Un Lignard, ancien Chasseur Ardennais, intègre l’US Army!


Pourriez-vous retracer votre parcours scolaire et militaire en quelques mots ?
De 2003 à 2009, j’ai été élève à l’École Royale Militaire de Bruxelles, où j’ai obtenu un master en sciences sociales et militaires, et à l’école d’infanterie d’Arlon pour devenir un officier au bataillon de Chasseurs Ardennais. Ensuite, de 2009 à 2019, j’ai occupé diverses fonctions au sein des Chasseurs Ardennais : chef de peloton, instructeur, commandant de compagnie, tant à Marche-en-Famenne qu’à Arlon. J’ai ensuite suivi des cours pour devenir officier supérieur à Bruxelles. De 2019 à 2021, j’ai passé deux années comme officier en charge des opérations et de l’entraînement au sein du 12e/13e de Ligne à Spa, chez les Lignards. Durant ces périodes, j’ai connu deux déploiements en Afghanistan, un déploiement au Mali et divers déploiements en Belgique tant avec les Chasseurs Ardennais qu’avec les Lignards. Puis les États-Unis : aujourd’hui, je suis un des adjoints à l’officier en charge des opérations et de l’entraînement au sein de la 3rd Infantry Division à Fort-Stewart, en Géorgie, chez les Dogface soldiers.
Pourquoi avoir fait le choix de partir travailler aux USA ?
À l’issue de mes deux années comme officier en charge des opérations et de l’entraînement au 12e /13e de Ligne de Spa, je voulais rester dans le monde des opérations tout en élargissant ma vue d’ensemble et voir comment travaillent d’autres armées. J’ai donc postulé pour occuper un poste en milieu international et représenter notre Défense à l’étranger. Je travaille actuellement au sein de l’état-major de la 3rd Infantry Division. Cette division est une légende vivante car elle a notamment participé à la bataille de la Marne durant la Première Guerre Mondiale, à la bataille de Colmar durant la Deuxième Guerre Mondiale et plus récemment à la bataille de Bagdad en 2003, notamment avec le célèbre raid « Thunder Run ».
Et quel est votre rôle ?
Mon rôle est d’assister l’officier en charge des opérations et de l’entraînement dans son travail au quotidien : organisation et participation aux exercices et manœuvres avec la division, planification des activités, gestion de la crise Covid dans la garnison, etc.
Comment votre famille s’est-elle adaptée à ce changement de pays ?
Ma famille s’est très bien adaptée et après six mois sur place, mes enfants sont bilingues en anglais. C’est un très beau cadeau pour leur avenir. Nous ne planifions pas de revenir en Belgique durant la période de ma fonction car nous voulons découvrir les USA pendant notre temps libre. Nous apprécions beaucoup de découvrir les États-Unis de l’intérieur et pas uniquement comme ils sont représentés dans les films et les reportages. Nous découvrons une autre culture, d’autres personnes et d’autres façons de penser. À l’issue de ma fonction ici, je rentrerai en Belgique pour occuper une fonction déjà déterminée au SHAPE, à proximité de Mons.
Vous avez été promu par l’armée américaine. Pourriez-vous nous expliquer les circonstances de cette promotion ?
Attention, je n’ai pas vraiment été promu par l’Armée américaine. J’ai été promu en suivant la procédure normale pour obtenir ce grade en Belgique, et c’est la cérémonie de promotion qui a été organisée au sein de la division US. Les Américains n’ont donc pas été impliqués dans le choix de me faire passer en grade.
Expliquez-nous…
Après avoir été capitaine-commandant durant les deux dernières années, je pouvais postuler pour obtenir le grade supérieur qui est major. Mes états de service ont donc été analysés par diverses personnes au sein de l’état-major à Bruxelles et j’ai été retenu, comme plusieurs de mes collègues belges, pour être promu dans ce grade. Pour me remettre ce grade, n’ayant pas de hiérarchie belge sur place ici à Fort-Stewart, j’ai demandé au 2e étranger travaillant au sein de la division s’il était d’accord. En effet, sur les 25.000 hommes que compte la division, il y a deux étrangers : le Général de Brigade français Jean-Pierre Fagué et moi-même. Il a directement accepté. Une cérémonie a donc été organisée pour qu’un major belge soit promu par un général français au sein d’une division américaine. Pour l’occasion, j’ai demandé qu’en plus des drapeaux belge et français, les drapeaux des Chasseurs Ardennais et du 12e/13e de Ligne flottent sur Fort-Stewart.
Le grade de major en Belgique est-il identique à celui de major aux États-Unis ou y a-t-il des nuances ?
Le grade de major belge se situe entre le grade de major américain et celui de lieutenant-colonel américain. Je suis l’équivalent d’un vieux major dans l’armée US.
Ce doit être pour vous une immense fierté !
Oui, pour deux raisons : avoir été retenu pour porter ce grade par la Défense belge au terme d’une sélection difficile et avoir eu une cérémonie organisée par la division américaine et impliquant un général français à cet honneur.
L’armée américaine jouit d’une réputation d’excellence à l’international. Est-ce un élément qui vous a décidé à collaborer avec celle-ci ?
L’armée américaine est l’armée la plus puissante au monde, pour un « petit Belge », c’est un honneur et c’est très enrichissant de travailler avec elle.
En quoi travailler au sein de l’armée américaine est-il différent de travailler au sein de l’armée belge ?
Juste un chiffre peut à lui seul exprimer la différence : ici sur la base et au sein de la division, il y a plus de 20.000 hommes alors que la Composante Terre belge en compte 8.000. Les moyens sont donc totalement différents et semblent parfois démesurés !
Vous venez de la région de Bastogne, une ville très particulière aux yeux des Américains. Est-ce quelque chose que vous avez ressenti ? Vous parle-t-on beaucoup de Bastogne ?
J’habite la commune de Marche-en-Famenne mais je dis toujours aux Américains que j’habite à proximité de Bastogne pour qu’ils situent plus facilement. Pour eux, venir de cette région est incroyable. En effet, la bataille des Ardennes est très célèbre et très étudiée par les militaires. Beaucoup de personnes avec qui je travaille viennent de la 101 Airborne (la division qui était encerclée à Bastogne durant l’hiver 1944, NDLR). Une des premières questions qu’ils me posent souvent est de savoir s’il fait vraiment froid dans les Ardennes belges durant l’hiver ! (sourire)
Avec l’armée US, participez-vous à des missions à l’étranger ?
Ce n’est pas prévu à l’heure actuelle mais je participe à tous les déploiements et exercices sur le territoire américain.
L’US Army a consacré un article au Major Deroanne, à lire ici.
Commentaires
Vous souhaitez interagir sur cet article ?
Se connecterConnectez-vous et publiez votre commentaire.
Pas encore de compte ? Je crée mon compte
0 Commentaire
Souhaitez-vous recevoir davantage d'informations ou bénéficier d'une assistance technique ? Consultez nos explications ici