Tipp-ex sur des factures, tickets de caisse découpés, soupçon d’usurpation d’identité: le rapport accablant concernant le Centre sportif d’Elouges Dour va être transmis à la justice!


Une commune qui dénonce au procureur du Roi des problèmes internes au sein d’une ASBL communale : voilà qui n’est pas commun. En effet, ce jeudi soir, le conseil communal de Dour devra approuver la transmission au procureur du Roi de Mons du rapport remis par l’expert qui a analysé les comptes de l’ASBL Centre Sportif Elouges Dour (CSED), qui gère le hall omnisport de la rue de la Tournelle à Elouges.
Un contexte tendu
Pour comprendre cette situation inédite, il faut revenir quelques mois en arrière. À la fin de l’année 2022, un gros changement s’opérait dans le conseil communal de Dour : le MR s’est fait éjecter de la majorité, et le PS a rejoint les rangs des Engagés (ex-cdH). La raison : « des marques de déloyauté et de débats pollués par des problèmes personnels », justifiait alors le bourgmestre de Dour, Carlo Di Antonio.
En janvier, le premier conseil communal avec la nouvelle majorité avait lieu. Il devait approuver la démission du président actuel du centre sportif, Marcel De Raijmaeker. L’opposition (désormais composée du MR) ne voulait pas permettre cette démission, afin de « dévoiler toutes les erreurs dans la gestion du centre sportif pour que chacun puisse assumer ses responsabilités », avait demandé l’ex-échevin des Sports et désormais conseiller de l’opposition Patrick Poli.
Un rapport accablant
C’est ainsi qu’il a été décidé de créer un groupe de travail chargé d’analyser la situation comptable et administrative de l’ASBL. Un expert juriste-comptable a également été désigné. Le 6 février dernier, l’expert a donc rendu son rapport qui met en lumière diverses infractions aux lois comptables.
Voici les infractions constatées par l’expert : « Une présence dans la comptabilité de factures non destinées au CSED mais bien à une ASBL privée, locataire de l’annexe du centre sportif et introduites, par divers moyens, dans la comptabilité de l’ASBL communale afin d’être payées sur les fonds publics », « la falsification de documents en vue d’une prise en charge financière par le CSED de dépenses ne lui incombant pas (tipp-ex sur des factures et altération de tickets en les découpant) », « un litige concernant la conclusion d’un contrat avec Orange (avec soupçon d’usurpation d’identité) » ou encore « constat de paiements réalisés à partir du compte du CSED pour des dépenses de l’ASBL SOSE (Saint-Odile Sports Elouges) pour l’entretien d’une pompe à bière et une assurance incendie ».
À qui la faute ?
Face à ces constats, la commune se voit dans l’obligation de dénoncer ces faits au procureur du Roi en lui transmettant le rapport. « On n’a pas d’autre choix, lorsqu’on constate des manipulations d’une ASBL publique comme c’est le cas, on doit les dénoncer sinon la commune devient complice », réagit le bourgmestre de Dour, Carlo Di Antonio.
Quand on lui demande qui a effectué ces versements frauduleux, le bourgmestre répond : « Un administrateur ». Le rapport concerne les activités 2021-2022 de l’ASBL CSED. Présidée par Patrick Poli jusque fin 2018 puis par Marcel De Raijmaeker jusqu’en janvier dernier, l’ASBL est gérée par plusieurs administrateurs qui détiennent une carte bancaire.
Contacté par nos soins, l’ex-échevin des Sports Patrick Poli n’a pas souhaité réagir pour le moment.
« Un écran de fumée »
C’est désormais au procureur de Roi de se pencher sur l’affaire et de déterminer une bonne fois pour toutes qui a mené ces opérations frauduleuses…
Ce lundi, le MR de Dour organisait une conférence de presse concernant le départ « forcé » d’Alain Miraux de l’ASBL Dour Centre-Ville et pointait du doigt « l’énième coup bas » du bourgmestre. « Le MR tente l’écran de fumée pour occulter le point qui les concerne au conseil communal de ce jeudi », répond Carlo Di Antonio.
Alain Miraux, commerçant et élu MR, quitte la présidence de Dour Centre-Ville: «C’est un énième coup bas»
Alain Miraux, bijoutier, est retraité depuis le début de cette année. Il quitte la présidence de Dour Centre-Ville. Fondateur de l’ASBL en 1998, il en a été le président pendant une quinzaine d’années. Le MR dénonce un nouveau coup bas politique.


« C’est un énième coup bas » lance Pierre Carton, ancien échevin MR à Dour. Alain Miraux, membre-fondateur de l’ASBL Dour Centre-Ville depuis 25 ans, doit quitter la présidence de l’association.
« C’est bien une stratégie politique » s’exclame Jacqueline Galant, présidente de la fédération MR de Mons-Borinage, présente à la conférence de presse de ce lundi matin « en soutien » aux membres de son parti. Selon le MR, Alain Miraux a été éjecté de façon « brutale ».
« Suite aux pressions du bourgmestre Carlo Di Antonio, j’ai dû quitter la présidence, un mandat réalisé bénévolement et sans casquette politique ». Alain Miraux siégeait pour la partie privée de l’ASBL et non en tant que mandataire communal. Son retrait obligé n’a « aucun sens selon nous. Il ne siégeait pas pour le MR, c’est un dommage collatéral des déconvenues récentes », précise encore Pierre Carton.
« Les intérêts politiques »
Alain Miraux, qui a considéré pendant de longues années Carlo Di Antonio comme un ami, dit-il, déplore lui aussi un « coup bas ».
« Je n’ai reçu aucun appel et on m’a prié de faire un pas de côté. Carlo Di Antonio ne m’a pas laissé le choix, puisque selon lui, je devrais, sinon, assumer les conséquences. Qu’est-ce que veulent dire ces menaces ?» se questionne-t-il. Pour Pierre Carton, les subsides communaux seraient clairement menacés et donc l’emploi : « L’ASBL emploie six personnes en CDI, des personnes qui plus que jamais ont besoin de leur travail. J’espère que le PS a à cœur de sauvegarder leurs emplois ».
Une saga sans fin
C’est le président de l’Union Socialiste Communale (USC), Gauthier Debrue, qui devient président de l’ASBL Dour Centre-Ville.
De son côté, le bourgmestre Carlo Di Antonio explique que la commune ne soutiendrait pas une ASBL gérée par l’opposition, mais que les subventions communales sont toujours là. « Dans le budget 2023, le même montant que d’habitude a été alloué. » Le maïeur tient également à préciser qu’Alain Miraux reste vice-président.
Cette bisbrouille subvient dans un contexte très tendu entre les anciens partenaires de majorité depuis que les Engagés (ex-CDH) ont éjecté le MR de la majorité au profit du PS...
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