«1985»: coproduction bilingue pour trauma national, les acteurs nous en disent plus…
Dans la série-événement sur les tueurs du Brabant, le francophone Roda Fawaz et le néerlandophone Peter Van den Begin incarnent Madani Bouhouche et le major Vernaillen.

Les tueries du Brabant, est-ce aussi un trauma pour le nord du pays ?
Peter : J’avais 21 ans en 1985, j’étais scotché à la télé, je lisais beaucoup les journaux, je peux vous dire qu’il régnait une ambiance de paranoïa. Bien sûr que c’est aussi une blessure dans le nord du pays.
Que pensez-vous d’adapter une série à partir d’un dossier dont l’enquête n’a pas abouti ?
Roda : D’abord, cette série a été faite avec beaucoup de respect pour ceux qui ont été touchés de près ou de loin par cette affaire. Je trouve qu’il y a un devoir de mémoire par rapport à ces événements. C’est bien de mettre le doigt à un endroit qui n’est pas le plus beau de notre pays. C’est une forme de respect pour les victimes que de ne pas renier cela.
Vous interprétez pour la première fois dans votre filmographie des personnes ayant existé. Comment vous êtesvous préparés à ces rôles ?
Peter : Je n’ai pas voulu le rencontrer pour ne pas me laisser influencer. Le scénariste, Willem Wallyn, s’est beaucoup entretenu avec lui. Ce major a été attaqué à son domicile peu après qu’il avait mené une enquête sur un trafic interne de drogue. En Flandre, j’ai beaucoup joué des criminels. Là, j’étais content d’être de l’autre côté du spectre.
Et vous, Roda ?
En me documentant, je me suis rendu compte que Bouhouche était presque un personnage de fiction. Tout est contradictions chez lui. Il fait partie de ces personnes dont on se dit qu’elles sont capables de mettre en scène même leur disparition. Cette amplitude trouble a été ma piste de travail d’acteur. Cet homme était une anguille. On ne connaîtra jamais la vérité à son sujet ; certains disent qu’il appartenait à un groupe, d’autres qu’il était un solitaire… Il détestait ses origines arabes. Il a été abandonné par son père. Il y avait chez lui cette volonté d’exister, d’appartenir, de se trouver une famille… Est-ce que ceci explique cela ? Je n’en tire aucune conclusion.
Quel est le point de vue adopté par les scénaristes ?
Roda : Il n’y a pas de prétention de venir expliquer une thèse. Ce qui est important dans ce projet est le contexte dans lequel trois jeunes vont passer à l’âge adulte. Cette série veut prendre de la hauteur et pose plus de questions qu’elle n’y répond. Elle ne traite pas que de cette série d’attaques.
Qu’est-ce qu’elle nous dit de cette époque ?
Roda : Que c’est complexe, beaucoup de choses se sont imbriquées qui ont fait que l’Etat a failli vaciller. Il y a eu des failles à plein d’endroits.
Quelle est la force de « 1985 » ?
Peter : C’est la première fois que RTBF et VRT travaillent ensemble sur une série. Le mélange d’acteurs francophones et néerlandophones pour raconter un pan de l’histoire nationale, c’est symboliquement fort. On a aussi vu que le public français qui ne connaissait pas l’histoire a accroché à la série, c’est la preuve qu’elle a une portée universelle.
« 1985 », 20h55, la Une
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