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«On n’est jamais préparé à affronter ça»: un appui psychologique et un espace de recueillement se préparent dans l’école lensoise d’Emmy et Marty, tués par leur papa à Vaudignies

Le féminicide et le double infanticide qui ont eu lieu à Vaudignies ce 30 décembre suscitent toujours autant d’émotion dans nos communes. Dans l’école de Lens que fréquentaient Emmy et Marty, une aide psychologique est prévue.

Ce 30 décembre, David séparé depuis un an et demi de Sara commet l’irréparable. Alors qu’il lui ramène Emmy (9 ans) et Marty (6 ans), leurs enfants dont il a la garde alternée, l’homme réalise un acte horrible : il asperge son ex-femme d’essence avant de prendre la fuite avec ses deux enfants en voiture. Cinquante mètres plus loin, celui-ci a mis le feu au véhicule. Ce sont finalement trois corps calcinés, le sien et celui des deux jeunes enfants, qui ont été retrouvés.

Face à cet acte terrifiant, en plus d’être prémédité, qui a causé la mort de Sara et de ses deux enfants, de nombreuses personnes sont évidemment sous le choc. La famille en premier lieu, mais également les enfants et enseignants de l’école d’Emmy et Marty.

Une cellule psychologique

« Au niveau de l’école, pour la rentrée, sera prévu un accompagnement psychologique », commence Etienne Lenfant, échevin de l’Enseignement à Lens. La commune de Lens a mis en place une cellule psychologique au sein de l’école que fréquentaient Emmy et Marty, à la rue du Thy. « On est touchés par ce qui arrive, on connaissait ces enfants. On n’est jamais préparés à affronter ça. Personne ne peut y être insensible. »

Sara Giordano.
Sara Giordano. - D.R.

D’après la bourgmestre de Lens, Isabelle Galant, se tiendra d’abord un rendez-vous collectif pour discuter avec les enfants. « Pour les enseignants, il y a aussi, au besoin, des accompagnements individuels qui pourront être faits. Ce lundi, on verra comment les choses pourront évoluer. Les enfants posent des questions aux parents et ils sont un peu en difficulté pour y répondre », explique-t-elle. Il s’agit d’un accompagnement de départ qui pourra se prolonger si nécessaire. « Il est prévu qu’il y ait un petit coin de recueillement. On a lancé plein d’idées comme, par exemple, la plantation de deux arbres pour pouvoir s’y recueillir. »

« On veut que ce soit fait de la manière la plus respectueuse possible », continue l’échevin. « Pour l’instant, la famille souhaite que l’on mette l’accent sur l’organisation de la marche blanche à Chièvres. »

La cérémonie aura lieu à Lombise

Les gens pourront se recueillir à l’église de Lombise ce jeudi 5 janvier à 14h. Il n’y aura cependant pas de présentation de condoléances. « Après la cérémonie, la famille tient à rester seule pour l’inhumation. Ce sera dans la plus stricte intimité familiale », explique Teresa Giordano, la sœur de Sara.

Marty et Emmy, 6 et 9 ans seulement.
Marty et Emmy, 6 et 9 ans seulement. - D.R.

Elle ne se souvient que trop bien du moment où elle a appris la terrible nouvelle. « Je l’avais eue en ligne trente minutes avant. J’ai vu les ambulances en rentrant. C’est là que je me suis rendu compte qu’elle ne me répondrait plus… » Quelques jours après le drame, la douleur est toujours aussi vive, tout comme l’incompréhension. « On est effondrés. On a l’impression que c’est un cauchemar. Ils ne se parlaient plus, mais ça se passait bien. Il lui avait demandé d’avoir les enfants à Noël et elle les lui avait laissés. Il n’y avait jamais un mot plus haut que l’autre entre eux. Je ne lui pardonnerai jamais. C’est un monstre, et il le restera. »

Teresa peut toutefois compter sur le soutien de nombreuses personnes pour apaiser, en partie, sa peine. « On a reçu des marques de soutien, énormément de messages. On a aussi eu beaucoup d’appels, mais les premiers jours, c’était difficile d’y répondre… Je pense que la marche blanche va attirer beaucoup de monde. » Celle-ci se tiendra ce dimanche 8 janvier à 14h. Le départ est fixé au carrefour formé par les rues Robert Flament, rue de Ladeuze et rue de Quièvremont.

Drame familial de Vaudignies: le bourgmestre de Chièvres très ému, «organiser une marche blanche est essentiel»

Après le décès de Sara et de ses deux enfants, Marty et Emmy, la Commune de Chièvres a décidé d’organiser une marche blanche, ce dimanche. « C’est le minimum qu’on puisse faire », assure le bourgmestre, lui-même très marqué par le drame.

Une minute de silence et un lâcher de ballons accompagneront cet hommage rendu à Sara, Emmy et Marty, les trois victimes de Vaudignies. La Ville de Chièvres a confirmé, lundi, qu’un moment de recueillement serait organisé, dans le quartier où ils ont brutalement trouvé la mort. « En hommage aux trois victimes décédées dramatiquement à la rue de Quièvremont ce vendredi 30 décembre, une marche blanche sera organisée ce dimanche 8 janvier à 14 heures. Le départ est fixé au carrefour formé par les rue Robert Flament, rue de Ladeuze et rue de Quièvremont (lieu-dit chapelle Loquet) », précisait la Ville.

Le bourgmestre, Olivier Hartiel.
Le bourgmestre, Olivier Hartiel. - B.L.

Pour le bourgmestre de Chièvres, Olivier Hartiel, l’organisation d’un tel hommage est une nécessité, à plus d’un titre : « À partir du moment où un tel drame touche une famille chiévroise et plus particulièrement une maman et deux enfants, on ne peut pas passer ces faits sous silence », précise-t-il. « C’est une façon de montrer son soutien à la famille dont nous avons sollicité l’accord préalable. Il est naturel et logique, de la part d’une ville, de la part d’un bourgmestre, de proposer une marche symbolique et une minute de silence, en hommage aux victimes. Je sens d’ailleurs aussi un réel besoin de la population, de se recueillir ensemble, de se retrouver… ».

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« Des traces morales toujours présentes »

Très rapidement après les faits terribles survenus vendredi, une cellule psychologique a été mise en place. « Beaucoup de personnes ont eu besoin de cette aide et j’avoue que, moi-même, j’en ressens le besoin », assure le maïeur chiévrois qui s’est rendu sur place le soir même. « Quand j’ai reçu l’appel des services de secours, quand on m’a annoncé un féminicide et un probable double infanticide, j’avoue que j’ai été effaré… Je n’arrivais pas à y croire : ce n’était pas possible, c’était invraisemblable… Je me suis senti les jambes coupées. C’est épouvantable et surtout, on ne s’attend pas à vivre cela, a fortiori dans une petite commune rurale. Je suis retourné sur les lieux le lendemain et, s’il n’y avait plus de traces visibles du drame, on sentait que les traces morales étaient toujours présentes ».

« Des féminicides, ce n’est plus possible ! »

Sur place, le bourgmestre a tenté de soutenir au mieux les proches. « Aux questions qu’on me posait, notamment la sœur de la victime, je ne savais que répondre. Malgré tout, je me devais de jouer mon rôle en tant que chef de la police, et apporter toute l’aide psychologique dont je me sentais capable. J’avoue que ce n’était pas facile. Moi-même je ne comprends pas ce qui peut pousser un papa à agir de la sorte, ce qui peut se passer dans sa tête. On est au 21e siècle ! Cela ne devrait plus arriver… C’est compliqué à gérer. J’ai toujours, en tête, l’image des victimes ».

Malgré tout, Olivier Hartiel a décidé de rapidement agir à la mesure de ses moyens. « Ce qui me choque, c’est qu’il s’agit d’un féminicide… et j’ai l’impression qu’on ne parle plus que de ça. Il faut impérativement expliquer, dès le plus jeune âge, via les cours de civilité, comment fonctionne la vie et éduquer les enfants à ce qu’est un couple, à ce qu’implique le fait d’avoir des enfants, cela change la vie. Je pense qu’il faut mener ce travail de terrain et jouer ce rôle éducatif, dès la fin des primaires », précise le bourgmestre. « J’ai aussi envie de rappeler aux gens que nous, mandataires politiques, en cas de gros problèmes, on est là, on peut s’adresser à nous. Au-delà de la politique, nous sommes avant tout des êtres humains et je suis avant tout le bourgmestre de tous ».

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