Dans les coulisses du Tour de France en radio
La Grande Boucle, Samuel Grulois nous la fait vivre sur les ondes de la RTBF. Ciné-Télé-Revue s’est glissé à ses côtés dans la cabine des commentateurs.

A un saut de puce de la ligne d’arrivée, plusieurs conteneurs en enfilade, un immense mur jaune et noir percé de quelques fenêtres, sur lequel ont été apposées les affiches du Tour de France, des cyclistes triomphants. C’est là que sont rassemblés les commentateurs du monde entier. L’étage supérieur pour les radios, l’étage inférieur pour les télés, auxquels on accède par un escalier à l’arrière.
Y pénétrer est comme entrer dans la tour de Babel, les langues du monde cohabitent, l’allemand côtoie l’italien ; l’espagnol résonne à côté de l’anglais, une cacophonie mêlée aux cris de la foule qui attend les coureurs et les klaxons des sponsors qui assurent les animations au fil de l’après-midi. Et à chaque poste, un journaliste concentré sur ses fiches, casque sur les oreilles, qui assure son direct avec le média pour lequel il travaille.
C’est ainsi que nous faisons connaissance avec Samuel Grulois, qui couvre son 14e Tour pour la RTBF. Il est l’heure pile, en direct sur Pure FM, prend son meilleur sourire pour le transmettre aux auditeurs, et lit son papier avec entrain. Puis, en un quart de seconde, switche sur VivaCité pour assurer son autre point sur l’étape du jour. La manipulation est devenue une habitude, mais il faut que ce soit tip top aussi à Reyers pour qu’il n’y ait aucun couac.
Ce n’est pas le seul moment où les auditeurs entendent sa voix. "Je veille à pas dépasser les 50 secondes à l’heure pile pour ne pas risquer de retards. Je fais des interventions aux heures 20 et 40, celles-là ne peuvent dépasser trois minutes, et elles se font avec le consultant Christophe Detilloux. Autant vous dire que j’ai constamment mon chrono avec moi. Tout ce qu’on diffuse est entre 2 à 3 minutes, c’est le temps d’un disque. On ne peut dépasser 5 mn en radio, sinon les gens décrochent", commence-t-il par nous expliquer ultradisponible.
Pas le même job qu'à la télé
"Par contre, l’arrivée, les dix dernières minutes, on les fait en intégrale. Je peux vous dire que parfois, je ne respire plus tellement je suis parti ! Je pense que l’auditeur doit ressentir cette excitation de la fin de course, ce suspense à travers ma voix. Si je ne donne pas l’émotion, l’auditeur ne peut pas l’avoir. Christian Prudhomme, le patron du Tour, qui a commencé sa carrière à la radio, me taquine toujours en disant que la radio, c’est le média du rêve. Je pense que c’est vrai. Une étape peu passionnante, il faut trouver des astuces pour la rendre plus vivante", assure Samuel.
Quand il n’est pas sur les ondes, il ne chôme pas. Devant lui, plusieurs écrans, des fardes, ses notes... "Je dois rester en prise tout le temps pour suivre la course et pouvoir la résumer dans un créneau horaire bien précis. Sur l’écran, il y a les classements, la composition de l’échappée, toutes des petites infos que l’organisateur nous donne comme la moyenne horaire, l’écart entre l’échappée et le peloton et des petites infos utiles qui nourrissent le commentaire radio. Par exemple, que le coureur Ciccone est apparenté à Madonna. Je prépare beaucoup à partir du road book de l’organisateur. Y sont notées toutes les étapes dans le détail, avec à la minute près le kilométrage, l’endroit où on est. Et puis voilà mes notes perso, ce qui me permet de pouvoir placer les bonnes infos au bon moment", décrit ce passionné de vélo depuis qu’il a suivi Pedro Delgado gagner son Tour en 1988. Samuel avait 10 ans, sa vocation de journaliste sportif est née là.
Mais commenter le Tour en radio et à la télé n’est pas le même exercice. "En télé, on peut se permettre de laisser des blancs. Pas en radio, parce que sinon les gens croient qu’on fait grève ou qu’il y a un problème technique. En télé, on peut se permettre de laisser vivre l’image, de parler sur un autre ton. Moi, je suis speedé tout le temps, parce que ce média s’y prête. C’est un média où il faut décrire, donner la position du coureur sur la route, sa taille, son poids, donner des couleurs, parler de la météo. Bref, je n’arrête pas de parler", précise-t-il avec un enthousiasme communicatif.
Un job épuisant, exigeant mais que Samuel Grulois comme tous les passionnés n'échangerait pour rien au monde.
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