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Voici un métier «inexerçable» après 50 ans: «Vous savez c’est une fameuse charge, il faut recevoir et absorber beaucoup»

Cette semaine, j’ai bu un café dans la crèche publique d’Herstal qui était en grève. Dans l’actu, on en avait que pour les policiers, les pompiers et les cheminots. Pendant ce temps, à la crèche, les puéricultrices espéraient qu’on les « remarque ».

De l’extérieur, la crèche communale d’Herstal est sans doute le pire endroit au monde où travailler. Un énorme bunker des années 70, on dirait une caricature soviétique. Heureusement, à l’intérieur c’est la douceur qui prime et c’est une performance vu le mastodonte. La crèche est la plus grande crèche publique de Wallonie avec 154 enfants et 70 travailleurs qui dépendent de la Commune. On est donc bien dans un service publique.

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Tout m’intrigue ici à commencer par la directrice. Alors qu’une partie du personnel est en grève depuis lundi et qu’elle a dû refouler des dizaines d’enfants (pas tous), Élodie Delaval accepte ma visite. Je ne comprends pas, vous n’avez pas l’air contrariée ? « Vous savez c’est une fameuse charge d’être puéricultrice, il faut recevoir et absorber beaucoup, des parents comme des enfants, la pénibilité est réelle ».

À chaque reportage ses sensations, mais cette fois je ressens un étrange « sucré – salé ». La crèche est laide dehors mais belle dedans, le personnel fait grève mais la direction comprend, c’est un service public mais on ne crie pas au sous-financement. L’ONE demande par exemple une puéricultrice par groupe de 7 enfants mais ici la Commune finance des puéricultrices supplémentaires. À Herstal, le service public est bon visiblement alors pourquoi la grève ?

Il ne suffit pas d’aimer les enfants

Élodie me présente Marianne. Elle est l’incarnation parfaite du calvaire silencieux des « gardiennes d’enfants ». « J’étais puéricultrice mais maintenant j’encadre les collègues. Grâce à la commune qui a créé un poste de pédagogue j’ai en quelque sorte bénéficié d’une évolution de carrière, ce qu’aucune puéricultrice ne connaît(ra). C’est psychologiquement dur mais physiquement aussi quand vous devez jouer au sol et vous accroupir tout le temps ».

Refaisons le monde deux secondes. S’il fallait fixer un âge limite à ce métier ? « Je dirais 50 ou 55 », me dit Marianne. « 60 ans en tout cas c’est trop tard. Vous savez, on nous dit souvent qu’il faut aimer les enfants pour faire ce métier. Ça ne suffit pas ».

Élodie, la directrice m’emmène dans une section vide de la crèche pour le traditionnel selfie du samedi. Dites, ça gagne combien une puéricultrice ? « Certaines finissent leur carrière avec environ 2.300 euros nets. Ce n’est pas énorme ». Effectivement.

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