Mandat d’arrêt confirmé pour Alexandre, le jeune preneur d’otages du CEFA de Farciennes


Inculpé de prise d’otages et de port d’arme factice, Alexandre a comparu devant la chambre du conseil, assisté de son avocat, Me Jean-Pol Dallons. À ce stade, de très nombreux éléments d’enquête doivent évidemment encore être vérifiés et il n’était pas question d’un éventuel bracelet électronique, encore moins d’une libération sous conditions.
Jeudi passé, en fin de journée, Alexandre a fait irruption dans un établissement d’enseignement de promotion sociale de Farciennes et a pris plusieurs personnes en otages dans une classe d’élèves ambulanciers: il était à la recherche d’une personne qui lui devait de l’argent et tentait d’obtenir des informations pour localiser son débiteur. Il semblait agité et pas dans un état normal. Les forces de l’ordre ont immédiatement fait route, en nombre, vers le lieu de la prise d’otage, bloquant le quartier.
Le jeune homme a fini par se rendre, sans heurts, vers 18h20, il a alors été pris en charge par les policiers. En aveux des faits, il a expliqué au magistrat instructeur qu’il avait été forcé à participer à cette expédition par son dealer qui lui avait fait boire de la vodka et fumer des joints pour lui donner du courage: il évoquait ainsi une somme de 25.000 euros à récupérer. Il aurait finalement accepté par crainte de représailles à l’égard de sa famille, sa maman et ses grands-parents, dans la mesure où l’ordre venait de « plus haut », de gens dangereux. L’enquête n’en est donc toujours qu’à ses débuts…
La maman du preneur d’otages de Farciennes témoigne: «Je n’arrive pas à comprendre, ce que mon fils a fait est inexcusable»
C’est une mère catastrophée, peinée, affligée et remplie d’incompréhension que nous avons pu rencontrer ce lundi. Son fils a fait les titres de Une de tous les médias pour avoir pris une classe entière en otage, jeudi dernier, au CEFA de Farciennes.


Cette maman a souhaité entrer en contact avec nous pour exprimer son mal-être face à ce que son fils a commis. « Depuis le lendemain des faits, je ne vis plus », confie cette femme, qui a souhaité conserver un légitime anonymat. Durement frappée par ce qu’elle a appris, cette mère de famille, qui a élevé seule son fils, est aux abois.
« Depuis les événements et les faits que mon fils a commis, je n’ai aucune nouvelle de la police. J’ai pu voir mon fils à deux reprises, au parloir de la prison, ce dimanche et aujourd’hui (ce lundi, NDLR). Il ne dit pas grand-chose… Tout juste m’a-t-il dit ce que vous savez déjà : il devait visiblement de l’argent, beaucoup d’argent, et son dealer l’aurait obligé à faire ce qu’il a commis ce jeudi à Farciennes. »
Cette mère l’avoue aussi : « Oui, il est confronté à la drogue : je sais qu’on parle de cannabis, d’herbe, mais je n’ai pas connaissance d’autres types de drogues. Vous savez, je n’avais plus beaucoup de contacts avec lui, depuis au moins six mois. J’ai essayé de faire ce qu’il fallait, mais non, il n’a jamais été un enfant facile à élever… »
Il vit chez ses grands-parents
On apprend qu’Alexandre n’a pas terminé ses humanités : « Il a pourtant travaillé, il a aligné toutes sortes de contrats en intérim, dans le secteur de la construction. Il vit chez ses grands-parents, mes parents. Pour eux aussi, ça a été une catastrophe d’apprendre ce qu’il venait de faire. »
Car la famille, comme nombre de personnes, a suivi les informations, ce jeudi dernier, lorsque la prise d’otages a été connue et était toujours en cours. « À aucun moment, nous n’avons pensé qu’il pouvait s’agir de lui ! », s’étrangle encore la mère. « Nous n’avons aucune accroche du côté de Farciennes, aucun lien particulier. Non. Encore maintenant, je n’arrive pas à comprendre. Lui dit qu’il y a été forcé… Et qu’il n’était pas tout seul, ce soir-là ! » Cette thèse-là, en effet, avait été évoquée le soir-même des faits : des devoirs d’enquête sont toujours en cours, pour déterminer ce qu’il en est exactement.
À cause de son dealer
« Mon fils assure en tout cas avoir été menacé par son dealer, à qui il devait une petite somme pour sa consommation personnelle », poursuit sa mère. Selon lui, le preneur d’otages aurait d’abord cru qu’il allait servir de chauffeur mais au final, c’est lui qui a dû rentrer dans l’école.
« Mon fils a paniqué : son dealer lui aurait assuré qu’il connaissait l’adresse de ses proches. Il a eu peur et c’est ainsi qu’il est entré dans cette école », poursuit notre interlocutrice… Ce ne serait pas la somme qu’il devait à son dealer qui l’a convaincu mais bien les menaces envers sa famille. Toujours d’après ses dires, son complice lui aurait fait boire de la vodka et fumer des joints avant qu’il ne rentre dans l’établissement scolaire ! Jeudi soir, quand les forces de l’ordre l’ont intercepté, le jeune homme n’était en tout cas plus en possession de ses moyens.
Sous influence ?
« Mon fils m’a expliqué qu’on lui avait fait des prises de sang pour toutes sortes d’examens », confirme sa mère. Ce mardi, le jeune homme passera devant la chambre du conseil de Charleroi. « Il sait ce qu’il a fait, il assumera, mais c’est vraiment très difficile à vivre, nous n’aurions jamais cru qu’il en arriverait à cela », confie encore la mère du jeune homme. « Ce qu’il a fait est inexcusable, mais il vit dans la peur, même en cellule ! »
Prise d’otage à l’école de Farciennes: voici une partie de la fin de l’intervention en vidéo!
Une enseignante et ses sept élèves ont été pris en otage dans une école de Farciennes, ce jeudi soir.





Ce vendredi matin, le procureur du Roi de Charleroi a donné une conférence de presse, et a dressé un portrait peu flatteur du preneur d’otages. L’individu est âgé de 22 ans. Il est déjà connu des services de police, et de la justice. Au moment des faits, le forcené était armé d’un pistolet d’alarme, ressemblant à s’y méprendre à une véritable arme à feu. Il a privé les otages de leur téléphone portable. Plusieurs étudiants ambulanciers comptaient parmi les otages. Cette formation est adressée à des majeurs.
D’après les premiers éléments de l’enquête, le jeune homme souffre de problèmes psychologiques. Quand la prise d’otage a eu lieu, il semblait sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants, mais des analyses toxicologiques doivent encore le confirmer.
Aucun blessé n’est à déplorer fort heureusement, mais la situation aurait pu virer au drame. Sur place, les policiers de la zone d’Aiseau-Presles, Châtelet et Farciennes sont intervenus en nombre. D’autres zones sont venues en renfort, comme celle des Trieux mais aussi les unités spéciales de la zone de police de Charleroi. Au final, il était 18h20, quand l’individu est sorti de l’établissement scolaire, après avoir déjà laissé sortir certains élèves quelques minutes auparavant.
Quoi qu’il en soit, quand le suspect est sorti, il était accompagné de trois otages, l’enseignante et deux élèves. Il a immédiatement obtempéré aux injonctions des policiers, et s’est mis au sol.
De 20 à 30 ans de prison !
Après la prise d’otage, l’homme a été hospitalisé en raison de son état psychologique instable. Il devait être auditionné ce vendredi en fin de journée. Pour rappel : la prise d’otage est punie d’une peine de 20 à 30 ans de prison par le code pénal. La peine peut bien entendu varier en fonction des circonstances aggravantes ou atténuantes. Le fait qu’il se soit rendu lui-même peut être pris en compte par la justice. Ce jeune homme a déjà un casier judiciaire : il a été condamné en 2021 du chef de rébellion, outrage à agent et, déjà, port d’arme.