EDITO - Poutine: l’ombre de la défaite russe

Plus de 200 jours après le début de l’invasion de l’Ukraine, est-on arrivé à un tournant de ce conflit ? Difficile de faire des prévisions militaires précises, car on se trouve en pleine guerre des nerfs entre les deux pays. Un peu d’intox pour faire douter l’adversaire et de la stratégie cachée pour mieux le surprendre. Et nul ne sait si les victoires et les progressions enregistrées par l’armée ukrainienne ces derniers jours sont suffisamment importantes pour faire plier Poutine.

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Ne vendons pas la peau de l’ours russe avant d’avoir vu l’Ukraine récupérer tout son territoire et ses frontières d’avant le 20 février dernier. Si les dernières informations sur le terrain de la guerre ont de quoi préoccuper Poutine et ses conseillers les plus belliqueux, la menace la plus insidieuse pour le maître du Kremlin vient sans doute de son propre camp. Depuis quelques jours, les doutes, les critiques et les remises en question commencent à fuser au sein de l’opinion publique russe : la télé publique s’autorise des propos non validés par le dictateur, les leaders politiques de premier plan n’hésitent plus à critiquer ouvertement la politique de Poutine et les risques que l’invasion de l’Ukraine et les sanctions internationales font courir au pays et à sa population. Pour la première fois depuis le début du conflit, c’est l’armée ukrainienne qui est au poste de pilotage de la guerre et la peur semble avoir changé de camp. On a toujours pensé qu’une déroute totale de l’armée russe ne suffirait peut-être pas à mettre fin au conflit, et qu’il faudrait attendre une colère structurée de l’opinion publique russe pour arrêter Poutine. Aujourd’hui, même si on est encore loin de la fin du conflit, ces deux facteurs commencent à prendre forme, comme l’espoir de l’Ukraine et de la communauté internationale…