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Dans les coulisses du Tour de France avec Rodrigo Beenkens

Ciné-Télé-Revue s’est glissé dans le sillage des équipes de la RTBF qui couvrent la Grande Boucle. Rencontre avec celui qui nous fait vivre l’événement avec un infatigable enthousiasme.

Il n’a pas son pareil pour colorer les commentaires des matchs de la Coupe du monde. Ses métaphores diablesques font florès, mais il faut le voir à l’oeuvre pendant le Tour de France pour se rendre compte du grand professionnalisme et de la méticulosité de Rodrigo Beenkens. Depuis que l’intégralité des étapes est retransmise en direct, c’est un marathon d’antenne qu’il accomplit chaque jour, sans que sa voix faiblisse un instant, sans s’essouffler. Voilà trente ans qu’il a réalisé son rêve de gosse. Il a commenté son premier Tour en 1990, et entre les "absences" pour cause d’autres compétitions sportives, celui-ci est son 25e.  

Devant lui, dans la cabine du studio mobile de la RTBF, est déposé tout un tas de feuilles. Toute sa préparation est là. Rodrigo Beenkens, en plus d’être un puits de science incollable sur le cyclisme, est un perfectionniste rigoureux qui ne laisse rien au hasard. Le Tour, il le prépare des mois en amont.  

"Là, dans cette boîte, j’ai des fiches, une sur chacun des 176 coureurs qui se sont élancés,. Au recto, leurs résultats ; au verso, des anecdotes. Cela me permet de faire des points de comparaison, de réagir quand quelque chose se passe pour remettre les choses en perspective, avoir des points de comparaison. Je pars du principe que les téléspectateurs m’écoutent depuis le premier jour. Pour eux,  je me dois de me renouveler, de ne pas me répéter", décrit-il.

40 % des images proposées sont des paysages

Et de poursuivre : "Ce que vous voyez ici est que j’appelle mon Ancien et Nouveau Testaments. Le réalisateur de France Télévisions fournit aux médias un book avec les infos touristiques du parcours. Nous devons coller à l’image, et il faut savoir qu’aujourd’hui, 40 % des images proposées sont des paysages et donc 60 % nous montrent les coureurs. Cela a des implications sur notre manière de travailler. J’ai donc ici l’essentiel de ce que je peux donner aux téléspectateurs comme infos sur les monuments, les paysages, les fleuves, la gastronomie, les personnages. A côté de ce volet culturel, j’ai  tout ce qui concerne le côté sportif. C’est ma Bible. Evidemment, l’essentiel, je l’ai emmagasiné dans ma mémoire et 80 % des informations ne seront peut-être pas utilisées, mais ce travail d’archives est toujours payant."

Avant de nous donner une anecdote : "Dans les premières années où je commentais, début des années 90, une étape dans les Alpes, avec arrivée à Saint-Gervais, je m’étais préparé toute la nuit pour être prêt à tenir, mais ce jour-là, il  y avait tellement de brouillard que les hélicoptères ne pouvaient pas décoller. Je me rappelle avoir commenté le dernier kilomètre dans le brouillard..."

Le travail d’un commentateur commence bien avant de prendre l’antenne. Dans la voiture qui le mène à l’étape. Rodrigo met au point les thématiques à aborder avec son consultant, Cyril Saugrain, et se plonge dans les journaux. "La matinée, je structure mes idées, je fais le tri entre ce qui est essentiel à dire ce jour-là, j’essaie de voir les thèmes des discussions qu’on pourrait aborder. Et puis, je me consacre à une revue de presse étrangère. Je lis la presse régionale française et internationale. Je peux lire six langues. C’est important pour moi de trouver des axes différents de la presse belge pour que le téléspectateur n’entende pas quelque chose qu’il aurait pu lire dans le journal. La difficulté dans le commentaire de sortir des infos au bon moment, de ne pas être à contre-courant, d’essayer de faire un lien avec l’actualité. En plus de la préparation, il faut un bon consultant qui a du bagout", détaille Rodrigo.

En trente ans, il a vu le Tour évoluer, et sa façon de travailler évidemment. "Auparavant, on commentait les deux dernières heures. On allait le matin à la rencontre des coureurs, des directeurs sportifs. Maintenant, on ne les voit plus jamais, on vit avec 24 h d’avance, on doit déjà être sur la ligne d’arrivée pour faire les essais techniques alors qu’ils sont encore dans leur chambre et on rend l’antenne 10 mn après le podium", compare-t-il entre les époques.

Ce que les téléspectateurs ignorent est que les coureurs sont à peine remontés dans les cars de leurs équipes respectives que pour les médias commence une autre course. Pour quitter l’étape du jour, l’organisateur fixe un itinéraire bis imposé. Techniciens, journalistes, cameramen, etc doivent s’y engouffrer à la queue-leu-leu. Dans les montagnes, pour descendre les cols, c’est une transhumance qui peut prendre des heures.  Rodrigo Beenkens et Cyril Saugrain se précipitent donc pour perdre le moins de temps sur la route et commencer la préparation du lendemain au repas du soir. Un rythme d’enfer pendant 21 jours, palpitant et que leur passion du vélo rend agréable.

Et pour terminer, une petite vidéo.

La passion du vélo pour Rodrigo, c'est

 

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