Peste porcine africaine: plusieurs perquisitions et 4 interpellations


Voilà déjà plusieurs mois que la peste porcine africaine fait rage dans la région gaumaise. Afin de faire la lumière sur les circonstances de l’introduction de la maladie chez nous, une enquête judiciaire avait été ouverte peu de temps après la découverte des premiers cas de sangliers viropositifs.
Le dossier a connu une nouvelle avancée ce mercredi. En fin de journée, le Parquet du Luxembourg a communiqué sur plusieurs perquisitions mais aussi quatre interpellations pour audition. Le parquet souligne que ces personnes bénéficient toutes de la présomption d’innocence.
Parmis eux, Jean-Louis François, un garde des eaux et des forêts privé de liberté durant 24 heures. L’homme d’une soixantaine d’années a été présenté à la juge d’instruction Patricia Devaux.
En charge du dossier, la juge d’instruction a délivré un mandat d’amener à l’encontre de ce brigadier des eaux et des forêts – donc du DNF – pour le cantonnement d’Etalle. La personne arrêtée habite la région de Buzenol (Etalle). Des agents de l’Unité anti-braconnage étaient présents également ce mardi chez cette personne âgée de 63 ans. Ils ont également déposé des PV à Patricia Devaux ce mardi après-midi.
L’homme avait été l’une des premières personnes interrogées lorsque la peste porcine a frappé la région gaumaise de plein fouet. À l’époque, il avait avoué à la juge d’instruction, à demi-mot, avoir constaté un nombre anormal de cadavres de sangliers dans la région de Buzenol déjà au mois de juin, sans pour autant réagir. C’est donc sûrement le principal reproche qui a été retenu pour décerner un mandat d’amener à l’encontre de cet agent du bureau de triage d’Etalle.
Trois autres personnes ont également été interpellées pour être auditionnées ce mercredi. Il s’agit notamment du fils de Jean-Louis François, le garde-forestier d’Etalle.
Des sangliers au pied du lit
Une cinquième personne est aussi dans le collimateur de la justice. Il s’agit également d’un autre garde-forestier dans le cantonnement d’Arlon. D’après nos informations, celui-ci aurait joué les intermédiaires entre d’une part, des fournisseurs de sangliers originaires des pays de l’Est et d’autre part, des gestionnaires de chasses. Nous l’avons contacté mais il n’a pas souhaité réagir. Quoi qu’il en soit, la piste du sandwich polonais semble bien loin. Mais celle de l’importation de sangliers étrangers pour venir gonfler la population de certaines chasses reprend du poil de la bête…
L’agent de Buzenol était-il au courant de l’introduction de sangliers exogènes sur le territoire de la province de Luxembourg ? Mystère. Mais il savait certainement qu’il y avait un nombre anormalement élevé de sangliers dans la région d’Etalle. Et il se doutait que certains étaient malades. « S’il avait réagi plus tôt, on aurait pu prendre conscience du danger de la peste porcine beaucoup plus rapidement et agir en conséquence. C’est sans doute ce qu’on lui reproche en premier lieu », nous rapporte une source bien informée. « Il savait mais il n’a rien dit. »
Ce n’est que début septembre que l’homme a donné l’alerte, demandant à ce qu’un sanglier soit analysé. Si l’on en croit des déclarations faites par cet agent à la presse au début de la crise, l’apparition de la peste porcine en Gaume le laissait sans voix et abasourdi. « La nuit, je vois des sangliers au pied de mon lit », avait-il ainsi déclaré à nos confrères de l’Echo, qui l’avaient interrogé, parmi d’autres. En outre, l’expert désigné par la juge d’instruction Patricia Devaux aurait déjà ciblé dans ses rapports des chasses du côté de Buzenol et de Lagland où un nombre excessivement important de sangliers avaient été tirés. Signe, ici aussi, que des sangliers « étrangers » ont été importés en Belgique ?
Ces informations, la juge Devaux les a en sa possession depuis des mois. Mais il semble qu’elle a décidé de passer à la vitesse supérieure en procédant à des privations de liberté et à de nouvelles auditions. Avant de décerner des mandats d’arrêt ? Ce qui surprend, face aux éléments exposés ci-dessus, c’est donc que des agents du DNF étaient au courant de certaines choses mais ont fermé les yeux. « Cela, c’est une évidence », nous confirme une source bien informée. « Il n’est pas non plus impossible que certains aient collaboré activement à l’introduction de sangliers étrangers sur notre territoire. Ou à tout le moins qu’ils aient fait mine de ne pas savoir ».
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