Climat: la France confrontée à une sécheresse inquiétante

Depuis quelques semaines, nos voisins gaulois prient pour que le ciel leur tombe (enfin) sur la tête. La France souffre d’une sécheresse qui commence à sérieusement inquiéter plus d’un secteur. Ce lundi, on a ainsi dépassé le record de jours sans la moindre précipitation pour cette saison, à savoir plus de trente jours. C’est totalement inédit et ça concerne l’ensemble de la France. La pluie est attendue pour ce mercredi mais il faudra voir pour combien de temps. Depuis le 21 janvier, il y a bien eu quelques précipitations, mais ensemble, elles n’ont pas dépassé… 7 mm sur l’ensemble du pays. Ce qui correspond à « seulement 10 % de la normale » de la saison, comme le relève un prévisionniste de Météo France cité par TF1.
Cette sécheresse s’ajoute à celle de l’été 2022, qui avait aussi touché la Belgique. Et elle tombe d’autant plus mal que cette saison est celle où, théoriquement, les nappes phréatiques doivent se remplir. Des nappes durement éprouvées par l’été 2022.
Avant avril
En avril, ces nappes doivent avoir été rechargées parce qu’ensuite, l’eau qui tomberait encore du ciel ou celle qui serait toujours en surface ou dans la couche superficielle de terre sera utilisée par les plantes et n’alimentera donc plus les nappes.
La situation est donc critique. Un spécialiste en agroclimatologie, Serge Zaka, parle même sur France Info de « bombe à retardement si les nappes phréatiques ne sont pas rechargées d’ici le mois d’avril ». Le spécialiste relève que la situation actuelle est la conséquence d’une séquence qui a démarré en août 2021. « On a eu 14 mois qui ont été déficitaires au niveau des précipitations sur la France et on a une récurrence de ces faibles précipitations », dit-il encore à nos confrères de France Info.
Restrictions
La situation est donc très préoccupante pour l’agriculture. Que ce soit pour préparer la terre aux futures cultures ou pour les plantes, l’eau est évidemment indispensable. Et pour l’instant, dans de nombreuses régions de France, elle n’est pas là. Au point que deux départements, les Pyrénées-Orientales et le Var, sont en alerte sécheresse avec des restrictions dans l’utilisation de l’eau. Certains plaident aussi pour une modération stricte de l’utilisation des nappes phréatiques, pour tenter d’anticiper une éventuelle canicule comme celle de l’été dernier. D’autres départements pourraient suivre et imposer des restrictions d’eau, y compris en Bretagne.
Dans le sud de la France, toujours, on a déjà assisté à des incendies. Ce n’est pas la première fois qu’un tel phénomène se produit, mais ça reste inquiétant en cette saison.
D’autres conséquences de la sécheresse pourraient se faire sentir. On songe par exemple à ces centrales nucléaires refroidies par les cours d’eau à côté desquels elles sont implantées. Si l’eau baisse trop, les centrales risquent d’être mises à l’arrêt.
On n’en est pas là, mais il est clair que les pluies sont attendues avec impatience. Les Français vont finir par nous envier notre climat.
La Wallonie surveille ses nappes phréatiques


En Belgique et singulièrement en Wallonie, risquons-nous une situation à la française ? Intuitivement, nous serions tentés de répondre non. Ce n’est pourtant pas si simple.
« Nous avons connu des précipitations importantes du 8 au 16 janvier », nous dit Stéphanie Ernoux, du Service public de Wallonie. « Ensuite, une longue période d’accalmie a été observée sur l’ensemble des bassins. Les précipitations ont été faibles, à l’exception du 20 janvier. » Point positif aussi, les chutes de neige de janvier, qui ont suivi les autres précipitations. Conséquences : les réserves se reconstituent normalement au niveau des barrages. Ça, c’est positif. Pour les cours d’eau navigables, après une montée de l’eau, on enregistre une décroissance « pour atteindre une fourchette basse pour un mois de février », dit Mme Ernoux. Pour les autres cours d’eau, même phénomène de hausse puis de décroissance rapide, à l’exception de l’est de la Wallonie. Quant aux eaux souterraines, « le niveau des nappes reste encore généralement bas pour la saison et comparable aux niveaux les moins élevés observés à la même période des années sèches précédentes, entre 2017 et 2020. »
Il reste jusqu’à fin mars pour bien recharger ces nappes.
« Depuis 2017, il y a un problème », observe Stéphanie Ernoux. « Ce n’est pas préoccupant pour l’instant mais sur les cinq dernières années, on est en déficit. » Cependant, rassure-t-elle, « nous ne sommes pas dans une situation à la française ».
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