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Avant Denis Ducarme dans «Les Traîtres», quels sont les politiques qui ont fait des shows télé?

Jamais on n’avait vu un homme politique participer à un programme de divertissement en Belgique francophone. « Les Traîtres » marqueront peut-être un avant et après de ce côté de la frontière linguistique…

Captiver un public, faire en sorte qu’il boive vos paroles, soit fan de vous, tenir le rythme, maîtriser la prise de parole… Essayez de faire l’exercice et vous verrez qu’au jeu des points communs entre un animateur et un homme politique, vous aussi, vous en trouverez plus d’un. Certains ont même été avant tout des visages du petit écran avant de siéger dans un fauteuil de représentant du peuple. Citons, dans des genres diamétralement opposés – et là se limite la comparaison –, Berlusconi et Zelensky.

Qu’un politique se mette à raconter des blagues à la télé, à pousser la chansonnette tout en trémoussant, pas de cela sur les chaînes francophones de notre pays. La frontière entre politique et spectacle est en Wallonie hermétique apparemment. Un politique est invité aux émissions de débat pour défendre ses idées, c’est sérieux. S’il se met à prendre la tangente de l’humour, il perd de sa crédibilité. Ceci est loin d’être une vérité, c’est une plutôt une croyance culturelle. Il suffit de regarder ce qui se passe ailleurs. On a vu David Douillet, ex-champion de judo et surtout ex-ministre des Sports, fouler le parquet de « Danse avec les stars ». Toujours en France, Roselyne Bachelot, ex-ministre sous plusieurs gouvernements, dégomme à tout-va dans « Les Grosses têtes » sans qu’il y ait une levée de boucliers. Plus fort encore : le président Obama a participé à une télé-réalité de survie en Alaska.

En Flandre, cela ne fait pas débat

Plus près de nous, de l’autre côté de la frontière linguistique, en 2009 déjà, Bart De Wever cassait la baraque de l’audience en finale du très populaire jeu « De slimste mens ter wereld ».

Conner Rousseau l’a imité avant de créer la surprise dans l’édition flamande de « Mask Singer ». Franchement, mélodiquement, il se défend pas mal, même sous un déguisement de lapin. Comme quoi, le ridicule ne tue pas…

Plus récemment, un duo politico-sportif a passionné les téléspectateurs de Play 4 : Georges-Louis Bouchez contre Bart De Wever dans « The Container Cup ». Là, o aretrouvé un Bart De Wever en version fit pour des épreuves purement physiques. Courir, sauter, être endurant, c’était du costaud. Regardez à la minute 12, 14 la prestation tapis roulant du président du MR.

Casser les codes, être là où on ne l’attend pas, c’est du George-Louis Bouchez tout craché. Comme il nous l’a confirmé pour cet article : « En politique, il y a deux aspects. Il y a bien sûr le programme que l’on défend et la personnalité. Ces émissions permettent de découvrir ce second aspect et ce qui se cache derrière le rôle politique. Cette approche ludique permet de dévoiler une autre facette. Si chacun reste cantonné à son univers, les scientifiques dans leur labo, les sportifs dans leur discipline, etc. on perd la dimension humaine. La notion de société est plus large que de cloisonner les personnes dans des catégories. Donc, c’est positif, oui ! Et si cela permet d’intéresser à la politique des gens qui s’en désintéressent, tant mieux ! »

Denis Ducarme a-t-il voulu imiter son président de parti en acceptant de figurer dans le jeu psychologique des « Traîtres » ? «  Les émissions de divertissement en Flandre et dans les pays anglo-saxons intègrent des hommes politiques. Un jeu reflète la société, donc je ne vois pas pourquoi pas un politique en serait exclu ou serait différent d’un autre candidat journaliste ou sportif. Le politique doit avancer avec la société, il faut arrêter de se mettre des interdits. Cela permet de voir que les politiques ne sont pas des robots. Je suis d’avis que les hommes politiques doivent parfois casser les codes. Si je n’avais pas fait mes preuves en tant que ministre des indépendants et PME, quand j’étais chef de groupe au MR, je ne l’aurais pas fait. Je pense que le politique de manière générale reste beaucoup trop dans sa tour d’ivoire et est de plus en plus éloigné des gens. Le fait de venir ici est très différent d’apparaître quelques minutes dans une émission politique dans votre costume de politicien qui sort son texte, la ligne de son parti. Ici, il n’est pas possible de jouer. Ici vous êtes capté sous votre vrai visage », répond-il. La compétition dira jusqu’à quand il évitera l’élimination.

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