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«Les femmes sont encore jugées quand elles parlent de sexualité»: Tania Dutel, l’humoriste sans tabou, arrive en Belgique avec son spectacle déconseillé aux moins de 16 ans

Elle se produira ce samedi 4 février au Centre culturel d’Auderghem.

Vous êtes une des révélations du stand-up actuel. Vous vouliez d’emblée vous diriger vers ce registre ?

Pas forcément. Je voulais jouer sur scène, j’aime beaucoup le théâtre. Mais quand je suis arrivée à Paris à l’âge de 19 ans, j’ai vu le spectacle de Mustapha El Atrassi et ça m’a donné envie de faire du seul en scène.

Votre spectacle, « Les autres », parle du regard que les autres portent sur nous. Pour vous, on vit en partie pour la façon dont on nous perçoit ?

Oui. On vit rarement les choses seul. Dès qu’on fait quelque chose, c’est en fonction des autres. Ça va de la façon dont on s’habille jusqu’aux implants capillaires. Je raconte uniquement des anecdotes personnelles, très personnelles même. L’idée est venue durant le deuxième confinement, où je me suis rendu compte que je m’empêchais de faire certaines choses à cause des autres. Mais c’est dur de se détacher du regard des autres, car les réseaux sociaux, où c’est parfois extrêmement violent, nous ramènent à la réalité.

Vous avez une façon très directe, sans fioriture de balancer les choses sur scène que ce soit dans le langage ou votre intonation…

Je sais que parfois c’est surprenant car on a l’habitude de voir des humoristes qui rigolent à leurs propres blagues. Je n’aime pas ça. Je raconte donc des choses comme si je les racontais à des potes. Je ne force pas le trait.

Vous faites dans le trash. Qu’est-ce qui vous plaît là-dedans ?

Pour moi, ce n’est pas du trash. Je trouve qu’on se censure beaucoup quand on aborde certains sujets. Les femmes sont encore énormément jugées quand elles parlent de sujets comme la sexualité. Je veux donc aborder des sujets qui sont considérés comme tabous mais qui ne devraient pas l’être. J’en parle comme si c’était normal.

Il n’y a pas du progrès à ce niveau ? D’autres humoristes femmes poussent le curseur très loin, comme Laura Laune…

Il y a des gens qui estiment toujours que les femmes ne devraient pas parler de ceci ou cela. Je vois ça dans les commentaires des vidéos. Ou alors si on aborde la sexualité, ça devient « toutes les femmes ne parlent que de ça ». Or, les hommes en ont toujours parlé depuis toujours, alors que les femmes, non, on n’a pas pu le faire durant très longtemps. Moi, je veux montrer qu’on peut en parler sans que ce soit un problème et le jour où ce ne sera effectivement plus un souci, je n’en parlerai plus et je passerai à autre chose. Mais on n’en est pas encore là.

Il y a un côté féministe dans votre démarche ?

Oui. C’est très féministe. Je parle de ce dont j’ai envie, si vous n’aimez pas, ce n’est pas mon problème.

Le spectacle est déconseillé aux moins de 16 ans. Vous avez quand même parfois des spectateurs qui viennent avec leurs enfants ?

C’est assez rare, mais ça arrive. Sur mes dernières dates, j’ai eu deux enfants de 12 ans et un de 15 ans. Dès que je les vois, je leur parle directement, je leur demande s’ils savent ce qu’ils sont venus voir. Et généralement il n’y a aucun problème. Mais c’est déjà arrivé qu’il y ait des parents qui ne savaient pas à quoi s’attendre.

Vous pensez déjà au spectacle suivant ?

J’ai déjà des idées, qui ne sont pas du tout liées à la sexualité, mais plutôt des sujets de société.

Samedi 4 février au Centre Culturel d’Auderghem. Réservations : ici

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