Qatar 2022: pas d’écran géant en province de Luxembourg, mais un grand bal...



« Chi va piano, va sano » paraît-il… Mais on ne m’ôtera pas de l’idée que les 4.300 jours, qui séparent la fronde anti-Coupe du monde à la désignation du Qatar pour l’organisation de celle-ci, me paraissent étonnamment longs… On ne m’enlèvera pas de la tête non plus qu’en décembre 2010, ce pays du Moyen-Orient n’était connu ni pour son sens aigu de l’écologie ni pour son respect des droits du travail.
Lors de l’annonce du choix du pays hôte, il y a bien eu quelques voix qui se sont levées, mais qui avaient la force d’un murmure. Celui-ci s’est parfois amplifié au fil des années notamment lorsque différentes associations annonçaient le nombre de morts pour la construction de ces stades, mais le « bruit » n’était jamais suffisamment fort pour faire vaciller cette idée de Coupe du monde en plein désert. Pas un grain de sable pour faire dérailler la machine « Qatar 2022 ».
Un geste uniquement symbolique
À quelques semaines du début de l’événement, et après que 6.500 travailleurs exploités ont perdu la vie, beaucoup se réveillent, s’insurgent et exigent le boycott. À l’instar de ce qui s’est passé au début de la crise « Covid-19 », où la responsabilité d’annuler des événements de masse pour endiguer la propagation du virus était tombée sur le dos des bourgmestres (le carnaval d’Arlon en avait fait les frais), l’exemple vient du terrain et nos communes ont décidé de ne pas soutenir ces manifestations.
Les mauvaises langues disent que ça permet aussi (et surtout) de soulager les finances locales puisque, Coupe du monde en hiver oblige, il aurait fallu chauffer cette masse de gens. Les gens bienveillants louent ce geste de solidarité, mais qui se veut surtout symbolique. Tous peuvent, par contre, regretter que l’exemple ne soit pas venu d’en haut et que cette mobilisation n’ait pas commencé bien plus tôt.
On cherche des coupables
Et puis viennent les premiers tacles, ceux qui veulent regarder la Coupe du monde se voient brandir une carte rouge. Les arbitres sont toujours les mêmes. Ce sont déjà ceux qui reprochent aux gens de rouler trop en voiture pour aller au travail pendant qu’eux font l’apologie de la nature via de belles photos prises lors de leurs vacances annuelles au ski… On culpabilise à tout va et c’est toujours le citoyen « standard » qu’on pointe du doigt. Cette Coupe du monde 2022 est pourtant déjà une double peine pour l’amoureuse ou l’amoureux du ballon rond : un pays qui n’est pas financièrement abordable et qui n’a pas de culture foot. On pointe aussi les joueurs qui font le déplacement au Qatar. Ces héros deviennent des zéros. Ces jeunes gens ont pourtant rêvé de ce moment toute leur vie au prix d’énormes sacrifices. Ils auraient tous préféré réaliser leur rêve dans un pays comme l’Angleterre ou le Brésil, mais ce sont eux qui devraient maintenant payer la facture de ce mauvais choix.
Les responsables sont pourtant faciles à trouver, ce sont ceux qui avaient l’autorité, mais qui n’ont rien dit pendant près de 12 ans. C’est eux qui doivent être mis hors-jeu. Pour ceux qui veulent se changer les idées entre les factures de gaz, d’électricité et la réception de l’avertissement extrait de rôle, petit conseil : il n’y aura personne aux écrans géants, mais cela devrait être bondé au bal des hypocrites…