Tour de San Juan: Remco Evenepoel pour tout l’or d’Argentine


Le Tour de San Juan, entre folklore local et décontraction lascive, se nourrit depuis plusieurs jours de schémas semblables dans la fournaise d’une météo caniculaire. Un sprint, à l’exception de l’anticipation, mardi, de Quinn Simmons sur l’autodrome d’Ell’Villicum, du rififi à chaque arrivée où le public, distrait, confond la course avec une piste de danse. Et une couverture télévisée catastrophique, sans doute la pire du calendrier : pas d’écarts, pas d’informations sur les échappés ou, cerise sur le gâteau mercredi soir, l’image fixe de la ligne d’arrivée, à défaut d’autre chose durant les dix derniers kilomètres.
Le tournant de la course
Dans ce décor finalement relaxant, le seul danger qui menace les coureurs, c’est la chute, provoquée tantôt par un spectateur, tantôt par un obstacle mal placé dans le final, tantôt par un chien qui suscita mercredi un vent de panique. Un vent qui souffle chaud, le plus souvent de côté, qui assèche les gosiers autant que les routes, lesquelles s’élèveront enfin sérieusement, ce vendredi, vers l’Alto Colorado, désignée comme l’étape-reine de la seule course de ce niveau en Amérique du Sud depuis la disparition du Tour de Colombie.
« L’étape de samedi sera exigeante aussi mais c’est l’Alto Colorado qui devrait décider de la course et donc du classement final », a convenu Remco Evenepoel entre deux glaces et un morceau de tarte pour fêter dignement son anniversaire. Les coureurs bénéficiaient jeudi d’un jour de repos lors duquel les équipes ont très certainement réfléchi à des stratégies pour aborder l’Alto Colorado dans les meilleures conditions.
Le champion du monde ne s’est pas obstinément fixé un objectif de victoire dans cette épreuve de reprise mais on connaît son appétit cannibalesque dès lors qu’il met un dossard, a fortiori avec le maillot arc-en-ciel. Toute victoire est bonne à prendre, surtout lorsqu’on prépare une saison depuis plusieurs semaines sans relâche, d’un stage à l’autre, au gré de sorties de parfois plus de six voire de sept heures. « La chaleur extrême est un avantage pour moi, comme j’ai pu le découvrir pendant la Vuelta », a expliqué Evenepoel en constatant, presque avec le sourire, les traces de sel sur les maillots de ses concurrents.
En 2020, lors de sa victoire finale, le Belge avait géré la montagne argentine compte tenu de son avance au général suite à sa victoire au chrono. En l’absence d’un contre-la-montre, il faudra forcément faire mieux qu’une quatrième place à l’époque (à quatre secondes du vainqueur de l’étape, le Colombien Flores). Or, en revisitant le classement de 2020, on trouve, dans le même temps qu’Evenepoel, la grande carcasse de Filippo Ganna ! L’Italien, qui a tenté sa chance mercredi, semble en grande forme, même s’il n’a pas le profil d’un grimpeur. Au général, il devance le champion du monde de quatre secondes et c’est donc lui le mieux placé, derrière les sprinters actuellement en tête (Gaviria, Sagan, Dotti) dans la catégorie du coureur tout-terrain.
Un solide bloc Ineos
Ganna est surtout un équipier d’Egan Bernal, pour lequel cette montée sera le premier test sérieux en compétition. Le Colombien, qui avoue s’inspirer du retour au premier plan d’Evenepoel après sa lourde chute, possédera en tout cas pour l’épauler une équipe Ineos bourrée de ressources, plus forte sur le papier que Soudal-Quick Step. Remco Evenepoel n’a toutefois que faire de la théorie par rapport à une opposition collectivement supérieure. S’il décide d’y aller, équipe ou pas, il faudra coller à sa roue. Qui sera en mesure d’y parvenir ?
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