En ce momentConflit social chez DelhaizeVoléCorruption au Parlement européen Accueil Régions Mons Faits divers à Mons

La nuit du meurtre de Casimiro à Jemappes, la police laisse filer Logan: «Il transpirait, on a attribué ça au fait qu’il portait des vêtements de travail en plein mois d’août»

Les deux juges d’instruction et les policiers qui ont été chargés de l’enquête sur la mort de Casimiro Da Rocha Barbosa, tué de plusieurs coups de couteau le 9 août 2020 à Jemappes, ont témoigné devant la cour d’assises ce lundi.

Les faits ont eu lieu dans une grande bâtisse blanche, située rue Vieille Haine, transformée en plusieurs appartements, avec une grande cour à l’avant. La maison est entourée d’un mur et on y accède par une grille, qui s’ouvre à l’aide d’un code.

Les lieux du drame, rue Vieille Haine, à Jemappes.
Les lieux du drame, rue Vieille Haine, à Jemappes. - Archives E.G.

Vers 1h du matin, des policiers de la zone Mons-Quévy arrivent sur place, appelés par le propriétaire des lieux pour une suspicion de vol. Logan Hannecart, au volant de l’auto de Casimiro, a tenté de forcer le portail d’entrée à plusieurs reprises.

Le jeune accusé, Logan, a donné sa version des faits ce lundi matin.
Le jeune accusé, Logan, a donné sa version des faits ce lundi matin. - EG

Le propriétaire tente de joindre Casimiro, en vain. Il y a de la lumière chez lui, mais personne ne répond. À cette heure de la nuit, Casimiro est déjà mort. L’accusé déclare qu’il est un collègue de Casimiro et que ce dernier lui a prêté son véhicule, abîmé dans la tentative de fuite. Un policier appelle son supérieur, précisant que les déclarations « burlesques » de Logan Hannecart peuvent toutefois tenir la route.

La police le laisse partir

Les policiers se contentent d’un simple dossier de dégradation. « Il transpirait, on a attribué ça au fait qu’il portait une casquette et des vêtements de travail en plein mois d’août », raconte le policier, montrant une photo de l’accusé devant le commissariat.

Vers 15h, une autre patrouille mobile est appelée au même endroit. Les policiers se rendent dans l’appartement de Casimiro et constatent la présence de sang sur la porte. Selon un policier, c’est le sang du propriétaire qui s’était blessé en frappant le pare-brise de l’auto de Casimiro avec un marteau. «   Il ne s’est pas rendu compte, en frappant sur la porte, qu’il laissait des traces de sang   ».

Des scellés ont été posés sur la porte de l’appartement.
Des scellés ont été posés sur la porte de l’appartement. - Archives E.G.

Ils entrent et découvrent un corps au sol. La scène de crime est figée et le parquet de Mons est saisi. Une instruction est ouverte et la police judiciaire est envoyée sur place. Logan Hannecart, quant à lui, est déjà reparti vers Namur où il a une adresse de référence.

Dans l’appartement de la victime, les policiers relèvent de nombreuses traces de sang, dans la salle de bain, la salle à manger et la chambre de la victime, où gît celle-ci. Casimiro est couché sur le ventre, tête contre le mur, le bas du corps recouvert d’un drap. Il a été violemment frappé au thorax, un coup transperçant le sternum.

Casimiro, la victime.
Casimiro, la victime. - DR

La scène de crime

Il y a de nombreuses projections de sang sur la porte de la chambre, à une hauteur de trente à quarante centimètres.

Des vêtements ont été posés sur le sol, comme si l’auteur avait voulu empêcher le sang de s’écouler dans la pièce voisine. Un couteau est retrouvé sur le sol, l’arme du crime.

Les policiers sont informés des faits de la nuit et interrogent les proches de Logan Hannecart. Ils apprennent qu’il leur a raconté les faits, à travers des messages et une vidéo sur Messenger. Il leur a confié qu’il avait tué quelqu’un.

Le suspect est activement recherché. Les policiers utilisent la téléphonie pour le localiser. Le suspect est localisé à Namur, où il a une adresse de référence au CPAS. Commence alors un jeu de piste, car Logan change trois fois de planque. Il est arrêté le 18 août à l’avenue Stassart à Namur.

Arrêté 9 jours plus tard

Le juge d’instruction l’interroge sur sa relation avec la victime. L’accusé répond que c’est un ami, sans plus, et qu’ils n’ont jamais eu de relations intimes, bien que Casimiro lui demandait de lui faire des « trucs ». Il soutient fermement qu’il est hétérosexuel, alors que certains de ses proches ont déclaré qu’il était bisexuel.

Le juge d’instruction a insisté sur l’objet de sa présence dans l’appartement de la victime. « Il nous a expliqué qu’ils étaient allés à Mons, dans le centre, où tout était fermé en raison du confinement. Comme il a raté son train, il est allé chez la victime », déclare le magistrat.

Lors du crime, l’accusé prétend qu’il portait ses vêtements, sur lesquels aucune trace de sang n’a été relevée. Lors de l’enquête, il a déclaré qu’il était en caleçon.

Suite à la reconstitution, organisée en janvier, le juge d’instruction a interpellé l’accusé sur plusieurs points étranges. Il n’a obtenu que des réponses peu précises.

Lors de la saisine du juge d’instruction, le parquet avait retenu un vol, avec circonstance aggravante de meurtre. Finalement, il a scindé les deux faits, retenant le meurtre comme infraction principale, et plus comme circonstance aggravante.

Casimiro, tué et scalpé, à Jemappes: «Papa, j’ai fait une bêtise, j’ai tué un homme» raconte Logan à l’ouverture de son procès

Logan Hannecart, 22 ans, est accusé de meurtre et de vol devant la cour d’assises. Ce lundi matin, au début de son procès, il a raconté le déroulement de la soirée du 9 août 2020. Il a poignardé puis scalpé Casimiro Da Rocha Barbosa.

Ce 9 août 2020, Casimiro Da Rocha Barbosa est venu chercher Logan à la gare de Mons. Ils ont passé la soirée ensemble sur la place du Marché-aux-Herbes à Mons. En soirée, Casimiro dépose Logan à la gare, mais l’accusé rate le train de 22h11 à destination de Namur. Le jeune accusé raconte que Casimiro lui a proposé de dormir chez lui, dans l’appartement de la rue Vieille Haine à Jemappes.

de videos

« Viens avec moi sous la douche »

Ils sont arrivés chez la victime vers 22h30-23h et ils ont bu de la bière et du vin rosé. Il raconte encore qu’au milieu de la nuit, Casimiro s’est déshabillé. « J’ai vu qu’il avait un couteau et il m’a dit : ’viens avec moi dans la douche’. J’ai reculé, il s’avançait. Je lui ai mis une pêche dans le visage. Le couteau est tombé au sol. J’ai essayé de prendre le couteau, il a essayé de me mettre une pêche. Je lui ai porté le premier coup de couteau dans l’épaule. Il est allé dans la chambre. Je l’ai suivi, de peur qu’il prenne un autre couteau. Il a essayé de me frapper, et je lui ai porté d’autres coups de couteau, cela a été très vite ».

Casimiro, la victime.
Casimiro, la victime. - DR

L’accusé prétend qu’il a visé le thorax et le ventre. Il n’explique pas le scalp de sa victime au niveau du front… L’accusé prétend aussi qu’il portait ses vêtements lors du crime et que la victime a perdu beaucoup de sang. Or, aucune trace de sang n’a été relevée sur son pantalon.

Logan appelle son père

Après le crime, Logan a appelé son père. « Papa, j’ai fait une bêtise, j’ai tué un homme », lui dit-il avant de filmer la scène avec son téléphone. Logan a ensuite fouillé l’appartement. Il a embarqué la télé, revêtu les vêtements de travail de la victime et pris quelques objets qu’il a placés dans la voiture de Casimiro. C’est avec cette voiture qu’il a tenté de défoncer le portail d’entrée de l’immeuble à appartements.

Interrogé par la police après l’appel du propriétaire de l’immeuble réveillé par le bruit, Logan a été remis en liberté. Il est parti vers Namur, en train. Il a été arrêté le 18 août.

En aveux

En aveux des coups de couteau, il dit regretter son geste. Sa déclaration présente de nombreuses contradictions avec ce qu’il a déclaré lors de l’enquête, comme l’ont relevé la présidente et l’avocate générale. « J’ai arrêté de compter ses versions », déclare l’accusation.

La présidente de la cour d’assises.
La présidente de la cour d’assises. - EG

L’accusé conteste être bisexuel, comme l’ont déclaré ses proches. Il conteste aussi se prostituer dans la région de Mons avec des hommes, contre trente euros. Toutefois, il a déclaré que la victime lui donnait trente euros à chacune de leurs rencontres à Mons. Le juge d’instruction et les policiers témoigneront dans l’après-midi.

Notre sélection vidéo
Donnez votre avis sur le nouveau format de votre journal papier Sudinfo A ne pas rater

Aussi en Mons Faits divers

Voir plus d'articles