Acquitté une première fois, ce Verviétois est à nouveau jugé pour trafic de drogue


En novembre dernier, un jugement incroyable acquittait un Verviétois chez qui, dénoncé par sa compagne, on avait trouvé pas moins de 5 kg de cannabis et 4.800 euros alors qu’il émargeait au CPAS. L’homme prétendait que le sac découvert derrière une palissade n’était pas à lui, et l’argent non plus, qu’il était à son frère qui lui avait confié. Le tribunal avait estimé que le sac pouvait bien provenir d’un voisinage douteux, et que l’argent saisi n’était pas à lui seul une preuve d’un trafic de drogue. Il a même ordonné que cette somme lui soit rendue. Pour le moins étonnant !
Mais le plus effarant dans cette histoire, c’est que ce même tribunal ne pouvait ignorer qu’il allait devoir juger à nouveau le même homme… pour trafic de drogue ! Un dossier antérieur à celui qui lui a valu cet acquittement. En effet, lors d’une perquisition menée en octobre 2020 suite à une suspicion de trafic d’armes, on découvre dans son appartement rue aux Laines à Verviers, dissimulés dans plusieurs cachettes, un total d’un kilo de cannabis et 8.000 euros, ainsi que deux balances de précision. Lors de cette perquisition, il se barre, la police finissant par le retrouver sur un toit !
Devant le tribunal où il comparaît libre, Younes Harika (25 ans) adopte la même argumentation que pour l’affaire précédente, pourquoi pas puisque cela lui a réussi : la drogue et l’argent ne sont pas à lui, car à ce moment, il vivait chez sa copine et sous-louait son appartement à un certain Ilias. Qu’on n’a jamais cependant pu identifier.
Sapé comme un milord
Mais Mme Albert, ministère public, a assez de biscuits pour le confondre. Ainsi, outre la drogue et l’argent saisis, on a relevé sur un GSM pas moins de 2.000 appels et 4.480 sms et sur un autre plus de 10.000, dont un certain nombre de contacts avec des toxicomanes. Tous ces appels sont localisés rue aux Laines, ce qui prouve qu’il vivait bien là-bas. Des signes de richesse évidents renforcent l’idée de revenus très éloignés de ceux acquis au CPAS : il possède deux TV ultra-dimensionnées, des vidéos le montrent notamment à Paris au volant de Porsche, de Ferrari, de Lamborghini et des photos où il apparaît sapé comme un milord, en voyage dans des pays exotiques.
Des voisins disent qu’ils l’ont vu à plusieurs reprises à cette adresse, contrairement au fantomatique Ilias, jamais identifié, et qui ne se trouve même pas dans ses contacts. Et des toxicomanes disent qu’ils achetaient leur came à un homme qui se faisait appeler le « Bruxellois », surnom qu’on donnait à Harika car il est né à Bruxelles. Assez curieusement, le ministère public ne réclame qu’une peine de travail et 8.000 euros d’amende.
Au cours d’une convaincante plaidoirie, Me Bertrand Thomas, l’avocat de l’accusé, tente de prouver par divers éléments présentés avec habilité, qu’il n’habitait plus dans son appartement à cette époque, et qu’Ilias existait bien, qu’il pourrait être un cousin qui lui ressemble et qui s’appelle précisément Ilias. Il demande donc, vous l’aurez deviné, son acquittement. Jugement dans un mois.