Grève du secteur public: l’ensemble des perturbations attendues partout dans le pays


Cette journée d’actions vise à dénoncer un malaise général dans le secteur public. Le front commun syndical dénonce un manque de moyens et de respect du dialogue social de la part des autorités. Les représentants des travailleurs veulent réclamer plus de pouvoir d’achat, d’investissements ainsi que le renforcement des pensions.
Le trafic routier peu perturbé
Le trafic routier semblait peu perturbé ce mardi matin, malgré la journée d’action nationale qui touche les services publics. Touring Mobilis relevait 327km d’embouteillages cumulés sur le réseau routier vers 08h15.
De nombreux employés ont sans doute opté pour la formule du télétravail.
Les transports en commun fortement touchés
Les actions s’étendront à tous les services publics, fédéraux, communautaires et régionaux. Sur le rail, la circulation des trains sera très fortement perturbée jusque mardi soir. Le réseau ferroviaire sera fermé dans les provinces de Liège, Luxembourg ainsi que Namur, et seul un quart des trains circuleront dans le reste du pays.
Les réseaux du Tec (lire ci-dessous), de la Stib et de De Lijn seront également perturbés. Dans la capitale, la circulation des métros est perturbée. Sur les quatre lignes qui quadrillent Bruxelles, une seule est en service, il s’agit de la ligne 1, a indiqué la Stib mardi matin via Twitter.
Les trams des lignes 3, 4, 7, 8, 9, 51 et 92 circulent en ce moment sur le réseau, selon une mise à jour de la situation à 7h30. Des bus sillonnent également la capitale sur les lignes 12, 34, 46, 53, 56, 59, 65, 71, 74, 87 (prolongé jusqu’à Étangs Noirs), 88 et 95.
« Les autres lignes ne rouleront pas aujourd’hui », précise encore la société de transport en commun.
Un communiqué de la société De Lijn rapporte de son côté que six bus et trams sur 10 sont en service sur le réseau de la compagnie flamande. Il est possible de consulter les lignes concernées sur le site internet et l’app.
La SNCB plus impactée
Le service alternatif de la SNCB, qui est entré en vigueur lundi à 22h00 pour la journée de grève dans le secteur public, fonctionne comme prévu, a indiqué mardi matin à Belga la porte-parole de la SNCB, Elisa Roux.
Ainsi, le trafic ferroviaire est à l’arrêt dans les provinces de Liège, Namur et Luxembourg. Seul un quart des trains circule dans le reste du pays.
Le service minimum a été élaboré en fonction de la présence du personnel, dans les provinces où c’était possible. Aucun train ne peut circuler dans celles de Liège, Luxembourg et Namur car les cabines de signalisation d’Infrabel sont fermées en raison du nombre insuffisant de membres du personnel. Les trains IC (reliant les grandes villes) qui traversent ces provinces sont donc également limités.
Dans le reste du pays, un train IC sur trois et un train S (offre suburbaine) ou L sur cinq sont disponibles. La plupart des trains P, qui roulent exclusivement pendant les heures de pointe du matin et du soir, ne circulent toutefois pas.
La SNCB invite les voyageurs à consulter le service alternatif sur le planificateur de voyages, l’application ou son site web.
La circulation reprendra normalement dès mercredi matin.Le personnel des prisons a massivement pris part à la journée d’action nationale de mardi, rapporte les syndicats des services pénitentiaires.
Les prisons participent largement
« Près des trois quarts de notre personnel participe à la journée d’action », déclare Robby De Kaey de la CGSP-Justice. « À certains endroits, il y en a même plus. » Secrétaire permanent SLFP, Eddy De Smedt souligne lui aussi un grand taux de participation à la grève nationale. « On constate clairement que l’action est bien suivie. »
Cette journée d’action est fortement suivie dans les prisons où il y a un manque de personnel assez important. C’est le cas à Bruges, Dendermonde ou encore Malines, mais aussi à Merksplas, où un piquet de grève a également été installé. Cependant, c’est aussi le cas dans les prisons bruxelloises, précise M. De Smedt.
Du côté de la direction générale des Établissements pénitentiaires (EPI), on accueille cette grève beaucoup moins bien. « C’est grave », réagit kathleen Van De Vijver, porte-parole de l’EPI. « Car on peut voir qu’il y a moins de personnel présent dans les prisons que ce qu’il faut pour assurer le service minimum. » C’est pourquoi des agents de police ont dû être envoyés en renfort dans certains endroits.
Les prisons essaient donc d’assurer les services de base, mais dans plusieurs établissements, les détenus ressentiront les conséquences de la grève. Par exemple, seuls les prisonniers de l’établissement pénitentiaire de Dendermonde, de la prison centrale de Louvain et de celle de Malines auront droit à une promenade mardi. Il n’est, par contre, toujours pas possible de recevoir des visiteurs.
Concrètement, les syndicats demandent une augmentation des grilles salariales. Rien ne s’est passé en ce sens depuis 20 ans, a ajouté Eddy De Smedt sur Radio 1. Les syndicats espèrent maintenant de nouvelles consultations.
« Le succès de l’action nous pousse à être optimistes. Maintenant, nous devons attendre la réaction de la ministre », conclut par ailleurs Robby De Kaey.
Les services de bpost perturbés
L’entreprise postale bpost est perturbée mardi en raison de la journée d’action nationale dans les services publics. Une partie du courrier ne peut ainsi pas être distribuée, essentiellement en Wallonie et plus précisément dans les régions de Liège et de Charleroi où des piquets ont été installés, a expliqué une porte-parole.
Les centres de tri sont également touchés par la grève, ce qui fait que les perturbations pourraient encore durer les prochains jours, précise bpost.
« Environ 70 % des tournées de journaux ont été assurées » en Wallonie, détaille une porte-parole de bpost. « Pour le courrier, cela tourne autour de 60 % mais dans la région de Liège la proportion est bien plus basse », a-t-elle ajouté. En Flandre, par contre, 90 % des tournées sont effectuées.
Certains bureaux de poste ont également fermé leurs portes mardi, environ 60 % à l’échelle de la Belgique. Ce pourcentage cache toutefois une forte disparité régionale alors que seuls 35 % des bureaux bruxellois sont ouverts et jusqu’à 96 % des bureaux sont ouverts en Flandre.
La journée d’action nationale risque d’avoir encore des conséquences mercredi, alors qu’il y a « une volonté claire d’agir dans les centres de tri », a souligné la porte-parole. « Toutes les lettres et tous les colis n’arriveront donc pas dans les bureaux de distribution. La livraison de courrier et de colis pourra encore être impactée les prochains jours, même si nous essayons de limiter cela autant que possible. » Ce sont les régions de Liège et de Charleroi qui risquent d’être les plus touchées.
La RTBF peu impactée
L’information à la RTBF est aujourd’hui assurée a minima, a indiqué à Belga la porte-parole de la chaîne de service public, alors qu’ont lieu ce mardi des actions de grève aux quatre coins du pays.
La RTBF est tenue d’assurer un certain nombre de programmes, dont les bulletins d’information générale, précise Axelle Pollet. Pour ce faire, 230 personnes ont été réquisitionnées sur un total de 1.970 équivalents temps-plein (ETP). En radio, un certain décalage est toutefois possible afin d’informer sur les actions syndicales en cours tandis qu’un bandeau devrait alerter, lors des journaux télévisés, sur la journée de grève nationale dans les services publics. Le concours musical Reine Elisabeth sera par ailleurs bien diffusé.
Le programme des autres émissions de la journée pourrait toutefois être quelque peu perturbé, avertit la directrice de la communication.
Des piquets de grève ont été installés sur les différents sites régionaux de la RTBF, précisément à Mons, Charleroi, Namur et Liège. A Bruxelles, une grève massive est en cours en front commun syndical, en soutien à la VRT, indique Bernard Gabus, président de l’Interrégionale wallonne de la CGSP à la RTBF.
Un plan de transformation a été annoncé en avril dernier dans le service public flamand, qui se traduirait par le licenciement de plus de 100 personnes et le non-remplacement de 50 départs à la retraite. Les syndicats flamands, réunis mardi en front commun au boulevard Reyers, demandent au gouvernement flamand de reconnaitre la valeur de la chaîne de radio-télévision flamande et d’indexer son budget. « Cessons de démolir la VRT », pouvait-on lire sur un des étendards à un piquet de grève à l’entrée de la VRT.
« Le gouvernement flamand doit intervenir. Nous devons être correctement subventionnés. Je constate que la Fédération Wallonie-Bruxelles investit, elle, dans la RTBF. Probablement parce que le gouvernement de la communauté française reconnaît la valeur des choses et pas seulement leur coût », a déclaré Mike Barlow, président de VSOA-VRT (SLFP).
« Un parti d’extrême-droite et un parti nationaliste au gouvernement de la communauté flamande se sont ligués, déterminés à saper le service public et la culture. Il existe pourtant une loi qui protège les institutions publiques et son personnel de cette idéologique anti-démocratique, qui garantit aux services leur continuité, leur indépendance, et leur neutralité », commente la CGSP dans un communiqué. « La situation actuelle de la VRT pourrait être celle de la RTBF dans quelques années, si nous nous dirigeons comme nos collègues flamands, vers l’extinction du statut à la RTBF », poursuit le syndicat socialiste.
« Cette grève est un signal fort envers nos responsables politiques pour exiger que le financement massif et inconditionnel dans les services publics soit une priorité, hier, aujourd’hui et demain », conclut-il.
Les écoles touchées par le manque de transports
Le mouvement de grève dans les services publics semblait assez peu suivi dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, manifestement davantage impactées par l’absence de transport en commun que par un débrayage des personnels enseignants.
« Le suivi (du mot d’ordre de grève) semble assez limité. Toutes les écoles sont ouvertes », commentait ainsi mardi Géraldine Kamps, porte-parole du réseau d’enseignement public Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE).
Pour le réseau catholique, qui scolarise un enfant sur deux en FWB, le constat était similaire.
« Le secteur de l’enseignement est principalement affecté par la grève qui touche les transports en commun et qui est elle-même suivie de manière variable selon les sous-régions », analyse Etienne Michel, le directeur du secrétariat général de l’enseignement catholique (SeGEC).
« La situation dans les écoles est donc, selon les situations, surtout caractérisée par certains élèves ou enseignants qui n’ont pas pu rejoindre leur école », confie-t-il.
Interrogé mardi, Joseph Thonon, président de la CGSP-Enseignement reconnaissait qu’il était difficile pour les syndicats de faire un bilan du mouvement de grève dans les 3.000 implantations scolaires que compte la Wallonie et de Bruxelles. Des données chiffrées sur la participation ne seront pas disponibles avant un mois.
« Ce que l’on peut dire, c’est que les écoles fonctionnent au ralenti à cause de l’absence de bus et de trains, ainsi que enseignants grévistes à certains endroits ».
Comme de coutume lors de mouvements sociaux, les écoles sont tenues d’organiser des garderies en cas de grève de leurs enseignants ce mardi.
Des actions ça et là pour les zones de secours
Les zones de secours du pays mènent ci et là quelques actions sporadiques dans le cadre de la grève générale dans les services publics mais continuent à assurer les premiers secours, que ce soit en ce qui concerne l’aide médicale urgente ou les interventions en cas d’incendie.
« La grève est chez nous l’arme ultime, on ne veut pas prendre la population en otage », indique d’emblée à Belga Peter Vandenbercke, ambulancier à l’intercommunale de Liège et environs et dirigeant responsable du SLFP. « On fait donc les inventaires des véhicules et on assure les départs urgents. Pour le reste, on se croise les bras », ajoute-t-il.
Une action symbolique est toutefois prévue dans les différentes casernes du pays. « Les camions vont sortir à la même heure, toutes sirènes hurlantes, afin de faire entendre notre mécontentement », illustre M. Vandenbercke.
Dernièrement, les mouvements de contestation au sein des zones de secours ont été tués dans l’oeuf alors qu’un conflit social, qui a pris une dimension judiciaire, oppose plusieurs pompiers à la direction de l’Intercommunale d’incendie de Liège et environs (IILE). Des sanctions disciplinaires et des retenues sur salaire ont notamment été imposées à un nombre important d’agents grévistes. « Parmi eux, 280 ont saisi le tribunal du travail qui s’est prononcé en leur faveur et a condamné l’IILE, qui s’est immédiatement pourvue en Cassation », explique M. Vandenbercke
« Certaines autorités supra-communales ne nous laissent pas la possibilité de faire grève de façon ludique », épingle le dirigeant responsable du SLFP, amer. « Nous avons affaire à un management pathogène qui risque de faire beaucoup de dégâts pour le service à la population », regrette-t-il.
Le personnel des zones de secours, qui s’est retrouvé en première ligne face à la pandémie de coronavirus et aux inondations de juillet 2021, déplore encore le manque de considération de la part de la ministre fédérale de l’Intérieur, Annelies Verlinden. « On est complètement ignorés. On se demande même si elle sait qu’elle a les zones de secours dans ses compétences », soupire Eric Labourdette, dirigeant responsable pour le SLFP.
Des négociations avec la ministre sont prévues les 16 et 22 juin prochains, selon le syndicat libre de la fonction publique.
« Si elles échouent, des actions intra-professionnelles plus musclées vont être menées », prévient le SLFP, qui met en garde contre un mouvement de grogne « qui prend de l’ampleur au sein des sapeurs-pompiers ». « On pourrait notamment envahir en nombre la zone neutre à Bruxelles », suggère Eric Labourdette. « On a déposé plusieurs points en négociation et aucun n’a été examiné. La ministre n’écoute que les commandants de zone et ne donne rien au cadre inférieur, qui a les pieds dans la boue. Or, le gâteau doit être partagé en parts égales », conclut-il.
Une action dans la gare de Mons
Des actions régionales auront également lieu avec l’installation de piquets de grève dans plusieurs secteurs.
Les militants cheminots de la CSC-Transcom se sont rassemblés mardi matin pour mener une action symbolique devant la gare de Mons dans le cadre de la journée d’action nationale dans les services publics.
L’objectif des cheminots était de réclamer les moyens et les recrutements indispensables à la réalisation de leurs missions de service public. Les militants ont également dénoncé le non-remplacement du personnel des chemins de fer et les économies budgétaires imposées par les précédents gouvernements successifs.
« Depuis 2016, les cheminots n’ont pas pu organiser de mouvement de grève tel que nous le faisons ce mardi, ils peuvent ainsi exprimer leur ras-le-bol parce que chaque situation de travail s’est dégradée », a expliqué Cédric Depret, permanent CSC-Transcom.
« Il faut enfin investir massivement dans les services publics, en ce compris les chemins de fer. Il est anormal que les cheminots ne puissent plus avoir leurs jours de congé prévus, que, dans les fonctions de sécurité, ils ne peuvent plus être libérés pour des visites médicales, tout cela par manque de personnel. Le ministre de la Mobilité veut mettre plus de trains, c’est très bien. Mais alors il faut plus de moyens pour le rail. La crise du Covid a montré l’utilité des services publics : mais, deux ans plus tard, où en est l’investissement dans les services publics ? Nous posons la question », a-t-il ponctué.
Des bateaux bloqués
Au moins 75 bateaux sont bloqués, en Flandre, devant une écluse fermée dans le cadre de la journée de grève dans le secteur public, indiquent les Voies hydrauliques flamandes (Vlaamse Waterweg).
Quatre des six écluses situées sur le Canal Albert, qui relie les ports de Liège et d’Anvers, sont fermées en raison du mouvement de grève, ce qui bloque 65 bateaux au total aux écluses de Diepenbeek, Genk, Hasselt et Wijnegem.
Les éclusiers se croisent également les bras sur le canal Gand-Ostende et sur la partie flamande du canal Bruxelles-Charleroi. D’autres écluses sont encore fermés ci et là sur les voies hydrauliques du nord du pays.