Négociations entre le gouvernement et Engie pour prolonger deux réacteurs nucléaires pour dix ans: ça repart dès ce lundi


On imagine que le Premier ministre a fait la moue en se rendant compte qu’il ne pourrait avoir ce deal avec Engie avant la fin de 2022, échéancier dans lequel il s’était lui-même enfermé…
« Nombreuses avancées »
Samedi, il était 18h, lorsque le 16 rue de la Loi a publié un communiqué annonçant que « le gouvernement fédéral et Engie étendent la discussion en vue de la prolongation des réacteurs de Doel 4 et Tihange 3. De nombreuses avancées ont été réalisées ces derniers jours sur un nombre conséquent de points cruciaux, ce qui réjouit les deux parties. Un délai est néanmoins nécessaire pour parvenir à un accord qui les satisfait entièrement. L’objectif reste d’aboutir rapidement pour permettre la prolongation pour 10 ans. Cet objectif est partagé tant par le gouvernement fédéral que par Engie. »
Volonté de part et d’autre
Il s’agit, pour rappel, de concrétiser l’accord de principe intervenu le 21 juillet en vue de prolonger la durée de vie des deux réacteurs précités entre 2026 et 2035.
Traduction du communiqué : le fait d’avoir négocié jusqu’au réveillon du 31 montre que la volonté est présente dans les deux camps pour arriver à un accord qui est néanmoins une œuvre gigantesque qui se traduira dans un document de centaines, voire de milliers de pages. Et la volonté des négociateurs (Alexander de Croo et la ministre de l’Énergie, Tinne van der Straeten, Groen, NdlR), qui ont dressé des lignes rouges, est partagée unanimement par les sept partis de la coalition.
Que l’on négocie encore quelques jours (le communiqué insiste sur les mots « aboutir rapidement ») n’est pas en un drame, tout au plus une petite blessure d’amour-propre pour le Premier ministre. Il ne faut, certes, plus perdre de temps, mais si le dossier est bouclé en janvier, qui plus est dans la première partie du premier mois de 2023, cela ne provoquera aucune catastrophe dans la réalisation technique et le fait de relancer Tihange 3 et Doel 4 à la fin de 2026.
Des négociations des plus délicates. Rappelons qu’il n’y a pas que la prolongation des deux réacteurs, aussi la structure qui doit les gérer : selon la base élaborée en juillet, Engie resterait l’exploitant, mais le gouvernement monterait à bord, avec une répartition des coûts et bénéfices à égalité (50-50).
Par ici, la facture
Encore plus délicat : la facture du démantèlement des réacteurs et de la gestion des déchets. Engie a provisionné plus de 14 milliards et s’irrite qu’on lui demande d’en faire plus. L’exploitant souhaite une estimation de la facture finale, ce qui est complexe vu que la Belgique n’a pas encore décidé du mode de stockage définitif des déchets. Une fois ce plafond fixé, tout dépassement serait à charge de l’État, donc des contribuables.