Sortie du nucléaire: «La situation actuelle est bien différente», selon De Croo


« Fin décembre, on avait dit : on va regarder les deux éléments qui sont dans l’accord gouvernemental (la sécurité d’approvisionnement énergétique et les prix de l’énergie, NDLR). On avait ajouté en décembre comme facteur le contexte géopolitique », a-t-il complété.
Après l’invasion russe en Ukraine lancée le 24 février, « la situation géopolitique a forcément complètement changé », a souligné le chef du gouvernement fédéral. Il a rappelé que si la Russie joue un rôle majeur sur le marché européen du gaz, elle est un fournisseur « pas très important » pour la Belgique.
La Russie a montré, selon M. De Croo, qu’elle était, comme fournisseur d’énergie, « moins fiable ». « Et au niveau européen, il y a toute une démarche de se déconnecter de la Russie d’un point de vue (de l’)énergie », a-t-il dit.
Selon le Premier ministre, le gouvernement a entrepris une évaluation de sa stratégie à long terme en ayant comme objectif le « zéro émission » de gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique.
« On doit donc faire des choses à court terme, mais la perspective de faire ce virage vers un système d’énergie qui soit plus durable, qui a moins d’émissions, c’est clairement cette perspective qu’il faut garder », a expliqué M. De Croo.
Il a rappelé que la décision prise en décembre prévoyait aussi d’étudier les perspectives du « nucléaire du futur » et les nouvelles technologies – comme les réacteurs EPR (« Evolutionary Power Reactor ») et le projet de futur petit réacteur (SMR).
« On avait clairement dit : si, à terme, il y a des technologies qui n’ont pas les inconvénients du nucléaire actuel, par exemple par rapport aux déchets, c’est quelque chose qu’il faut investiguer », a déclaré le Premier ministre. Le gouvernement avait aussi décidé fin décembre d’investir 100 millions d’euros dans la recherche sur ces nouvelles technologies.
Il a souligné l’« ouverture d’esprit » dont font preuve certains membres de la coalition gouvernementale, sans citer explicitement les interviews de la ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten (Groen) et du co-président d’Ecolo, Jean-Marc Nollet, publiées lundi dans les journaux ’De Standaard’ et ’Le Soir’. M. Nollet y évoque notamment une adaptation de la position des écologistes francophones sur la prolongation de deux réacteurs nucléaires au-delà de 2025, dans le cadre d’un grand accord en matière énergétique à trouver au sein du gouvernement fédéral et reposant sur trois piliers : une nouvelle série de mesures destinées à baisser la facture, une accélération de la transition énergétique et la fixation du calendrier final de sortie du nucléaire.