Indexation, taxation, concurrence: voici pourquoi la Belgique est plus chère

Ce week-end, le journaliste français correspondant à Bruxelles Jean Quatremer a fait le buzz sur Twitter en partageant les photos de produits identiques, vendus dans un Carrefour à Bruxelles et un Carrefour de Lille. Avec des différences de 2 € sur un paquet de beurre Président en faveur de la France, ou des yaourts 1,50 € moins chers chez nos voisins. « Tous ces produits sont fabriqués par les mêmes entreprises et vendus par le même distributeur dans la même monnaie qui était censée harmoniser les prix. Le dérapage hallucinant des prix, encouragé par l’indexation automatique des salaires, rend la Belgique impayable », estimait-il.

Pour l’économiste Jean Hindriks, attribuer les écarts de prix entre la France et la Belgique à la seule indexation automatique des salaires est trop simpliste. « La loi sur la norme salariale en Belgique limite les écarts de salaires avec les pays voisins dont la France », explique-t-il. « La réalité est beaucoup plus nuancée. En Belgique, la taxation est différente, sur les produits via la TVA et les accises, mais aussi la taxation sur le travail. Les coûts d’énergie ont aussi été beaucoup plus élevés qu’en France, qui a pu bénéficier de son bouclier avec le nucléaire pour limiter les coûts énergétiques. Chez nous, on les a tout de suite répercutés sur les prix en rayons. Enfin, il y a le tissu économique et la concurrence du marché qui est beaucoup plus forte en France que chez nous. Là, les autorités belges pourraient d’ailleurs intervenir pour favoriser la concurrence sur le sol belge. En France, on voit des distributeurs vendre des paniers de 500 produits voire plus au prix coûtant, sans aucune marge. La concurrence est telle que les distributeurs réduisent leurs marges bénéficiaires. Chez nous, même l’arrivée de chaînes comme Albert Heijn ou Jumbo n’a pas eu assez d’impact. Et d’ailleurs, ils ne pratiquent pas non plus les mêmes prix en Belgique qu’aux Pays-Bas où ils étaient déjà implantés ».

L.P.