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Aurélie Saada sort son premier album solo, «Bomboloni»: «C’est la première fois qu’un disque porte mon nom»

La chanteuse d’origine tunisienne sort son premier album solo, « Bomboloni ». Elle se confie sur la fin du duo Brigitte. Elle sera en concert le 3 mars prochain à l’Ancienne Belgique.

Après 13 ans de duo avec Brigitte, vous entamez une carrière solo. Comment vivez-vous cette nouvelle étape ?

C’est un peu étrange. En fait, c’est comme en amour. Quand on a été longtemps en couple et puis que, d’un coup, on se retrouve célibataire. On a l’impression qu’on ne sait plus comment faire et, en même temps, il y a quelque chose d’assez excitant et de nouveau. Je ressens un peu ce sentiment-là. C’est la première fois qu’un disque porte mon nom et prénom. Tout est assez nouveau et c’est bien comme ça. C’est le chemin que ça prend pour le moment et peut-être qu’à l’avenir, il y aura d’autres disques de Brigitte.

Donc, Brigitte, ce n’est pas totalement terminé ?

Pour moi, la porte ne sera jamais fermée. C’est un projet qui m’a trop rendue heureuse pour y renoncer. Mais en même temps, je suis très heureuse, pour la première fois de ma vie, de parler à la première personne. C’est vertigineux mais c’est très important pour moi.

Vous vouliez faire une carrière solo depuis longtemps ?

Pas du tout. Ce n’est pas moi qui ai porté la fin de Brigitte. Jamais je n’aurais osé y aller toute seule. J’ai abord fait un film toute seule et ensuite, comme j’ai toujours écrit des chansons, j’ai continué à le faire. Les chansons ont été enregistrées et l’album a été fabriqué. Cela dit, ça n’a pas été un choix de carrière. Les opportunités sont arrivées à moi un peu naturellement avec ce désir vital de me mettre au piano et d’écrire des chansons.

« Bomboloni » est le titre de votre album ? D’où vient ce nom ?

Ça veut dire beignet en italien. Il y a eu une grande immigration d’Italiens en Tunisie, mon pays d’origine. Le Bomboloni, en Tunisie, c’est l’emblème national. Il n’y a pas une fête qui ne se passe sans beignet.

Justement, dans votre album, vous faites beaucoup référence à la nourriture. Pourquoi ?

Parce que ce sont des métaphores très vives et très importantes pour moi. J’ai réalisé que dans le lexique de la cuisine, il y avait tout le vivant. À la fois, la douceur, la famille, les souvenirs mais aussi la violence, la cruauté, l’érotisme et la sensualité. Je cuisine beaucoup dans la vie et pour moi, c’est la même démarche de cuisiner ou d’écrire parce qu’on fait avec nos souvenirs. On fabrique des choses pour les glisser dans nos bouches et celles des autres.

Cet album met en avant vos origines tunisiennes. C’était une évidence d’en parler ?

Pendant des années, dans Brigitte, on mettait des choses en commun avec Sylvie. Ici, c’est une couleur qui me concerne directement. En tant qu’enfant d’immigrés, on est nombreux à avoir vécu ça, c’est-à-dire ne connaître un pays qu’à travers les souvenirs de nos parents. C’est comme une nostalgie de quelque chose qu’on ne connaît pas. J’avais envie d’écrire là-dessus parce que c’est un sentiment particulier. Après avoir écrit là-dessus, je suis allée en Tunisie pour la première fois. J’ai découvert le pays où mes parents sont nés.

Votre maman et vos filles chantent avec vous dans l’un des titres de l’album.

L’enregistrement de ce morceau était bouleversant. Ma famille est particulière. Ma mère nous a élevées toute seule, ma sœur et moi. J’élève mes filles seule. Dans cette chanson, qui s’appelle « La Merveille », je parle justement de cette transmission. On a ri et pleuré. Même si on est exubérantes, on est assez pudiques.

Il y a quelques jours, vous avez entamé une tournée toute seule. Comment ça se passe ?

Pour être honnête, j’ai eu peur de ne pas être assez. Je me suis souvent demandée, est-ce que moi, c’est assez ? C’est un peu vertigineux. Là, j’ai un pied de micro qui est au milieu de la scène. Je partage la scène avec des musiciens extraordinaires mais c’est vrai que je mène ce spectacle seule. Pour être totalement honnête, je dois dire que je m’amuse beaucoup. Ça me donne beaucoup de liberté parce que lorsqu’on est à deux, on apprend à se faire une place et à faire de la place. Sur cette tournée, je veux créer quelque chose de très réel, comme ce disque. J’ai envie d’en faire un objet familier. J’ai donné beaucoup de mon cœur dedans.

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