«Ils font encore grève aujourd’hui?»: des usagers du TEC-Charleroi surpris, mais compréhensifs


Entamée depuis ce 20 octobre, la grève des bus TEC de Charleroi se poursuit bel et bien, au moins jusqu’à ce mercredi. Malgré les annonces constantes sur le débrayage des chauffeurs appartenant aux dépôts Genson, Jumet et d’Anderlues, il semble que certains utilisateurs habituels découvrent cet état de fait encore aujourd’hui.
Ainsi, Gitta et Willy papotent dans un des abribus. « Moi, je reviens d’Ottignies, où j’ai passé le week-end chez des amis », confie le jeune homme. J’avoue, j’ignorais que les bus ne rouleraient pas aujourd’hui encore ! On était venu me conduire à la gare, vendredi, et les bus roulent partout ailleurs. En tout cas, à Ottignies, il n’y avait pas grève… Bon, je vais devoir appeler un ami pour venir me chercher ici », constate, philosophe, le jeune homme.
« Je n’ai plus de médicaments »
Sa voisine d’abribus, Gitta, la soixantaine, est plus embêtée : « J’habite le centre-ville de Charleroi, mais je dois absolument me rendre chez mon médecin, à Marchienne. Je suis diabétique et je souffre également de crampes d’estomac. J’arrive à court de médicaments, je ne sais pas comment je vais faire pour aller jusqu’à son cabinet ! Bien sûr, je comprends le mouvement d’humeur des chauffeurs… La crise est là, mais elle est là pour tout le monde, nous y compris ! Je trouve que dans ces circonstances, le Tec devra assurer des lignes de bus minimum, un bus par heure, ou toutes les deux heures, je ne sais pas, mais faire ne sorte que certains véhicules puissent transporter ceux qui en ont besoin ! »
« Je comprends… »
Willy, toujours présent, rebondit à ce sujet : « Moi aussi, je comprends la réaction des chauffeurs. Mais ce n’est pas à eux de prendre cette décision d’assurer un service minimum : je trouve que c’est à la direction de prendre des mesures pour assurer quelques lignes disponibles ! »
À un autre arrêt, on retrouve Eleni, qui vient d’arriver.
Elle non plus n’était pas au courant de la grève en cours ! « Comment vais-je faire ? », s’inquiète-t-elle, « je dois aller à Montigny-le-Tilleul, ça va me prendre deux heures de marche pour aller jusque-là ! » Son sauveur arrive toutefois, le bus 109, qui va jusqu’à Chimay.
Au volant, Jacques qui appartient à une société de transport qui travaille en sous-traitance avec le TEC-Charleroi.
« Notre dépôt, basé à Bourlers, ne fait pas grève, nous n’avons pas le même statut. Ce lundi, quand les chauffeurs ont bloqué les accès à Charleroi, j’ai dû faire descendre mes passagers à la station Cartier, ils ont dû aller à pied jusqu’à la gare. Oui, je comprends mes collègues… Le problème, c’est que ceux qui trinquent, ce sont les usagers, pas ceux qui pourront influer éventuellement sur la crise. À faire, ce serait monter à Bruxelles, dans le quartier européen, et bloquer tout le monde sur place… »
Rappelons que la grève durera encore ce mercredi inclus.
Les chauffeurs du TEC Charleroi, accompagnés de citoyens, ont bloqué le Q.G. de Tibi à Couillet durant trois heures ce mardi matin
Nouvelle « action citoyenne » des chauffeurs du TEC Charleroi. Tôt ce mardi, ils sont allés bloquer le site de Couillet de Tibi, l’intercommunale de gestion intégrée des déchets.


Toujours aucun bus ce mardi dans la région de Charleroi. Et, comme ils l’avaient annoncé, les chauffeurs du TEC étaient de sortie pour rallier à leur cause les services publics et la population dans leur combat contre la vie chère et l’augmentation des prix de l’énergie.
Ce mardi dès 5 heures du matin, une cinquantaine d’agents du TEC mais aussi de citoyens se sont donc présentés à la rue du Déversoir, à Couillet. Ils ont bloqué les accès de Tibi, empêchant ainsi les camions de collecte et le personnel de la Propreté publique de sortir. L’objectif recherché était d’obtenir le soutien des travailleurs de l’intercommunale.
Les agents de Tibi ont dit « non »
Les agents de Tibi ont dit comprendre les motifs de l’« action citoyenne » des manifestants. Pour permettre aux camions d’assurer leur service à la population, la direction de l’intercommunale avait proposé qu’une délégation d’une dizaine d’agents de Tibi accompagne les grévistes. Mais le personnel s’y est opposé préférant que « tout le monde ou personne » y participe(nt), afin de ne pas déforcer les équipes sur le terrain. Un vote a donc eu lieu au sein du personnel pour décider de la marche à suivre. Sur les 135 agents qui se sont prononcés, 75, soit plus de la moitié, ont finalement refusé de suivre les chauffeurs du TEC.
Au vu de ce résultat, les grévistes ont accepté de lever les piquets. Leurs « accompagnants » ont, pour leur part, été moins prompts à lever le camp. Durant un moment, ils ont maintenu le blocage, interdisant les véhicules de Tibi de sortir. La situation s’est crispée, avant que la tension ne retombe finalement. « Sans animosité et sans incident », précise Françoise Lardenoey, en charge de la Communication et de la Prévention auprès de l’intercommunale Tibi.
3 heures de blocage
Peu avant 9 heures, tout le monde a finalement levé le camp. Les camions de collecte de Tibi ont pu entamer leurs tournées avec plus de 3 heures de retard. Idem pour les équipes de propreté publique.
Les autres services de Tibi n’ont quant à eux pas été impactés.
Pour rappel, ni bus, ni métro ne circulent sur le réseau de Charleroi depuis jeudi. Cette action ne cible pas le TEC, mais la flambée des coûts énergétiques. Les chauffeurs carolos ont décidé de jouer les prolongations en espérant que leur mouvement fera tache d’huile. La grève se prolongera ce mercredi encore. En attendant l’issue d’un nouveau vote – pour ou contre la reprise – programmé dans l’après-midi.
En attendant, les usagers des transports en commun subissent les aléas de cette grève qui ne dit pas son nom…
Ni bus, ni métro à l’horizon à Charleroi: les chauffeurs sont de sortie pour mener des «actions citoyennes» et non une grève
Ne dites plus grève, mais action citoyenne. Peu importe finalement l’appellation, les effets sont identiques : ni bus, ni métro sur le réseau du TEC Charleroi jusqu’à mercredi inclus.



C’était dans l’air depuis ce week-end. Ce lundi matin, les « prévisions » ont été confirmées par les assemblées du personnel du TEC Charleroi : les dépôts de Montignies-sur-Sambre, Jumet, Anderlues et Nalinnes ont débrayé. Et les bus et métros ne rouleront pas jusqu’à mercredi inclus.
« Nous ne ciblons pas notre employeur, le TEC Charleroi », répètent les chauffeurs du TEC. Ce lundi, une soixantaine d’entre eux ont mené une action dans le centre de Charleroi, en bloquant des endroits stratégiques, comme les accès qui desservent le centre commercial Rive Gauche. « Nous sommes de petites étincelles, qui espèrent allumer des feux à gauche et à droite ». Comprenez ici que les manifestants escomptent que leur action fera… boule de neige. Qu’elle mobilisera la population dans toutes ses strates. « Nous vivons tous les mêmes difficultés. On paie tous les mêmes factures. On connaît tous des fins de mois difficiles. Ce combat n’est pas seulement le nôtre, il est celui de tout le monde. Nous appelons tous les services publics, mais aussi toute la population, à nous rejoindre pour faire pression sur le Gouvernement », insiste Michel, un des manifestants.
Pris en otage
C’est en tout cas le message que les chauffeurs de bus ont fait passer au fil de leur « promenade » dans les artères de Charleroi. Avec plus ou moins de succès. Certains automobilistes, piégés dans ces embouteillages organisés, rongeaient leur frein. « Nous effectuons des livraisons. Notre temps est compté », déclare l’un d’eux. Après une vingtaine de minutes, la camionnette frigorifique finira par être libérée. D’autres étaient plus accommodants, partageant avec les manifestants un sourire, un mot d’encouragement ou de solidarité… « Je les comprends… Avec ma petite retraite, je n’y arrive plus. On ne peut pas accepter ce qui se passe actuellement », déclare Mariette.
Sur les réseaux sociaux, les commentaires sont plus caustiques, plus terre à terre aussi. « Ça devient ridicule ces grèves. Ça impacte les usagers qui sont dans la même situation que les chauffeurs… », déplore Clara. « Dépenser 36€ par jour depuis jeudi pour aller travailler… Je ne vois pas où est le bénéfice de vos actions. J’en suis à devoir choisir entre aller travailler ou pouvoir manger la fin du mois », poste Christa. « Vu que c’est pour le pouvoir d’achat, on intervient dans les remboursements des abonnements ?, interroge Jessica. Les grévistes n’ont toujours pas compris qu’ils n’embêtaient pas les bonnes personnes. »
Mardi, on repart pour un tour sans bus, ni métro. Les chauffeurs de bus, eux, seront de sortie, pour poursuivre leur action citoyenne.