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L’armée se sépare de ses drones B-Hunter après près de vingt ans de service: son successeur est un possible tueur de djihadistes

La composante Air de l’armée fera à la fin du mois ses adieux au plus gros de ses drones actuels, le B-Hunter, un engin vieillissant mais dont la succession sera assurée par plusieurs types d’appareils, allant de « micro-UAS » au « Male » (« Medium Altitude Long Endurance ») capable de tenir l’air durant une quarantaine d’heures.

Les B-Hunter sont de petits avions sans pilote à bord – des UAV (« Unmanned Aerial Vehicle » en jargon militaire) – de conception israélienne achetés en décembre 1998, à raison de trois systèmes de reconnaissance, comptant chacun six appareils, pour un montant d’environ 2,5 milliards de francs de l’époque.

Si aucun pilote ne se trouve à bord, chaque vol nécessite toutefois, outre le personnel au sol, trois personnes installées dans une station de contrôle mobile : un officier, qui fait fonction de « mission commander » et deux sous-officiers : le pilote et le « real time observer », qui manipule les caméras embarquées et analyse les images prises jusqu’à 100 kms de distance.

Ils sont opérationnels depuis le 1er juillet 2004 mais n’ont jamais subi depuis leur entrée en service la moindre modernisation, a admis le commandant de l’unité qui les met en oeuvre, le 80e Squadron (escadrille) UAV, le major Frédéric Frezin, en recevant une équipe de journalistes de l’agence Belga sur la base aérienne de Florennes.

La Défense a annoncé fin juin leur retrait anticipé – au 1er septembre au lieu de début 2021, comme envisagé au départ dans la « vision stratégique » pour la Défense adoptée en 2016 par le gouvernement Michel 1er, qui définit les contours de l’armée belge à l’horizon 2030.

La composante Air, le seul utilisateur européen de ce type de drone, a invoqué la « faible disponibilité » du système, qui, de surcroît, « ne répond plus aux normes et aux exigences des théâtres opérationnels actuels » et dont l’équipement ISR (« Intelligence, Surveillance and Reconnaissance », les senseurs installés à bord), est devenu « obsolète », selon elle.

Et des problèmes techniques persistants ont fortement réduit le rythme des vols jusqu’en juillet.

Cette décision aura pour conséquence la « mise en veille » le 1er septembre de l’escadrille, qui compte quelque 80 personnes, sur un effectif théorique de 120 militaires. dans l’attente de la livraison des deux premiers – sur quatre au total – drones Male MQ-9B SkyGuardian de construction américaine, des appareils d’un tout autre calibre, avec une autonomie de quelque 40 heures, une envergure de 24 mètres et une masse maximale de 5,6 tonnes, à livrer à partir de 2023, toujours à Florennes.

Depuis leur arrivée en Belgique en 2002, les B-Hunter (8,9 mètres d’envergure et d’un poids maximal de 727 kilos) ont effectué quelque 6.600 heures de vol en 1.848 vols (un total arrêté au 10 août), selon le major Frezin.

Achetés au départ pour équiper la 80e batterie la Force terrestre, ces engins construits par la société israélienne IAI (Israel Aircraft Industries), en collaboration avec plusieurs firmes belges, dont la Sonaca, sont passés à la composante Air en juin 2004 lorsqu’elle a absorbé toutes les unités volantes des autres composantes de l’armée.

L’unité a quitté Elsenborn, dans l’extrême est de la Belgique, pour s’installer à Florennes en octobre 2010.

Les B-Hunter ont été engagés dans quelques missions à l’étranger, notamment l’opération européenne EUFOR en 2006 lors des élections en République démocratique du Congo (RDC) – deux des dix-huit appareils acquis avaient été perdus – ainsi qu’en Bosnie-Herzégovine.

En Belgique, ils servent notamment à détecter la pollution marine en mer du Nord et à aider les gardes forestiers dans leurs tâches. Ils ont aussi été utilisés en 2016 pour surveiller durant plusieurs semaines le port d’Anvers, en collaboration avec la police maritime, pour prévenir des actes terroristes, ou lors du naufrage du cargo néerlandais Flinterstar après une collision, le 3 octobre 2015 au large de Zeebrugge.

Le SkyGuardian, successeur du B-Hunter, un possible tueur de djihadistes

Le drone MQ-9B SkyGuardian, qui remplacera à partir de 2023 les actuels B-Hunter au sein de la 80e escadrille de la composante aérienne, est un engin qualifié de Male (« Medium Altitude Long Endurance ») capable de tenir l’air durant une quarantaine d’heures et susceptible d’être armé de bombes et de missiles.

La Belgique compte en acquérir deux systèmes, soit quatre appareils et deux stations de contrôle au sol aux Etats-Unis via la procédure FMS (« Foreign Military Sales », couramment pratiquée par Washington pour ses ventes d’armes d’Etat à Etat). Le Pentagone a signifié la semaine dernière la commande de ces drones et d’équipements associés à leur constructeur, la société américaine General Atomics Aeronautical Systems Inc. (GA-ASI), un contrat de près de 190 millions de dollars, soit environ 159,5 millions d’euros.

« Les travaux (de construction) de ces appareils sans pilote seront réalisés à Poway, l’un des sièges de cette entreprise en Californie et devraient être terminés le 31 mars 2024 », a précisé vendredi le département américain de la Défense dans un communiqué.

La Belgique a sélectionné en octobre 2018 le MQ-9B SkyGuardian comme futur drone Male. Deux systèmes, comprenant chacun deux appareils – potentiellement armés – doivent être commandés l’an prochain, pour un montant de 226 millions d’euros. Les livraisons sont attendues à partir de 2023 pour équiper la 80e escadrille – actuellement équipée de B-Hunter de conception israélienne vieillissants qui seront retirés du service le 1er septembre –, opérant depuis la base de Florennes, dans l’Entre-Sambre-et-Meuse.

Le SkyGuardian est le dernier membre de la prolyxe famille des MQ-9 née avec le Predator en service dans les armées américaine, britannique, française, italienne et prochainement espagnole, néerlandaise, australienne et belge.

D’une envergure de 24 mètres pour une longueur de 11,7 m, il est propulsé par un turbopropulseur Honeywell TPE331-10. Il est capable de réaliser des missions ISR (« Intelligence, Surveillance and Reconnaissance »), de détecter des objectifs éventuels (« Target acquisition ») et de désigner des cibles pour d’autres vecteurs armés (« Target designation ») en volant durant 40 heures à 40.000 pieds (plus de 13 kms d’altitude). Doté de neuf points d’emport, ce drone peut être armé de missiles et de bombes – une capacité largement utilisée par les Etats-Unis et la France dans leur guerre contre les groupes armés djihadistes en Afghanistan, au Moyen-Orient et en Afrique.

En Belgique, le fait d’armer les SkyGuardian pour aller au-delà de la mission ISR nécessitera à nouveau une « décision gouvernementale ».

L’appareil atterrit et décolle en mode automatisé grâce à des liaisons satellitaires redondantes, évitant ainsi les décollages et atterrissages « manuels », responsables de 90 % des accidents des « Remotely Piloted Aircraft Systems » (RPAS) actuels, selon le major Jean-Marc Ruaux, un spécialiste en la matière.

Le MQ-9B est aussi le premier RPAS conçu, construit et reconnu selon des normes de certification strictes équivalentes à celles des avions pilotés, afin de faire voler cet RPAS militaire dans un espace aérien civil « non ségrégué », en s’intégrant parmi les avions de ligne.

L’arrivée des nouveaux drones va contraindre le ministère de la Défense à construire un nouveau complexe d’infrastructures dédié à Florennes pour un budget estimé à 23 millions d’euros. Ce projet comprend principalement la construction d’un bâtiment dédié aux phases de préparation et de conduite des missions ainsi que d’un nouveau hangar de maintenance pour deux appareils et d’ateliers attenants pour l’entretien de certains composants.

L’ensemble sera entouré d’une enceinte de sécurité et est distinct du complexe destiné à abriter les futurs avions de combat F-35.

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