Mais imaginez sa blessure, elle laissera des traces. C’est inévitable mais nous le soutiendrons au maximum. »
Ses parents se disent également sous le choc. « Ce que nous avons vécu, c’est terrible. »
Enquête en cours
Thierry, soutenu par le SETCa, en veut énormément au Shape. « Ses appels au secours n’ont jamais été pris en considération. Il y avait pourtant moyen d’éviter ce drame. Des outils existent. C’est de la non-assistance à personne en danger. » Avec le SETca, plusieurs procédures vont être lancées.
Une enquête de police est également en cours. La police fédérale s’est rendue sur place et a rédigé un p.-v. Des personnes ont déjà été interrogées. « Et nous ne comptons pas en rester là. Nous irons jusqu’en justice. Nous espérons que les personnes impliquées seront réprimandées » affirme encore le papa.
De son côté, la base du Shape a réagi suite à ce drame et aux accusations du Setca (cf. texte ci-joint).