Cent ans de fromages pour l’entreprise familiale Hennart


Marcel Hennart aurait fêté ses 120 ans le 3 mars. Âgé d’à peine 20 ans, il s’est lancé dans le négoce de fromages en 1922. Au volant d’un camion à la Louis-la-Brocante, il réalise ses tournées en métropole lilloise. Une belle histoire qui s’est transmise de père en fils. Jacques et Marcel, reprennent la société en 1976 en s’appuyant notamment sur le savoir-faire paternel d’affinage de la mimolette, avant l’arrivée d’une troisième génération en 1993 avec Éric.
Évidemment, ces cent années « n’ont pas toujours été un long fleuve tranquille », explique ce dernier, aujourd’hui à la tête de l’entreprise. Terminé le fourgon qui passe de boutiques en boutiques, finie la cave d’affinage dans l’étable, et les bureaux dans la maison des parents… La société a dû s’adapter à l’évolution des marchés et aux normes sanitaires. « Mais mon grand-père disait toujours, Hennart s’écrit avec un T comme têtu et pas avec un D comme docile. »
La société a su rebondir en proposant ses produits à l’export au moment de l’expansion des grandes surfaces par exemple, ou encore en construisant un local de 2 500 m2 adapté aux nouvelles règles en 1992 à Carvin.
Du passé, l’entreprise a conservé ses valeurs, basées sur « les rencontres d’hommes » et son objectif principal : « Aller trouver des produits de qualité, qui vont faire plaisir sans que le fromage devienne un luxe ». Aujourd’hui, Hennart emploie une vingtaine de salariés – dont « beaucoup ont débuté en tant que stagiaires » – et travaille avec 70 producteurs basés partout en France. Certains sont liés avec la société depuis plus de soixante ans et d’autres pépites viennent d’être découvertes : « On achète avant tout du terroir. » Mimolette, comté, beaufort, chèvre, bleu… ce sont plus de 120 sortes de fromages qui passent par Carvin, « avec plus de 50 % de produits fermiers, essentiellement au lait cru ».
Un savoir-faire précieux
Et le savoir-faire est précieux. Ici, on retourne et on brosse les tomes à la main, dans les caves où certains fromages sont conservés pendant plusieurs mois, voire années. Éric Hennart se charge d’observer chaque jour les fromages installés dans les hâloirs aux taux d’humidité bien spécifiques, les coupes sont parfois réalisées au fil à couper le beurre… Le tout pour faire vieillir au mieux les produits et développer les arômes.
Et les Hennart poursuivent leur évolution en s’adaptant au contexte international car 40 % de leurs 800 clients sont liés à l’export. Pour le reste, on retrouve les produits de la famille dans les crémeries, les épiceries fines, les boucheries, mais aussi dans certaines grandes surfaces comme Match, client fidèle de l’affineur.
Comme on peut le dire d’un bon fromage, Hennart se bonifie avec le temps et Pierre, le fils d’Éric, est déjà prêt à y apporter une nouvelle patte.