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Mohammed, un employé Colruyt et papa de deux enfants, décède du coronavirus: «On demande qu’il y ait réparation pour cette faute professionnelle»

Mohammed, un collaborateur d’un magasin Colruyt de Forest, est décédé la semaine dernière du coronavirus. Si chez Colruyt Group, on insiste sur le fait que les mesures imposées sont observées scrupuleusement et ajustées au quotidien, la famille de la victime réclame des dommages et intérêts.
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Vendredi dernier, les équipes du Colruyt de Forest apprenaient la disparition de l’un de leurs collègues, emporté par le Covid-19. Mohammed Nahi avait 32 ans, était marié et avait deux enfants. Il s’est éteint jeudi dernier, deux semaines après avoir contracté des problèmes respiratoires. Il avait d’ailleurs été placé en quarantaine après avoir manifesté les premiers symptômes.

Au micro de nos confrères de BRUZZ, le beau-frère de la victime a raconté le drame vécu par la famille. « Quatre médecins ont déterminé qu’il était mort de Covid-19. Il avait tous les symptômes connus, comme la toux et la perte de goût. Mais comme sa capacité pulmonaire n’était affectée que de 10 %, les médecins l’ont laissé à la maison », raconte Hatim Doghmi.

Malgré cela, la famille n’est pas fâchée contre les médecins. « Peut-être qu’ils auraient dû le regarder plus longtemps mais, ils découvrent progressivement sur la maladie et les hôpitaux sont presque pleins ». Pour eux, « la principale question est de savoir où il a contracté le virus ». Savoir si son travail a joué un rôle. « Il est impardonnable qu’il n’y soit pas entièrement protégé contre la contamination. »

« On l’a tout simplement empêché de porter des gants et un masque »

Employé chez Colruyt, Mohammed s’était vu refuser le port du masque et des gants. « Il a strictement respecté les précautions (après les mesures de confinement, l’homme ne se rendait qu’à son travail) et a demandé de porter des gants et un masque au magasin. Son chef d’équipe a refusé », expliquant que cela ne faisait pas professionnel et que ça ferait peur à la clientèle. « Ce qui me révolte, c’est qu’on l’a tout simplement empêché de porter des gants et un masque », ajoute son beau-frère.

Selon la famille, Mohammed n’avait eu aucun problème de santé antérieur. « Il était sportif, pesait environ 90 kilos, ne fumait pas et ne buvait pas d’alcool. Notre chagrin est immense mais, si je peux donner un peu d’espoir à ma sœur pour l’avenir, c’est en faisant toute la lumière sur ce drame », déclare Hatim.

Pour les proches de la victime, la responsabilité de la mort de Mohammed incombe principalement à son employeur, Colruyt. Son beau-frère réclame aujourd’hui des dommages et intérêts pour ne pas avoir agi avec assez de prudence. Il espère que la chaîne de vente au détail acceptera une concertation mais se dit prêt à intenter une poursuite dans le cas contraire.

Colruyt réagit

Chez Colruyt, on ne veut pas commenter davantage le dossier juridique. « nous voyons une accusation arriver, nous l’accepterons », explique le porte-parole du groupe. « Nous avons effectivement reçu fin de la semaine dernière la triste confirmation du décès dans son sommeil d’un collègue du magasin Colruyt de Forest. Nos pensées vont à la famille, les amis, les collègues les plus proches du défunt », a indiqué la chaîne de supermarchés un peu plus tôt dans la journée. « Nous sommes en demande actuellement de plus de détails sur les événements, en tenant compte de l’aspect du secret médical. Notre priorité est désormais l’accueil des collaborateurs concernés et également de leur fournir des informations claires et éventuellement de répondre à d’autres questions. »

Colruyt Group souligne que la chaîne, comme l’ensemble du secteur, met tout en œuvre pour créer le cadre le plus sécurisant possible pour ses employés. « Nous continuons également à demander à nos clients de respecter strictement les règles et de faire preuve de la responsabilité et la civilité nécessaires pour le bien de tous : se laver les mains régulièrement, garder la distance, ne pas se retrouver nez à nez et acheter ce qu’ils touchent. Et témoigner du respect nécessaire à nos employés, qui font de leur mieux pour assurer l’approvisionnement alimentaire quotidien ».

Colruyt Group dit encore avoir eu des « entretiens très constructifs avec les syndicats » ces dernières semaines. Un régime d’indemnisation a été élaboré et sera encore affiné.

Une position hypocrite pour Hatim. « Ma sœur n’a reçu aucun soutien personnel de Colruyt. Vous devriez vous attendre à plus de respect de la part d’une entreprise où son mari travaille depuis 11 ans. »

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