150 à 200 ex-occupants du squat de la rue des Palais ont passé la nuit le long du canal

Entre 150 et 200 ex-occupants du squat de la rue des Palais à Schaerbeek, dont l’évacuation s’est achevée mercredi, ont passé la nuit sur les trottoirs le long du canal, en face du petit château, a indiqué jeudi le mouvement « Stop à la crise d’accueil », qui réunit plusieurs associations et collectifs de défense des droits humains.

Les anciens occupants du squat, parmi lesquels se trouveraient des demandeurs d’asile, ont rejoint la cinquantaine de personnes qui logeaient déjà le long du canal.

« Des collectifs citoyens et des voisins ont distribué des couvertures. Au fur et à mesure de la soirée, des tentes ont également été apportées à la suite d’un appel lancé sur les réseaux sociaux », explique le mouvement « Stop à la crise d’accueil ».

Bracelet bleu

Selon la même source, « la majorité de ces personnes sont détentrices du fameux ‘bracelet bleu’ (attestant qu’elles occupaient le bâtiment de la rue des Palais), à qui les autorités promettaient jusqu’à ce mercredi après-midi la prise en charge ».

Les travailleurs sociaux et des bénévoles présents pendant les deux journées d’évacuation du squat ont dénoncé une « gestion calamiteuse » par les autorités.

Mardi 14 février 250 personnes occupant les lieux ont été prises en charge. L’opération sanitaire s’est achevée mercredi, la Cocom a réalisé le screening des 250 personnes prises en charge. Ce screening a permis d’identifier trois cas de tuberculose, un cas et une suspicion de diphtérie pulmonaire et sept diphtéries cutanées. Toutes ces personnes ont été transférées vers l’hôpital Saint-Pierre. Par ailleurs, 46 cas de gale ont été identifiés et traités. Pour les personnes qui ont été prises en charge mercredi, le protocole sanitaire sera repris par les associations qui s’occuperont du relogement.

Au total près de 1.000 personnes ont pu être relogées depuis le recensement opéré fin janvier par Fedasil et le Samusocial. Ce chiffre total est supérieur aux 784 personnes identifiées à ce moment-là.

Le bâtiment est à présent vide et condamné, en attendant des travaux menés par la Région afin de le réhabiliter en un centre d’accueil digne, pour personnes vulnérables.

Une riveraine indignée

«Nous sommes chaque fois un peu plus estomaqués du peu d’actions entreprises» par les autorités pour sortir ces personnes de la rue, bouillonne Ine Vos, une riveraine. «Cela fait des mois qu’une cinquantaine d’Afghans campent sur le pont dans des conditions indignes. Hier soir, une centaine de plus est arrivée», poursuit-elle jeudi. Les autorités avaient pourtant affirmé qu’elles relogeraient les occupants du «Palais des droits», ce bâtiment schaerbeekois que la Région bruxelloise entend rénover pour créer un véritable centre d’accueil. Dans cette optique, ces personnes avaient reçu un bracelet bleu.

«Il ne s’agit pas ici de l’embarras que pourraient causer» ces habitants improvisés du canal, souligne Ine Vos, ajoutant qu’ils maintiennent les lieux «propres et font de leur mieux». «Il s’agit simplement du fait qu’une piste cyclable n’est pas faite pour accueillir des tentes. Ces personnes doivent tout simplement être relogées», insiste-t-elle.

Les riverains craignent que cette situation précaire s’éternise... «On continue de le marteler, mais on dirait que tout le monde pense que le problème se situe ailleurs et qu’il va se résoudre tout seul. Je passe ici chaque matin avec mes enfants. Je finis par me sentir coupable de pouvoir rentrer chez moi et de dormir au chaud.»