L’édito de Guy Lemaire: où sont les Femmes?


Ainsi, en Belgique, sur 141 restaurants étoilés au Michelin, seuls quatre comptent une femme aux fourneaux (Lydia Glacé, Ricarda Grommes, Arabelle Meirlaen, Stéphanie Thunus). C’est plutôt moins qu’il y a un demi-siècle quand des Thérèse Desmedt (« Oud Konintje » à Waregem) et Marie-Louise Tilkin (« Le Chêne-Madame », à Neuville-en-Condroz) brillaient à deux étoiles, suivies par Josée Solheid (« Hôtel des Bains » à Robertville) et Solange De Brouwer (« Kokejane » à Herne). Et sur le plan international on les compte aussi sur les doigts d’une main. Anne-Sophie Pic (dix étoiles pour ses six restaurants) et Hélène Darroze ont atteint le sommet triple étoilé. Elles sont pratiquement les seules à rivaliser en notoriété avec une armada masculine pour ne pas dire machiste. Au-delà du stéréotype ancestral de la mère nourricière, c’est aussi le rôle dont elles s’emparent dans la cuisine lyonnaise dès les années 1930. Peu après que Michelin invente les étoiles de bonne table (la première en 1926, les deuxième et troisième dès 1931), la désormais iconique Mère Brazier (qui forma Paul Bocuse) s’empare du troisième macaron en 1933, suivie en 1935 par la Mère Bourgeois puis en 1951 par Marguerite Bise, avant une longue traversée du désert. Aujourd’hui encore, elles constituent des exceptions. Mais finalement peu importe que la cuisine ait un sexe tant qu’elle est bonne !