Assises de Namur: la défense de l’accusé Terry Hoyoux demande aux jurés de ne pas prononcer une peine de plus de 20 ans


Ce jeudi, devant la cour d’assises de Namur, Mes Dulieu et Gilissen ont demandé aux jurés de reconnaître des circonstances atténuantes et de ne pas prononcer une peine de plus de 20 ans de prison à l’encontre de Terry Hoyoux, 26 ans, reconnu coupable le 10 mai 2022 du meurtre d’Anita Lekeu, de vol avec effraction, escalade ou fausse clef et de fraude informatique par la cour d’assises de Liège. Après un passage devant la cour de cassation, l’affaire revenait cette semaine à Namur, où les débats portaient uniquement sur la peine. Plus tôt dans la matinée, l’avocat général Schils avait requis 27 ans de prison à l’encontre de l’accusé, qui a commis les faits à Wanze la nuit du 24 au 25 octobre 2019.
La cour d’assises de Liège avait prononcé à l’égard de l’accusé une peine de 25 ans de prison, tout en lui reconnaissant des circonstances atténuantes, à savoir l’absence d’antécédent judiciaire, son jeune âge, son parcours de vie et sa personnalité. Si la fourchette légale de peine pour un meurtre est comprise entre 20 et 30 ans, le fait de reconnaître des circonstances atténuantes ramène celle-ci à une fourchette de 15 à 20 ans. L’arrêt de condamnation de la cour d’assises de Liège a donc été cassé par la cour de cassation en octobre dernier, après un pourvoi du ministère public, deux semaines après le verdict.
« Il s’est emmuré »
La défense a pris la parole en milieu de matinée. Me Dulieu a plaidé en premier. «Terry Hoyoux a commis l’effroyable. Nous ne voulons pas adoucir les actes commis. Ils sont horribles, innommables, irréparables. Notre client doit être puni. Il en est conscient et assume. Il peut sembler taciturne: il s’est emmuré derrière un mur de culpabilité, composé de la honte qu’il éprouve vis-à-vis de sa famille pour avoir ôté la vie à un proche, d’avoir déçu sa maman, de l’avoir obligée à organiser sa capture. Derrière ce mur, je ressens de la culpabilité. »
L’avocat est revenu sur les circonstances de la vie dans la rue de son client, devenu SDF 6 mois avant les faits. «Ses pieds étaient d’une couleur effroyable, sa mère lui a donné de l’argent pour qu’il s’achète des chaussures. Elle l’a vu dormir dans un carton, dans un kiosque au parc royal à Bruxelles. Les nuits qui précédaient les faits étaient de plus en plus froides. Il devait se réfugier dans le métro pour se protéger du froid. Il était face à un gouffre, même s’il l’a creusé lui-même. C’est à ce moment que survient l’idée malsaine de voler sa grand-mère de coeur. Il savait pertinemment qu’elle se rendrait compte qu’il l’avait volée.»
Selon Terry Hoyoux, la victime lui aurait fait des reproches, un «flux de paroles continu». «Rien ne justifie l’acte irréparable qui s’est déroulé mais c’est ainsi qu’il explique le passage à l’acte, l’étranglement et les coups de couteau portés à Anita Lekeu. Il n’y a que la vérité qui blesse et elle a déclenché un accès de fureur.» Me Dulieu a ensuite demandé aux jurés de ne pas tenir compte d’une éventuelle libération conditionnelle au moment de chiffrer la peine de son client, celle-ci pouvant dépendre d’une multitude de facteurs.
« Les faits sont sordides »
Me Gilissen a lui mentionné le passé de son client. «Il évoque ses problèmes familiaux du bout des lèvres. Or, cela fait partie de sa personnalité carencée. Il n’était pas désiré, son père buvait au quotidien, il a été élevé seul par sa maman jusqu’à l’âge de quatre ans puis elle est partie vivre en Espagne. Un abandon affectif, il n’a jamais pu se poser ou se livrer émotionnellement. Son enfance n’a pas été heureuse comme il le dit, son père était absent ou lui faisait passer des journées au café. On ne s’est jamais occupé de lui. Les carences affectives et le sentiment d’abandon sont réels chez lui. Il a été mis à la porte de chez son père à l’âge de huit ans. Comment s’étonner qu’il soit tombé dans le vol et la marijuana? »
Et de poursuivre: «Les faits sont sordides. Mais des circonstances atténuantes sont de nature à diminuer le taux de la peine dans une fourchette comprise entre trois et 20 ans. Nous vous demandons de ne pas prononcer plus de 20 ans de prison à l’encontre de Terry Hoyoux. Vous pourrez retenir les aveux de notre client, son jeune âge et son immaturité, son parcours de vie, sa personnalité et notamment sa générosité envers ses proches.»
Deux autres circonstances atténuantes peuvent aussi être retenues selon l’avocat: «Son casier judiciaire était vierge au moment des faits, même s’il a été condamné pour vol après ceux-ci. Nous n’en tiendrons pas compte. Il a des remords et essaie de se resocialiser, de revoir sa famille, d’évoluer. Il a un travail et même un poste de confiance comme livreur à Lantin. Il ne consomme plus de drogue. Son attitude, ses remords et tentatives de reconstruction doivent faire partie des circonstances atténuantes. Il serait injuste d’aggraver la situation de Terry Hoyoux à cause du problème technique qui s’est posé et du fait qu’il soit aujourd’hui rejugé.»
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