La Ville de Bruxelles présente un budget à l’équilibre pour 2023 et s’attaque au co-living avec une nouvelle taxe


Depuis quelques années, un nouveau type d’habitat se développe dans le quartier européen, à Ixelles et à Saint-Gilles. La Ville de Bruxelles n’y échappe pas avec le centre-ville de plus en plus investi par le co-living.
« Ce sont des bâtiments, souvent des grandes maisons de maître, divisés en 10 à 30 chambres luxueuses qui sont louées à des prix assez élevés », décrit Ans Personns (Vooruit), échevine de l’Urbanisme. « On n’est pas totalement contre mais on veut davantage contrôler car le co-living, avec les Airbnb, exerce beaucoup de pression dans le centre-ville. Il est important que le logement reste abordable. »
Taxe sur le co-living
La Ville a décidé d’intervenir en taxant le co-living. Elle estime que ce type de logements génère bon nombre de conséquences négatives pour les riverains, sur la propreté publique et la tranquillité publique. En 20 ans, la commune a augmenté de plus de 55.000 habitants. « Nous pesons un quart du boom démographique de la région bruxelloise », souligne le bourgmestre Philippe Close (PS).
Le propriétaire devra payer 1.520 euros par chambre proposée dans le co-living. « La recette liée à cette taxe est surtout une recette parce qu’on veut limiter son extension par rapport aux autres logements qu’on veut protéger », poursuit le bourgmestre qui annonce la suppression de la taxe sur les espaces de danse. « Elle faisait souvent polémique. Elle est assez dérisoire en termes de recette mais très forte en termes de symbolique. »
Plus d’un milliard d’euros au budget
Cette unique nouvelle taxe est la grande nouveauté du budget 2023 que la Ville a bouclé à l’équilibre malgré le Covid et les diverses crises. Elle a pris pour référence l’année 2021, plus austère en termes de dépenses de fonctionnement, et sans toucher aux additionnels à l’IPP et au précompte immobilier qui demeure inchangé depuis 20 ans.
« C’est un peu plus d’un milliard d’euros et un boni de 77.858,55 euros. On a travaillé dépense par dépense tout en maintenant la qualité des services. On ne voulait pas augmenter la fiscalité sur les Bruxellois : il n’y a pas d’augmentation de taxes, si ce n’est l’indexation », annonce fièrement le bourgmestre Philippe Close (PS) qui confie avoir eu quelques doutes pour atteindre l’équilibre. « On a un projet de vie cohérent qui fait que notre économie tourne à fond : nos recettes augmentent, notamment nos recettes de précompte immobilier et nos différentes taxes communales directes. Grâce à ça, nous pouvons financer toutes nos politiques d’infrastructures notamment par le projet de la Ville à 10 minutes. »
Le personnel reste un poids lourd en représentant plus de 50 % des dépenses avec 8.600 employés. « La Ville renouvelle entre 250 et 260 postes par an. On va continuer à engager mais la question de l’opportunité de pourvoir un poste sera examinée de manière approfondie », indique le maïeur. Les frais de fonctionnement avoisinent les 12 % des dépenses totales. La dotation à la zone de Police Bruxelles-Capitale Ixelles s’élève à 122 millions d’euros et celle au CPAS à 90 millions (hausse de 9,6 % face à l’urgence sociale).
Les investissements
La Ville va continuer à investir avec un budget extraordinaire fixé à 212 millions d’euros dont 140 millions hors subsides. La commune met l’accent sur l’enseignement avec plus de 40 millions d’euros pour la création de places grâce à la rénovation et l’extension du Lycée Dachsbeck. Un nouveau campus pour une école primaire néerlandophone complètement déconnecté du gaz verra également le jour. La Ville investira en faveur du climat en rénovant son parc automobile (400 véhicules). « 3,7 millions d’euros seront consacrés au remplacement de nos véhicules les plus polluants (24 camionnettes) », annonce l’échevin Benoît Hellings (Ecolo).
La Ville maintient son soutien aux commerçants et entend devenir une « ville 2.0 ». « L’ouverture du portail numérique MyBxl permettra à chaque citoyen de choisir la façon la plus confortable pour effectuer l’ensemble de ses démarches administratives en étant identifié de manière unique », commente Fabian Maingain (DéFI), échevin du Commerce et de la Digitalisation.
C’est dans le nouveau bâtiment administratif que s’est tenue la conférence de presse. L’Hôtel de Ville ne sera pas complètement déserté. Il restera utilisé pour les grandes occasions, notamment les mariages. « Les visiteurs auront l’occasion de visiter davantage ce joyau et bâtiment remarquable et pourront découvrir le bureau des échevins et du bourgmestre », lâche Philippe Close.
L’opposition reste inquiète

L’opposition ne partage pas le message positif livré par la majorité de la Ville de Bruxelles concernant l’exercice budgétaire 2023 annoncé à l’équilibre, vendredi matin. Elle redoute les conséquences à terme, pour la population, du gonflement de l’endettement.
Pour le chef du groupe MR, David Weytsman, on assiste une triple hausse des dépenses : de la dette publique, de la fiscalité et des frais de fonctionnement. « Ce budget 2023, c’est tout ce que je n’aime pas dans la mauvaise gestion des partis de gauche. Premièrement, une dégradation de la dette publique qui hypothèque le futur de la Ville ! Ensuite, une fiscalité en hausse continue depuis 3 ans qui handicape les commerçants, les PME et les professionnels libéraux. Et enfin, la poursuite d’un train de vie toujours plus élevé. Les frais de fonctionnement atteignent 120 millions d’euros, soit une hausse de 25 millions en 3 ans. À cela s’ajoute une politique fiscale en contradiction avec les objectifs climatiques », a-t-il commenté.
L’équilibre budgétaire annoncé n’est que de façade et repose en grande partie sur une augmentation de l’endettement, estiment les élus des Engagés/CD&V. Pour Bianca Debaets (CD&V), il est important de réaliser des investissements utiles tels que le nouveau bâtiment administratif Brucity, mais il est aussi fondamental de ne pas creuser davantage le trou de la dette. Mais il n’y a « manifestement pas de volonté à court ou moyen terme de réduire celle-ci ».
Mathias Vanden Borre (N-VA) s’est réjoui de la fin de la taxe « parasitaire » sur les espaces réservés à la danse dans l’horeca (40 centimes par personne qui danse par nuit). Mais il reste, à ses yeux, d’autres taxes désuètes à supprimer, comme celle sur le passage à la morgue.
Du côté du PTB, la Ville ne se mouille pas pour lutter contre la pauvreté qui augmente chez les ménages. « On ne peut pas se contenter d’un budget en équilibre, car le budget des ménages ne l’est certainement plus », réagit Bruno Bauwens.