Ben Harper : «Le silence n’est pas une option»



Anxiété et insomnies
« Je suis terriblement soucieux du monde que nous allons laisser à nos enfants et petits-enfants, au point que j'en perds même le sommeil », confie l'artiste. « Je n'ai pas d'illusion sur ce que peut faire une personne, une chanson ou une voix face à tout cela. Je suis aussi impuissant que vous mais, pour les causes qui nous tiennent à cœur, comme lutter contre ceux qui veulent réécrire l'histoire, parfois on doit parler, parfois on doit crier, parfois on doit chanter, car le silence n'est pas une option ».
Devant un climat anxiogène américain alourdi par les flambées de tueries par armes à feu et la remise en cause de l'IVG par la Cour suprême conservatrice, Ben Harper, Californien d'origine, a décidé de changer d'air. Et veut s’installer en France.
Quitter les États-Unis n'est pas pour le quinquagénaire synonyme de renoncement. Les sombres constats qu'il dresse dans son 17e album studio sont contrebalancés par la lumière qui peut jaillir d'un cœur, le plus puissant des moteurs. Il creuse ainsi le sillon d'un Marvin Gaye, « le seul, mis à part peut-être Dylan, capable de chanter aussi bien les élans amoureux et la peinture sociale », dit-il. Marvin Gaye n'est pas le seul illustre parrain choisi par Ben Harper, qui sonne parfois comme Sam Cooke (« More than love ») ou Ray Charles (« Honey, Honey »).
Ben Harper atteint pour la première fois le point d'équilibre entre toutes ses influences, puisque la soul se pare ici de gospel, de funk, de jazz, de rock ou de blues.