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«Don’t worry Darling», un mélodrame… surtout sur le tournage!

Le film sur lequel Olivia Wilde et Harry Styles sont tombés amoureux sort aujourd’hui, précédé par des tensions réelles entre les acteurs et les ragots du Net. Et se révèle un joli écrin faussement original.

Le voilà donc enfin en salle, le film à l’origine d’un mélodrame sur son tournage et victime de tous les ragots durant la Mostra de Venise. Avec « Don’t Worry Darling », sa réalisatrice, Olivia Wilde, qu’on avait découverte en 2007 dans la série « Dr House », voulait mettre en scène un brûlot féministe inspiré par l’ère Trump ainsi que nous plonger dans la psyché et les fantasmes féminins. Au bout du chemin, il reste surtout une jolie coquille qu’elle a eu bien du mal à remplir.

« Don’t worry Darling » raconte l’histoire d’un couple formé par Florence Pugh, l’une des valeurs montantes de Hollywood, et Harry Styles. Ils vivent à Victory, dans une espèce de communauté utopique, image idéalisée de l’American Way of Life des années 50. De ce village-projet propret en plein désert, aux villas interchangeables et aux belles carrosseries garées dans l’allée, les maris partent chaque matin pour aller travailler dans une mystérieuse usine où sont peut-être fabriquées des armes secrètes. En attendant leur retour, les épouses font blinquer leur home sweet home. Le soir et le week-end, c’est relâche. Fêtes, alcool, cigarette et sexe viennent pimenter la routine. Jusqu’au jour où Alice, l’héroïne jouée par Florence, perturbée par des visions angoissantes, commence tout doucement à se demander si ce pays des merveilles ne cache pas de sombres secrets…

Olivia Wilde avait fait monter la sauce avec une bande-annonce enfiévrée, montrant Harry Styles la tête entre les jambes de Florence Pugh en train de lui faire du bien, et en lançant que son film ne s’adressait pas aux hommes mais aux femmes. Un retour à l’envoyeur normal, elle-même ayant toujours été mal à l’aise avec les scènes de sexe hétéro au cinéma « parce que l’accent est mis de façon quasi systématique sur le plaisir des hommes. »

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Harry Styles et Florence Pugh au lit. Au final, «Don’t worry Darling» est plutôt sage. © Warner Bros.

La jeune femme de 38 ans, atterrée par l’élection de Trump, en 2016, a expliqué aussi à Variety avoir voulu trouver « la façon de raconter ce qui arrive quand une personne est prête à sacrifier, pour une bonne cause, un système qui la sert » tout en se servant d’elle. Elle a trouvé « Don’t worry Darling » sur la « Black list » de Hollywood, recensant les meilleurs scénarios qui n’ont pas trouvé de producteurs. Tout un symbole… « Victory symbolise le paradis tel qu’il est défini par les médias et le monde largement monogames et misogynes dans lequel nous avons grandi », explique Wilde. « Un univers qui ne sert pas du tout la femme, mais dont elle se retrouve complice. »

Un sujet qui avait tout pour enflammer la Mostra. Mais finalement, le film a surtout été rattrapé par les rumeurs de mésentente et les ragots d’Internet ! En fait, les problèmes ont commencé dès le début du tournage. D’abord parce que le rôle finalement joué par Harry Styles était dévolu au départ à Shia LaBeouf, mais rapidement des tensions sont apparues. Shia est connu pour ne pas être un acteur facile, et sa carrière a déjà eu à en souffrir. Il veut s’immerger complètement dans ses personnages. Sur le tournage du film de guerre « Fury », avec Brad Pitt, il avait décidé de ne pas se laver, comme les soldats coincés dans leur char. Tant pis si son odeur gênait ses partenaires. Ici, Olivia Wilde a assuré admirer son talent, mais a trouvé que « son processus créatif n’était pas propice à l’éthique que j’exige dans mes productions. Il semble avoir besoin d’une énergie combative, et je ne crois pas que cela soit propice aux meilleures performances. » Faisant aussi allusion aux mauvaises relations entre Shia et Florence Pugh, elle a justifié son éviction en disant : « Ma responsabilité envers la production et les acteurs est de les protéger. C’est mon travail. » Sauf que de son côté, l’acteur clame qu’il a quitté de lui-même le plateau, parce qu’Olivia Wilde n’aurait pas laissé les comédiens répéter assez longtemps pour être prêts. « Toi et moi savons ce qu’il s’est réellement passé  », lui a-t-il écrit. Ambiance.

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Olivia Wilde joue la meilleure amie de Florence Pugh. Un rôle de composition pour chacune? © Warner Bros.

Ce serait anecdotique si Harry Styles et Olivia Wilde, en commençant à travailler ensemble, n’étaient pas tombés amoureux l’un de l’autre. Harry Styles, s’il se révèle un acteur brillant depuis « Dunkirk », de Christopher Nolan, c’est surtout l’ancien chanteur des One Direction, qui mène aujourd’hui une carrière solo du feu de dieu. Sortir avec lui, c’est se placer juste dans l’œil du cyclone. Depuis qu’ils sont apparus ensemble, en janvier 2021, l’actrice est dans le collimateur des fans du chanteur. Tout lui a été reproché, et d’abord leurs dix ans d’écart – elle 38 et lui 28.

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L’équipe du film à la Mostra, Harry Styles, Olivia Wilde et Florence Pugh restant à distance. © Isopix

Et malheureusement, la promo se passe sur le même ton. Il y a eu le sale coup joué par l’acteur Jason Sudeikis, l’ex-mari d’Olivia, qui, en avril au ComicCon de Las Vegas, alors qu’elle était sur l’estrade, lui a fait remettre les papiers de demande de la garde de leurs deux enfants, laissant Olivia se décomposer devant le public. Et à la Mostra, chaque geste a été décortiqué. Harry insiste pour ne pas être pris en photo côte à côte avec Olivia sur le tapis rouge ? C’est la fin du couple. Il fait un mouvement bizarre de la tête en s’assayant à côté de Chris Pine, autre acteur du film ? Sûr, il lui a craché dessus ! Florence Pugh ne donne quasi pas d’interview et évite Olivia ? Ça confirme qu’elle a été contrariée par le mélodrame amoureux qui s’est joué durant le tournage – ce qui est sans doute vrai –, et est en colère d’avoir été payée quatre fois moins que Harry – et tant pis si, là, Olivia Wilde a répondu que c’était faux ! Tout ce qu’il faut pour brûler un film avant même de l’avoir vu, alors que, même s’il ressemble à un joli écrin vide avec une intrigue faussement originale étirée en longueur, sa mise en scène est pleine de classe et permet aux acteurs de briller. Son véritable problème, ce n’est pas qu’il soit beaucoup moins sulfureux qu’il ne le laissait entendre, mais qu’on ne peut le regarder sans penser à d’autres films impossibles à citer sans spoiler, et qui ont été bien plus marquants. Tout ça pour ça !

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