Les grands gagnants du budget 2022: la victoire de la stratégie... du Premier ministre


1. Une prouesse.
Autant le savoir, la Vivaldi ne sera jamais une symphonie tranquille. Il faut s’habituer à vivre avec une majorité à sept partis conflictuelle, avec des antagonismes très forts, notamment entre le MR et le PS. Dans ce contexte, parvenir à concrétiser un accord aussi novateur n’est pas une sinécure, car il comporte des avancées résolument inédites et qui cassent parfois des tabous.
Premier exemple, le travail de nuit dans l’e-commerce. En réalité, notre pays accuse un lourd retard dans ce secteur en plein développement, notamment sur notre voisin néerlandais. Ce n’est pas pour rien si BPost, entreprise autonome publique, a installé une partie de ses activités aux Pays-Bas. Ou que des grands acteurs de ce secteur évitent régulièrement de s’implanter dans notre pays, pourtant à la pointe en matière de logistique. Pas simple pour les socialistes d’accepter ce qui n’apparaît pas forcément comme une avancée en matière de bien-être au travail ou de conciliation vie privée-vie professionnelle. Autre exemple, les sanctions (même légères) prévues pour les malades de longue durée (aussi pour les employeurs, il est vrai) qui abuseraient quelque peu du système.
2. Les hésitations du PS
Le petit coup de frein du PS, qui a eu besoin de quelques heures de réflexion supplémentaires pour valider l’accord, peut s’expliquer par plusieurs éléments. Tout d’abord, il n’est pas impossible que le président socialiste, Paul Magnette, ait dû clarifier quelques points avec son vice-Premier, Pierre-Yves Dermagne. Le premier parti de la majorité ne sort pas perdant, mais après avoir multiplié les sorties médiatiques au cours des dernières semaines, le PS ne pouvait pas se permettre de sortir les mains vides. Sur la facture énergétique, par exemple, l’idée PS du chèque à 100 euros pour tous a été recalée… mais les socialistes se réjouiront quand même de voir que leur idée profitera aux plus vulnérables, ce qui est quand même leur cible prioritaire. Victoire aussi pour Thomas Dermine qui ne doit pas être mécontent de voir le milliard de plus pour les investissements. Par contre, le PS a eu beaucoup de mal avec les projets de réforme du marché de l’emploi, notamment sur le travail de nuit et l’annualisation du temps de travail. Enfin, plusieurs observateurs ont noté des points de vue différents entre le PS et les socialistes flamands qui ont semblé, sur plus d’un dossier, plus proches de la sévérité du MR que de la position du PS.
3. Satisfaction libérale.
À première vue, il semble que le MR ait plus de raisons de se réjouir de l’accord que le PS (accord sur le travail de nuit, sanctions contre les malades de longue durée…). Même si les libéraux ont dû aussi subir quelques refus : les avantages fiscaux des footballeurs auxquels il ne voulait pas toucher rapporteront 43 millions de plus au budget de l’État. Mais même si certains lui ont reproché sa méthode un peu brouillonne (un nombre d’arbitrages anormalement élevé) ce budget est une victoire du Premier ministre. Son idée de trophées pour tous dans l’équilibre des dossiers semble avoir fonctionné. Même si, de l’avis de plusieurs observateurs, le plus dur reste à venir : l’application concrète des mesures ne sera pas aisée. « Tout le monde n’a pas compris la même chose et de nombreux points n’ont pas encore été notifiés par écrit… »
Commentaires
Vous souhaitez interagir sur cet article ?
Se connecterConnectez-vous et publiez votre commentaire.
Pas encore de compte ? Je crée mon compte
0 Commentaire
Souhaitez-vous recevoir davantage d'informations ou bénéficier d'une assistance technique ? Consultez nos explications ici