Dans les coulisses du Tour de France avec Cyril Saugrain
Ciné-Télé-Revue s’est glissé dans le sillage des équipes de la RTBF qui couvrent la Grande Boucle. Rencontre avec l’ex-cycliste Cyril Saugrain, consultant pour la télé depuis 2013.

Il le dit d’emblée. Avec Rodrigo Beenkens, il a trouvé le complice parfait pour assurer son rôle de consultant. Même s’il achoppe encore sur les nonante et les septante - mais c’est bien là son seul défaut -, Cyril Saugrain prend du plaisir à être passé de l’autre côté de l’écran.
"Quand j’étais coureur, je ne me rendais pas compte de la grosse machine qu’est le Tour de France. J’ai plein d’émotions à suivre les étapes. Le Tour est une histoire à rebondissements qui dure 21 jours. Ce que je trouve plaisant dans le rôle de consultant, c’est d’être dans l’analyse avec un œil qui n’est pas celui qui est partie prenante. Donc, d’analyser les choix des équipes, les tentatives et les erreurs avec le recul et dans la position de la tranquillité que n’ont pas les directeurs techniques. J’essaie d’être 'titillant'", explique-t-il avec un enthousiasme dont il ne se départit jamais.
Cycliste pro de 1994 à 2003, il fut d’abord champion de France Espoirs, puis est passé par les équipes Big Mat 93, Cofidis et la Française des Jeux. En 1996, il gagnait une étape du Tour de France. Dans sa carrière pro, il a remporté neuf courses. Depuis qu’il a raccroché sa bicyclette, il travaille chez Décathlon, où il occupe un poste à responsabilité.
Comment êtes-vous passé du guidon au micro ?
Quand je suis arrivé dans le nord pour Décathlon, j’ai été sollicité pour couvrir les Quatre Jours de Dunkerque pour une télé locale. La personne qui gérait cela m’a dit que Rodrigo cherchait un consultant et elle m’a mis en relation avec lui.
Quel est le plus que doit apporter le consultant ?
Des informations pour rendre compréhensible ce que le coureur peut vivre sur le vélo. C’est pourquoi il faut avoir une expérience de cycliste, pour pouvoir expliquer les tactiques de course notamment. Par exemple, pourquoi à tel moment, il faudrait être mieux placé ou pourquoi c’est une course usante alors qu’on a l’impression que cela ne roule pas.
Comment vous répartissez-vous les commentaires avec Rodrigo ?
On fonctionne en binôme parfait. Le consultant doit avoir un rôle complémentaire à celui de journaliste, qui, lui, doit évoquer des sujets à débattre, présenter les coureurs, lancer le profil de la course et différentes thématiques. Le consultant vient apporter une patte technique à tout cela. J’ai coutume de dire qu’un bon consultant n’est bon dans son rôle que quand il est associé à un bon journaliste.
La préparation du Tour avec Rodrigo, ça donne quoi ?
Rodrigo a une grosse capacité de travail en anticipation, il arrive sur le Tour en ayant déjà regroupé les infos par équipes, recensé les thèmes qu’il a envie d’aborder. Moi, j’ai un travail plus proche du coureur cycliste qui fait le Tour. J’analyse le parcours du Tour dans sa généralité, pour pointer quel type d’étape conviendra à tel profil, là où il y a un danger pour le classement général, ou une échappée qui peut aboutir. Je l’aborde comme le coureur que j’étais et comment un leader pourrait l’aborder. Puis, sur le Tour, au jour le jour, on met sur pied des débats en lien avec l’actu de la veille ou du Tour, et puis les sujets techniques. Je suggère à Rodrigo par exemple un zoom sur l’analyse du sprint, et il construit les questions pour évoquer le sujet.
On imagine que sur le Tour, vous discutez avec les consultants des autres chaînes, non ?
Oui, on se croise forcément. Ce sont des anciens collègues, que j’ai côtoyés pendant une dizaine d’années. Pour certains, on était dans les mêmes équipes. Cyrille Guimard a été mon directeur sportif. Avec Jacky Durand, on a fait notre carrière dans les mêmes années.
Un mot sur Marion Rousse, la révélation média de ce Tour ?
Elle a acquis toute sa légitimité par ses prises de parole, ses analyses et sa bonne vision. C’est une fille - très jolie, ce qui ne gâche rien - qui a grandi dans le milieu du vélo, elle a été championne de France, elle est mariée à un cycliste. La première chose qu’on doit voir chez Marion, c’est sa qualité d’analyse des sujets.
Vous qui voyez de l’intérieur l’évolution du Tour de France, est-on sorti de la tache noire du dopage ?
Il ne faut pas se voiler la face, il y aura toujours des gens qui auront envie de tricher, c’est dans la nature humaine. Les instances doivent rester vigilantes pour être en capacité de réagir le plus rapidement possible. Cette éventualité, il ne faut pas l’occulter parce que c’est quand on dit qu’il n’y a pas de souci qu’on devient friable sur le sujet parce qu’on n’y prête pas attention. Mais on ne peut pas tout maîtriser tout. Cela dit, le dopage reste un danger pour tous les sports. Des affaires, il y en a eu dans d’autres disciplines sauf qu’on n’en a pas fait un pataquès. Le cyclisme est celle sur laquelle on vient taper le plus vite parce que c’est tout de suite mis en avant. Le Tour a une visibilité et un engouement populaire incroyables, il est l’événement le plus médiatisé après le Mondial du foot et les JO, sauf que ces deux événements ont lieu tous les quatre ans.
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