Marc Depireux, de Gembloux, est le dernier des couteliers


L’histoire remonte au milieu du 18eme siècle. À l’époque de nombreux ouvriers gembloutois allaient travailler dans des coutelleries à Namur. Celles-ci, bénéficiant de taxes moins élevées, décidèrent de délocaliser leur production et de s’installer là où se trouvait la main-d’œuvre : à Gembloux ! En 1806 on y dénombre une trentaine de coutelleries. À la fin du siècle, elles seront plus de cent. On a compté jusqu’à plus de mille personnes employées dans cet artisanat qui ne se limitait pas à ce qu’on appelle les « couteaux de cuisine » mais débordait largement vers la chirurgie. Pour évoquer un bon couteau, on disait tout simplement « un Gembloux » ! Et il tenait la dragée haute aux couteaux mondialement célèbres de Thiers ou Solingen.
Aujourd’hui, « Sibel », lointaine descendante de la Manufacture belge de Gembloux, est spécialisée dans les instruments chirurgicaux, tandis qu’« Eternum » englobe toute la gamme des couverts et réalise près de 80 % de son chiffre à l’exportation. Rayon artisanat, plus rien. Ou presque, si l’on excepte la Maison Depireux, installée dans le haut de la Grand Rue. Marc Depireux y poursuit la tradition familiale et représente la quatrième génération de Depireux dans la coutellerie depuis 1919. Son activité, nécessité économique oblige, s’est évidemment diversifiée. C’est ainsi que Marc, aux affaires depuis 1986, aiguise, répare, entretient les couteaux des autres. Il joue aussi du bistouri, a créé des canifs (dont une série numérotée de 1 à 100 pour le centenaire de l’entreprise familiale), et la tonte des animaux représente une partie non négligeable du travail. Il est vrai qu’un bon couteau a son prix (330€ par exemple pour un étui de six couteaux artisanaux) que les particuliers ou les restaurateurs ne sont peut-être plus disposés à investir. Le confinement a cependant relancé les ventes auprès de clients individuels qui voulaient se faire plaisir pendant cette période de privation. Et fort heureusement la Coutellerie Depireux peut encore compter sur quelques belles maisons de bouche qui soignent les détails. On peut citer, entre autres, les étoilés « Le Coq aux champs », « L’Air du temps », « La Ligne rouge » ou « Ma langue sourit » (deux étoiles au Grand-Duché) qui font appel à son art. Art, artisanat, comment dire puisque de toute façon -et Marc Depireux le déplore vivement- ce métier n’a pas de statut, à peine une reconnaissance. Un couteau qui coupe, c’est d’abord une lame (l’acier est français), mais ce qui lui donne sa personnalité, outre le design, c’est le bois du manche. Du bois précieux (inexistant en Belgique) dont on a répertorié 83 essences à travers le monde (une quinzaine seulement en Europe). Évidemment, ça a une autre allure que l’inox (et même que l’argent). Et n’oubliez pas : à table, le couteau se place toujours à droite de l’assiette et la lame tournée vers elle !
La maison du Bailli, Parc d’Epinal, à Gembloux, musée de la coutellerie et de la vie locale. Ouvert le premier samedi du mois de 14 à 17h (gratuit) ou sur rv 081/61.33.01 Coutellerie Léon Depireux, 52 Grand-Rue, 5030-Gembloux. 081/61.34.73. Fermé le lundi. Journées de la Coutellerie à Gembloux les 12 et 13 novembre
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