«Détruisez-moi ce truc!», les avocats fustigent les boxes des accusés du 22 mars

Six des neuf accusés ont refusé de rester dans les boxes individuels de la cour d’assises de Bruxelles au Justitia à Haren, où se tient ce lundi matin l’audience préliminaire du procès des attentats du 22 mars 2016. Les avocats de la défense ont fustigé tour à tour l’installation qui nuit gravement à la présomption d’innocence de leur client. « J’ai beaucoup de mal à m’exprimer devant vous ce matin quand je vois mon client comparaître dans ce box. Je n’ai pas pour habitude de m’exprimer de cette manière mais j’ai eu les larmes aux yeux. J’ai un véritable dégoût pour ces boxes qui sont une honte pour notre état de droit ! Je suis passablement énervé vous l’entendez. Cette angoisse devrait être partagée par tous les acteurs de justice. Nous avons des valeurs communes dont la présomption d’innocence, qui est là pour contrebalancer les charges qui pèsent sur eux. Ce ne sont pas des bestiaux, ce sont des êtres humains ! Mais détruisez-moi ce truc ! Ne tolérez pas ça, vous avez le pouvoir de les démonter », débute l’avocat de Mohamed Abrini, Me Stanislas Eskenazi. [scald=53237731:sdl_editor_representation] « Il n’a pas fallu une heure pour que vous voyez ce que ce dispositif génère chez ces hommes. Vous avez vu la détresse de M. Sofiane Ayari, celle de M. Smaïl Farisi quand il est entré dans cette boîte… Ils ne tiendront pas neuf mois Madame la présidente », ajoute Me Virgine Taelman, l’avocate de Bilal El Makhoukhi en binôme avec Me Nicolas Cohen. « Tout le monde sait, certes, mais la présomption d’innocence garde encore tout son sens », soulève entre autres ce dernier. « La santé mentale » Me Taelman a estimé que ces boxes constituaient un traitement inhumain et dégradant pour les accusés et ne permettaient pas la sérénité des débats. « Lor du procès de la rue du Dries, le procès Nemmouche, le procès Dutroux, il n’y avait pas de box individuel. Pour l’attentat du musée juif, il n’y avait même pas de paroi ! Ils sont exposés comme des coupables, comme des êtres extrêmement dangereux. L’Ocam a délivré un code 3 uniquement pour ces accusés. On maintient un niveau de peur et de crainte qui nuit à leur présomption d’innocence », a-t-elle détaillé. [scald=53260213:sdl_editor_representation] La défense a également soulevé d’autres problèmes comme la confidentialité et la sécurité des échanges avec leur client, ce que ne permettrait pas le dispositif ainsi installé. Outre une petite fente creusée dans la paroi de ces boxes individuels, les avocats pourront communiquer avec des téléphones en circuit fermé avec leur client, a exposé Me Taelman. « Les écoutes existent, et dieu sait qu’il y en a eu dans ce dossier », a-t-elle rappelé. De même, il n’y a que deux parloirs pour neuf accusés, deux lieux dédiés aux entretiens confidentiels entre avocat et accusés durant les suspensions d’audience. La crainte est de devoir se presser pour laisser la place aux autres. Dans ce procès, rien n’est fait pour faciliter le travail des avocats et garantir le respect des droits de la défense, soulève l’avocate. « Que veut-on ? Des suspects qui se taisent ? Notre client est dans un régime de détention très stricte, il peut se balader dans une cage que la plupart ne voudraient même pas pour leur chien. La question de la santé mentale des accusés doit vraiment se poser madame la présidente », poursuit Delphine Paci, l’avocate de Salah Abdeslam avec Me Michel Bouchat. [scald=53237733:sdl_editor_representation] Le procès de Paris Tous les avocats qui se sont présentés à la barre ce lundi matin ont évoqué le procès qui s’est tenu à Paris pour les attentats du 13 novembre 2015 ces derniers mois, où plusieurs des accusés ici présents ont également comparu. Les accusés n’étaient pas placés dans des cellules individuelles et aucun incident n’a été relevé durant ces longs mois de procès.

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