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Photos dénudées, fellations forcées : il piège des jeunes filles mineures de Mons rencontrées sur le Net, «je ne pensais pas faire quelque chose de mal…»

Six jeunes filles mineures originaires de Mons ont été piégées par un prédateur sexuel qui se faisait passer pour un jeune homme de 18 ans sur les réseaux sociaux. En réalité, il en a 30. Photos dénudées, fellations forcées... Les parents témoignent.

Une jeune Montoise de 15 ans et demi brise le mur de la honte le 13 juin 2020. Nous l’appellerons Alicia. Elle confie à sa maman qu’elle a subi des outrages sexuels suite à des contacts avec un homme rencontré sur Internet. En fait, celui-ci a piégé 6 filles en tout !

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Cet homme se fait appeler sur le Net tantôt ‘Sylvain’, ‘Alexis’ tantôt Kevin’, ‘Alice’ ou encore ‘Minibus’… La maman se précipite à la police. Voilà ce qui est arrivé à sa fille. Ceci pourrait être un cas d’école par rapport aux drames qui peuvent se nouer suite à des contacts virtuels nocifs.

Victime d’un chantage

Courant 2020, Alicia communique sur Instagram avec cet ‘Alexis’, soi-disant âgé de 18 ans. Premiers contacts virtuels. Mise en confiance. Alexis lui demande une photo d’elle, nue. Elle accepte. C’est sa grosse erreur… Car ensuite, Alexis veut la voir. Une fois, dans sa voiture à lui, à Frameries. Il lui impose une fellation. Elle refuse, mais prise au piège, elle est forcée de s’exécuter, la tête bloquée par la main d’Alexis. Le cauchemar ne fait que commencer, car il lui impose un second rendez-vous, aussi dans la voiture… suivi d‘un troisième rendez-vous, cette fois dans une chambre d’hôtel. Là, Alicia est forcée d’exécuter une fellation, encore… mais cette fois, elle ignore qu’elle est filmée par le téléphone d’Alexis ! Chaque fois, la jeune fille est obligée d’accepter : le jeune homme, qui n’a pas 18 ans mais 30, lui fait du chantage : si elle refuse, il va diffuser la photo d’elle nue sur le Net !

Avant de parler à sa mère, Alicia parle de son drame avec une amie. Ensemble, elles évoquent sur la communauté Instagram la déconvenue de la jeune fille avec l’agresseur dont elles diffusent le numéro de téléphone. Colère d’Alexis   !

Gérant d’un magasin

Le jeune homme n’en est pas à son coup d’essai. Au demeurant gérant de magasin de mobilier, il a déjà pris au piège des filles en 2013, 2015, 2017… Ce lundi, il était devant le tribunal du Hainaut, division de Mons, pour répondre d’avoir, sur onze mois entre octobre 2019 et septembre 2020, agressé six victimes. Chaque fois des adolescentes, âgées entre 13 et 17 ans. Toujours selon le même mode opératoire.

A l’audience, parties civiles assistées par l’avocat De Fevrimont, les parents d’Alicia ont eu le courage de prendre la parole. « Ce sont des choses difficiles à vivre », déclare le papa. « Ça n’arrive pas que dans les films. Je suis fier qu’elle ait osé nous parler. Par la suite, elle a visité des sites pour se suicider. Je veux que notre fille soit reconnue comme victime, elle mais aussi toutes les autres. Alicia ne fait plus confiance aux gens. » « Cela n’arrive pas qu’aux autres », ajoute la maman. «   Nous sommes là pour elle. Et aussi, pour qu’il n’existe pas de prochaines victimes.   »

Dix ans requis

Côté parquet, Céline Carrette requiert 10 ans contre le prévenu. Celui-ci est défendu par Me Fabrice Guttadauria. En empathie envers les victimes et les parents dont il loue le courage, il met le doigt sur l’immaturité déconcertante d’Alexis, et sur sa distorsion cognitive qui, plaide-t-il, l’empêche de prendre conscience de la gravité des faits.

Me Guttadauria insiste sur le fait qu’Alexis a totalement cessé ses agissements dès son interpellation à la mi-septembre 2020. Il plaide une peine même lourde, mais qui soit assortie du sursis probatoire, assorti de conditions : suivre un traitement psychologique, ainsi qu’une formation à l’association Triangle. Il insiste : « Si le couperet était tombé en 2017 quand une précédente victime a signalé le harcèlement dont elle était victime, on aurait évité la catastrophe qui a suivi ». Il déplore aussi l’évolution des réseaux sociaux, et le contexte de facilitation de ce type d’infraction. Ce qui n’excuse rien, insiste-t-il.

Jugement fin du mois

A la sortie de l’audience, les parents d’Alicia sont perplexes. « Cela n’a pas fait tilt : il n’y a pas chez lui de prise de conscience. Par contre, nous avons été l’objet d’une écoute attentive du tribunal. Quant à notre fille, dégoûtée et apeurée, elle ne voulait pas être confrontée à lui. Elle veut passer à autre chose. Ne plus lui donner d’importance   ! Désormais, nous voulons que ceci fasse partie du passé, enfin.  »

«Je n’ai jamais agressé personne…», dit le multirécidiviste

Les réseaux sociaux, les parents d’Alicia les évoquent en aparté. « Elle a pris conscience, depuis. Nous ne pouvons pas interdire à un jeune de faire comme tous les autres sur Internet. Les réseaux, ce sont leur moyen de communication. Cela passera par là… Mais ces réseaux ne sont pas assez sécurisés. Désormais, on suit notre fille en ‘followers’, encore davantage qu’avant. Plus vigilants qu’avant, nous discutons avec notre fille, sur ces relations. Nous sommes peut-être même, trop vigilants. »

« Je n’ai jamais agressé personne »

Au moment de clore les débats, le président attire l’attention d’Alexis sur le suicide de jeunes harcelés sur le net. Il donne la parole à celui qui a fini par avouer la majorité des faits… puisque jusque-là, il avait rejeté la responsabilité sur Alicia entre autres victimes, prétendant qu’elle était à l’initiative, non seulement de ces rencontres, mais aussi du film des ébats… Il faut bien dire qu’Alexis n’a pas plaidé en sa propre faveur ! Expliquant, avec aplomb face aux questions du président : « Je ne pensais pas faire quelque chose de mal… Je n’ai jamais agressé personne… » « C’est effarant ! », s’étonne le président qui va jusqu’à plaindre son avocat…

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