«Histoires de familles»: Joséphine Baker, l’icône ruinée
Sabrina Jacobs se penche sur l’héritage de la Vénus noire, qui avait adopté pas moins de douze enfants.

Quand on évoque Joséphine Baker, on a souvent d’abord en tête l’image d’elle en train de danser avec sa célèbre ceinture de bananes. Et pourtant, elle était loin d’être une simple meneuse de revue exotique qui faisait vibrer les nuits parisiennes durant les années folles. Américaine de naissance, française de cœur (elle prendra la nationalité en 1937), elle joua un rôle important au sein de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale et s’engagea ensuite dans les combats pour l’égalité raciale et les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis. Elle était aux côtés de Martin Luther King, portant un uniforme de l’armée de l’air française, lorsque celui-ci prononça son célèbre discours « I have a dream ». Et elle fut la seule femme à prendre la parole ce jour-là.
Et pourtant, malgré son passé de vedette du music-hall, Joséphine Baker a fini sa vie ruinée. Avec son mari, le compositeur et chef d’orchestre Jo Bouillon, elle avait acheté dans les années 40 le château des Milandes, en Dordogne. C’est là qu’elle constituera ce qu’elle appellera sa « tribu arc-en-ciel ». Alors qu’elle ne peut pas avoir d’enfant, après avoir accouché d’un bébé mort-né ayant entraîné une infection l’obligeant à subir une hystérectomie, elle va adopter pas moins de douze enfants de tous pays et de toutes origines, provenant du Maroc, de Colombie, de Corée, du Japon, du Venezuela, de Finlande, de Côte d’Ivoire et d’Algérie.
Elle se crée ainsi une famille multiculturelle qui représente ses convictions universalistes. « J’ai eu cette idée parce que j’ai vu tellement d’incompréhension entre les êtres humains (…) et j’étais sûre qu’avec tous ces petits enfants innocents, ils pourraient donner un exemple absolu de la fraternité », confiait-elle, en 1961, dans « Cinq colonnes à la une ». « C’était une petite ONU familiale grâce à laquelle ma mère voulait montrer qu’on peut vivre en paix toutes et tous ensemble », se souvient de son côté un de ses enfants, Brian.
Pour l’interprète de « J’ai deux amours », son château en Dordogne doit être vu comme étant la capitale mondiale de la fraternité. Malheureusement, sa folie des grandeurs et sa générosité sans limite la mèneront également à sa perte sur le plan financier. Au milieu des années 60, criblée de dettes, elle doit vendre aux enchères son château. La bâtisse ne part que pour un dixième de sa valeur ! Elle est ruinée, littéralement à la rue, et repart sur les routes pour assurer des spectacles à 60ans passés. Heureusement, la princesse Grace de Monaco, d’origine américaine comme elle, lui avance les fonds pour l’acquisition d’une maison à Roquebrune.
Fauchée par une attaque
Joséphine Baker s’est éteinte en 1975 à l’âge de 68ans, après avoir été victime d’une attaque cérébrale le lendemain d’un retour triomphal sur scène pour ses cinquante ans de carrière. Elle a fait son entrée au Panthéon en 2021… mais son corps, lui, reste enterré à Monaco, où elle avait été inhumée.
« Histoires de familles », 16h50, RTL-TVI
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