Tour d’Espagne: le jour de gloire de Remco Evenepoel


De son propre aveu, cette 20e étape du Tour d’Espagne devait constituer le jour le plus important de sa jeune carrière : Remco Evenepoel devait s’y assurer le maillot rouge, symbole de victoire finale du Tour d’Espagne, ce dimanche à Madrid. Une journée cruciale pour lui, pour ses supporters, pour le cyclisme et même pour ceux qui l’ont critiqué par le passé. Un morceau d’histoire pour le sport belge qui attendait depuis 44 ans un successeur à Johan De Muynck, dernier lauréat d’un grand tour, à savoir le Giro 1978.
Entre Moralzarzal et le Puerto de Navacerrada, le chef de file de la formation Quick-Step Alpha Vinyl n’a pas tremblé, maîtrisant parfaitement la situation, serein et autoritaire, dans la lignée d’une partition exempte de tout reproche depuis le départ aux Pays-Bas voici trois semaines. La victoire finale, un objectif auquel il rêvait sans aucun doute mais qu’il n’osait forcément pas annoncer, parlant plus humblement de victoire d’étape et d’un rang au sein du top 10, sachant qu’un seul mauvais jour pouvait tout anéantir.
En franchissant la ligne ce samedi, le gamin de Schepdaal a fondu en larmes, de joie et de fierté certes, de soulagement plus encore. « Mon corps et ma tête doivent encore réaliser, c’est incroyable », avouait-il. « Après les mauvais moments des dernières années et les critiques, j’ai répondu avec les pédales. J’ai démontré que j’arrivais bien préparé au départ, pour l’emporter… Je suis fier d’être le premier coureur à gagner un Tour pour Patrick Lefevere en tant que CEO de l’équipe. C’est aussi pour la Belgique, mes équipiers, mes parents, ma copine… »
De près ou de loin, ce succès, ce triomphe sera effectivement partagé et célébré par tous. À 22 ans, Remco Evenepoel, le surdoué, a démontré qu’il appartenait au cercle des très grands champions. Personne au sein du peloton n’affirmera le contraire, ses adversaires ayant clairement affiché ces derniers jours qu’ils ne savaient pas, ne pouvaient pas contester la suprématie de notre compatriote.
« J’étais très stressé ce matin, même si je ne le montrais pas. Je n’ai pas trop dormi cette nuit en songeant à ce qui m’attendait, une étape compliquée… Jamais je n’ai pensé à la victoire du jour, uniquement au classement final. Je devais suivre et contrôler. Ce fut dur sur la fin. »
En patron d’une sélection Quick-Step qui a su se sublimer pour l’aider et l’entourer, Evenepoel a donc démontré une palette de qualités de plus en plus large, plus fort dans les ascensions, mentalement serein et maître de son tempérament, même dans les rares moments où il a concédé des secondes durant cette épopée ibérique. Ce samedi 10 septembre représentait le jour le plus important de sa vie, il s’est mué en plus beau jour de sa vie. En en attendant d’autres…
« Remporter un monument avec Liège-Bastogne-Liège, une classique avec San Sebastian, deux étapes et le classement général de ce Tour d’Espagne, avant de me marier en hiver : c’est à coup sûr une année dont on ne peut que rêver. »
S’il pourra savourer ce dimanche, Remco Evenepoel n’aura par contre guère le temps de souffler. Avant d’envisager la suite de sa carrière, son nouveau statut, ses perspectives dans les classiques et les autres grands tours, il s’envolera pour l’Australie, théâtre des Championnats du Monde sur route. L’occasion de donner encore plus d’éclat à cette saison d’exception en y ajoutant l’arc-en-ciel…