Les éoliennes des Plenesses ont du plomb dans l’aile à cause du télescope Einstein


La société Ventis avance sur certains de ses projets éoliens, mais patine pour d’autres.
Selon Benoît Mat, de la société Ventis, aux Plenesses, où six éoliennes sont en projet dans et près du zoning depuis 2014, « le projet avance bien ». Désormais, ce sont trois partenaires (Ventis, Luminus, un temps opposés car ayant des projets concurrents, voici quelques années, et la SPI) qui se profilent comme étant les demandeurs. Pour Pierre Castelain, de la SPI, une demande de permis pourrait être déposée durant le premier trimestre 2023. Le fait que la SPI s’ajoute aux demandeurs pourrait permettre à la commune d’investir, elle aussi, dans le projet. Un type d’association qui a déjà été activé pour le mât du zoning des Hauts Sarts ainsi que pour quatre autres à Villers-le-Bouillet, indique Pierre Castelain.
Lambert Demonceau, le bourgmestre, tempère les ardeurs des promoteurs : « Nous attendons la sortie du décret wallon sur les communautés énergétiques. Tant que cela ne pourrait pas profiter à Thimister, via un mât de la SPI, mais rien qu’à 4 ou 5 entreprises, cela ne nous conviendrait pas ». Cependant, la commune n’aurait qu’un avis à rendre dans le cadre de l’octroi d’un éventuel permis, concède le mayeur.
Mais il y a un gros hic en plus. Le télescope Einstein, que beaucoup aimeraient voir installé dans la région des Trois frontières, pourrait être perturbé par les vibrations produites par les pales. Une décision quant à la localisation de cet appareil de mesure hypersensible est attendue pour fin 2024.
« Rien ne prouve que les éoliennes provoquent de telles vibrations », affirme Benoît Mat. « Je ne parle pas de celles qu’on a érigées voici 15-20 ans. Les mâts actuels ne sont plus en béton, mais en bois ou en métal ». De plus, les pales, plus grandes, tournent plus lentement.
Ce type d’argument pro-Einstein est opposé aussi aux promoteurs d’un autre parc éolien dans les cartons du côté de Dalhem.
Aux Plenesses, vu le dimensionnement des éoliennes, on pourrait produire autant que la consommation de 12.000 ménages, avance Benoît Mat. Une partie du courant serait utilisée par certains industriels sur le terrain desquels le mât serait érigé. Le solde, qui ne pourrait faire l’objet d’autoconsommation par le propriétaire, serait injecté dans le réseau.
« On regrette que les partisans du télescope Einstein aux Trois bornes se manifestent seulement maintenant, alors que nous avons déjà engagé des centaines de milliers d’euros pour des études », souligne Benoît Mat. Lequel estime que ce souci de vibrations pourrait aussi gêner des projets d’implantation d’entreprises telles que des menuiseries, si leurs machines étaient ancrées dans le sol.
Le dossier de Ventis aux Plenesses est quasi clôturé et une demande de permis pourrait être déposée dans les prochaines semaines, confirme Benoît Mat. Ce qui amènera probablement les défenseurs du télescope ou d’autres opposants à se manifester. Cela clarifierait la situation. Avant de probablement l’embrouiller un peu plus, au gré de probables recours…
Recours rejeté à Sprimont
Par contre, à Sprimont, cinq mâts sont prévus près de l’autoroute, dont un alimenterait Sprimoglass et un autre l’entreprise Eloy. Ici, le Conseil d’État a rejeté le recours des riverains, signale Benoît Mat. Lequel attend le retour des turbiniers avec leurs offres avant de lancer le chantier, dans les mois qui viennent.
Deux recours contre les 10 mâts de Cronchamps


Pour les éoliennes de Cronchamps, à Ster Francorchamps, explique Benoît Mat, suite à l’annulation du permis pour 6 éoliennes au Conseil d’État, puis à l’octroi du permis pour 10, une requête en annulation au Conseil d’État a été introduite par Natagora. Ici, Joëlle Piraux redoute l’impact biologique et sur la biodiversité, pour des mâts implantés dans les bois, sur sols tourbeux et paratourbeux, qui seraient compactés définitivement. Natagora déplore aussi le fait qu’on soit sur des sommets, ce qui accroît l’impact visuel. Joëlle Piraux estime qu’il n’y a pas d’acharnement de Natagora, ici : elle ne conteste que 2 projets sur la quarantaine faisant l’objet de recours actuellement en Wallonie. Certes, les éoliennes sont susceptibles de combattre le changement climatique. Mais des espèces menacées par un tel projet ne sont pas forcément impactées par cette hausse. Parmi les animaux qui seraient impactés, on compte neuf espèces de chauves-souris, dont le grand murin, jugé en danger en Wallonie. Natagora redoute aussi un développement anarchique des projets éoliens en forêt, tout en estimant que le parc n’est pas situé à moins de 750 mètres de l’E42 et que le mât 6, lui, n’est pas à 800 mètres de l’habitation la plus proche.
Wasa, elle, a introduit un recours en suspension (plus rapide) et en annulation, au Conseil d’État. Entre autres parce qu’on est sur un sommet et qu’il y a menace sur la biodiversité, plaide Frédéric Anciaux, le président. Il préférerait voir de tels mâts en mer, où ils sont plus productifs qu’en Ardenne. Cependant, il y a perte d’énergie plus on s’éloigne du lieu de production. Par ailleurs, une certaine indépendance énergétique du sud du pays est en jeu.
Wasa rappelle aussi que monter une éolienne n’est pas anodin du point de vue CO2, les socles représentant une masse importante de béton et les pales étant difficilement recyclables.
Pour 22.000 ménages
Pour le bourgmestre, Thierry de Bournonville, « une éolienne est réversible ». Aucune n’est située sur terrain communal et n’est donc susceptible d’un bail pour l’emplacement. « Mais on a une convention pour un dédommagement calculé sur la durée de vie des éoliennes. On a choisi de percevoir 2,6 millions d’€ répartis sur cinq ans dès la construction de la première éolienne. On dédierait cette somme à des travaux d’infrastructure dans le périmètre proche : à Hockai et Ster ».
Ces dix mâts pourraient fournir l’électricité correspondant à la consommation de 22.000 ménages.