Lors d’une année marquée par l’Ukraine et l’énergie, le groupe BEI a engagé 72,5 milliards


Il s’agit d’un montant qui devrait permettre de mobiliser pour 260 milliards d’euros d’investissements et créer 950.000 emplois d’ici 2026, indique la «banque de l’UE» dans ses résultats annuels publiés jeudi. Sur les 72 milliards, 2,66 concernent la Belgique, dont une part importante (33%) dans le domaine des transports.
Pour Werner Hoyer, président de la BEI, c’est «mission accomplie» après une année marquée par la crise énergétique et l’invasion de l’Ukraine par la Russie. «On anticipait début 2022 un niveau d’activité plus bas, mais tout a changé avec la guerre. Derrière ces chiffres massifs, on retrouve des impacts réels et tangibles», a-t-il assuré en conférence de presse.
Le Groupe BEI se félicite entre autres d’avoir rapidement contribué à l’aide à l’Ukraine, avec un décaissement d’1,7 milliard d’euros pour soutenir des réparations d’urgence aux infrastructures endommagées.
Un autre motif de réjouissance est la part des financements consacrée à une énergie et une économie plus durables et plus vertes, et contribuant à la lutte contre le changement climatique. La BEI se veut la «banque du climat», et voit dans la crise énergétique et la nécessité soudaine de se défaire des hydrocarbures russes une validation de sa politique de soutien à l’électrification et à la transition verte. «Notre financement de l’énergie ’propre’ a atteint 19,4 milliards en 2022, un record», annonce Werner Hoyer.
De manière globale, la BEI établit sa part de «financements verts» à 58% ou 36,5 milliards d’euros. Cette part atteint même 68,5% en Belgique.
En Belgique, BEI et FEI ont injecté en tout 2,66 milliards dans des projets sur les trois Régions, avec une part importante dans le domaine des transports (33%), de l’énergie (20%) et pour les PME (22%, ces aides passant avant tout par le FEI). Cela aurait pu être davantage, a souligné jeudi Kris Peeters, vice-président de la BEI, si l’existence de la taxe bancaire ne refroidissait pas les banques belges à l’idée d’engager des lignes de crédit avec la BEI pour en faire bénéficier les PME à taux avantageux. À cause de cette particularité belge, les banques du pays jugent qu’il leur est trop coûteux d’avoir ce genre de dettes auprès de la banque de l’UE, et les PME belges, au contraire de leurs voisines, ne bénéficient donc pas des prêts BEI spécifiques aux projets de petite et moyenne dimension.
Cela fait plusieurs années que cet élément est mis en lumière, mais sans avancée jusqu’ici, regrette Kris Peeters. «Quand le Premier ministre Alexander De Croo dit que le pays a besoin de la BEI, il faut peut-être d’abord penser à régler cette question. On doit encore voir, en revanche, quel impact auront les taux d’intérêt qui augmentent».
Au-delà de cette problématique, les activités de la BEI en Belgique montrent que notre pays est une «powerhouse» européenne d’innovation, selon Kris Peeters. Il y a eu pour plus de 250 millions de prêts destinés au secteur de l’innovation, dont 25 millions par exemple pour ExeVir, une biotech liée à l’université de Gand qui développe un traitement contre la Covid-19 à partir de nano-anticorps du lama.
«En 2023, nous allons certainement poursuivre la tendance à la hausse en matière de financement de projets climatiques. Nous voulons également accorder une attention particulière à la mise à disposition de prêts d’amorçage-investissement afin que les entreprises des secteurs stratégiques puissent obtenir les fonds dont elles ont besoin et rester en Europe.», souligne Kris Peeters. Le Belge cite des projets dans les secteurs hospitalier, de l’énergie renouvelable et de la fibre.