La RTBF diffuse les images d’une action policière musclée à Liège: le jeune homme frappé est déficient mental (vidéo)


Nous vous en parlions il y a quelques jours. Les faits remontent au 30 avril 2022. Un homme de 29 ans, atteint d’un handicap mental, est interpellé pour avoir dégradé un véhicule de police, et est emmené dans le commissariat Wallonie Liège-Centre, situé rue de la Régence.
Un procès-verbal pour rébellion, coups à agents, outrage et crachats est dressé par les policiers contre l’homme interpellé. Mais les policiers ne sont pas en reste. Car la scène a été enregistrée sur une bodycam de l’un des policiers, enclenchée par inadvertance. Vendredi, la RTBF publiait la vidéo de la bodycam où l’on pouvait y découvrir plusieurs policiers qui s’en prennent verbalement et physiquement à l’homme interpellé. L’enregistrement long de 19 minutes a été découvert par le contrôle interne de la police de Liège. On y voit les policiers frapper le jeune homme, l’étrangler, mais également l’insulter. « T’as vu sa gueule, il a été fini à la pisse » (sic) dit notamment une policière présente dans les locaux ce jour-là. Pendant ce temps, le jeune homme est au sol, le nez en sang.
L’affaire passera cette semaine devant la justice. Le procès s’ouvrira mercredi prochain devant le tribunal correctionnel de Liège. Huit inspecteurs liégeois sont poursuivis pour traitement dégradant et deux d’entre eux devront également répondre de coups et blessures. «Les faits tels que présentés sont contraires aux valeurs prônées par la zone de police de Liège et ne sont absolument pas admissibles. Ils ont donné lieu à l’ouverture de six dossiers disciplinaires à l’encontre de membres du personnel de police. Quatre sanctions sévères ont déjà été prononcées, deux dossiers étant toujours en cours. Deux des membres du personnel concerné ont été écartés de tout contact avec le public. La zone de police réitère sa confiance envers la justice», détaille le bourgmestre et président de la zone de police de Liège Willy Demeyer dans un communiqué.
Réduire la pression
Le bourgmestre socialiste a également noté que «la charge psychosociale pesant sur le personnel de police est en constante augmentation. Les agents affectés au commissariat Wallonie Liège-Centre sont particulièrement concernés par ce phénomène. Ce commissariat est en effet chargé de la gestion du territoire de l’hyper centre de la métropole», explique le président de la zone de police de Liège.
Après une concertation avec Willy Demeyer, «le chef de corps Jean-Marc Demelenne étudie une nouvelle organisation en vue de réduire la pression pesant sur les agents. Des formations complémentaires sont envisagées. Un accent particulier sera placé sur le leadership des encadrants», peut-on lire dans le communiqué.
«Ce dossier, à traiter avec le plus grand sérieux, ne doit pas obscurcir le travail remarquable effectué avec dévouement par nos forces de police. Rapport sera dressé, dans le respect des procédures, devant le conseil de police», conclut Willy Demeyer dans son communiqué.
Xavier Simons, mandataire SLFP, connaît bien la problématique du centre de Liège. Il réagit avec prudence à ces images. « Bavure ou pas ? C’est à la justice de faire son travail, ce n’est pas à nous de juger les collègues. Au niveau du syndicat, nous sommes contents de la réaction de Willy Demeyer (lire plus haut, NDLR). Il faut savoir que dans le centre de Liège, nous sommes confrontés tous les jours à des individus violents, injurieux, parfois porteurs de maladies transmissibles, ce qui rend les interventions parfois compliquées. Les collègues du centre de Liège ont une charge psycho-sociale importante et une pression très élevée, je pense qu’il faut aussi en tenir compte dans ce dossier ».