Alessandra Sublet devient actrice dans un film sur le handicap: «J’ai fonctionné à l’instinct», «Mon côté sans filtre a aidé»

« J’ai fonctionné à l’instinct. En rencontrant Théo (son fils dans cette fiction), qui a été d’une justesse incroyable, j’ai su comment jouer cette maman. Je me devais d’être à sa hauteur. Il n’y a pas de pathos mais de la compassion. Nina est impuissante face à sa situation, et la seule chose qu’elle peut lui dire c’est : « bats-toi parce que cela va en valoir la peine » C’est pour moi une des répliques fortes de ce film » Voilà comment Alessandra Sublet résume l’approche de son rôle et de cette nouvelle carrière qui s’ouvre à elle. Car en tant que comédienne, elle est tout simplement bluffante de talent, authentique comme toujours, tantôt émouvante, tantôt drôle.

Dans « Handigang », réalisé par Stéphanie Pillonca, qui avait signé le très touchant « Apprendre à t’aimer » autour d’une enfant trisomique, elle campe la maman solo d’un ado qui veut prendre son indépendance. C’est d’autant plus difficile pour Sam qu’il est en fauteuil roulant. Au lycée, où il a pour copains des jeunes aussi « différents » que lui – qui est autiste, malentendant, porteur de la mucoviscidose… –, rien n’est aménagé pour leur faciliter leur intégration. Aux obstacles, ils vont opposer leur opiniâtreté ! Et ça va déménager. Porté par Théo Curin, nageur paralympique qui à l’âge de 6 ans a été amputé des quatre membres à la suite d’une méningite, « Handigang » bouscule nos préjugés, nous insuffle une belle énergie et donne la banane. À l’image d’Alessandra de passage chez RTL-TVI pour présenter cette fiction.

Avez-vous pensé à un moment : et si cela arrivait à un de mes enfants ?

J’ai discuté avec la maman de Théo. Mon fils a 7 ans. Donc, forcément, je me suis projetée et cela me fout la chair de poule. Je me dis que j’ai beaucoup de chance que mes enfants soient en bonne santé. Je les ai emmenés sur le tournage. Passé le premier moment de réticence, très vite, ils ont même sympathisé avec Théo et cette bande de comédiens. Je ne suis pas du genre à me prendre la tête ni à penser au pire.

Comment s’est passé le tournage ?

Mon côté sans filtre a aidé et puis, ces jeunes étaient d’un naturel désarmant. Bien sûr qu’au début, je me suis dit qu’il fallait que j’évite les gaffes, les phrases malheureuses. Mais au bout de 24 heures, cela a été balayé, parce que je les ai vus comme des personnes normales et très vite, on se vannait. Face à une personne handicapée, il y a toujours un moment de malaise au début. Et ce malaise, il est du côté des personnes valides. Mais cette différence se gomme très vite. Dans ma vie d’animatrice ou de journaliste, j’ai rencontré beaucoup de personnes handicapées, cela a facilité les choses aussi.

Ce film a-t-il changé votre regard sur cette thématique ?

Théo m’a dit et les autres aussi : vous nous voyez comme des handicapés mais nous on ne se voit pas comme ça. Ils avancent dans la vie. C’est le non-droit à l’accessibilité qui les rend handicapés. J’ai compris cela avec eux. Mais « Handigang » parle aussi de l’adolescence et de la difficulté d’accompagner son enfant, quel qu’il soit, dans cette période difficile. Et avouez, quand est parent d’un ado, on se sent un peu handicapé, on ne fera jamais ce qu’il faut, mais on fera ce qu’on pense être bien. Et c’est déjà énorme.

On parle beaucoup d’inclusion, mais à la télé, on ne voit pas encore tellement cette diversité arriver. Qu’en pensez-vous ?

Il faut que les gens soient compétents pour avoir des postes, et pas uniquement parce qu’on est handicapé ou une femme ou issu d’une minorité. Je suis évidemment pour l’inclusion et la diversité mais à condition qu’on ait le talent. Il n’y a rien de pire que d’embaucher quelqu’un juste parce qu’il est handicapé ou noir ou que sais-je sans avoir la compétence. Cette hypocrisie-là, je ne la défends pas.

« Handigang », 20h30, RTL-TVI.