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Alexandra Lamy («La chambre des merveilles»): «Il faut réapprendre aux jeunes à rêver»

Ce mercredi sort en salle « La chambre des merveilles », porté par Alexandra Lamy. Face au drame qui la frappe, elle campe une mère courage inspirante.

« La chambre des merveilles » est d’abord une success story littéraire, un bestseller. Paru en 2018, ce livre de Julien Sandrel s’impose comme un phénomène. Il est traduit en vingt-six langues et change la vie de son auteur. Ce scientifique diplômé en agrochimie rejoint la cour des écrivains. En plus d’être un succès en librairie, ce récit est plébiscité par les profs de français pour les lectures en classe du premier degré du secondaire. Et ses pages se refilent dans les familles, du fils à la mère et à la grand-mère.

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Alors que Julien Sandrel publie son dernier (et très bon) roman, « Les extraordinaires », sort l’adaptation de « La chambre des merveilles » signée Lisa Azuelos (réalisatrice entre autres de « Lol »).

Le pitch pour ceux qui n’ont pas lu l’ouvrage ? Thelma est la mère célibataire d’une quarantaine d’années de Louis, 12 ans. Victime d’un accident, Louis se retrouve dans le coma. Selon les médecins, si le garçon ne se réveille pas après quatre semaines, il faudra débrancher le respirateur. C’est alors que Thelma, désespérée, trouve un carnet contenant toutes les « merveilles », soit la liste des aventures qu’aurait aimé vivre Louis au cours de son existence. Thelma se lance le défi fou de réaliser elle-même ces expériences pour son fils, dans l’espoir de le ramener à la vie.

Dans le rôle de cette mère-courage, Alexandra Lamy est impeccable de justesse de bout en bout, jouant sur le fil ténu du désespoir sans tomber dans le pathos. Il n’est pas exagéré de dire que la comédienne porte ce film et qu’elle confirme son aisance dans le registre dramatique. Face à elle, Muriel Robin campe une grand-mère attendrissante. Cet hymne à la vie, ode à l’amour maternel et au carpe diem, oscille aussi entre fantaisie et aventures, puisqu’il nous balade, au gré des « missions » de Thelma, dans le Japon des mangas, en Écosse et sur les plages du Portugal. Ceux qui ont adoré le roman auront la bonne surprise de découvrir certaines libertés par rapport à l’original, trouvailles à bon escient. Bref, un feel-good movie régénérant dont nous avons parlé avec la talentueuse actrice.

Aviez-vous lu le livre de Julien Sandrel ?

Non, j’ai préféré le lire après le tournage pour ne pas trahir l’auteur et par peur de perdre une certaine liberté de jeu.

Avez-vous puisé dans votre expérience de maman pour jouer ce rôle ?

J’essaie de ne pas faire entrer ma vie privée dans mes personnages sinon je ne m’en sors pas… Mais vu le sujet, forcément, on se projette. De toute façon, on met un peu de soi dans les personnages qu’on interprète, on amène des choses de nous forcément. Lisa Azuelos a été formidable parce qu’elle laisse la liberté d’ajouter, de modifier une réplique. On a pris le temps, donc on était comme le personnage de Thelma finalement, dans l’instinct. Je ne voulais absolument pas tomber dans le pathos. Il fallait que ce personnage soit comme ses mères dans les hôpitaux obligées de lutter contre la tristesse, dans le refus d’amener des ondes négatives. Thelma est obligée d’être combattante.

Quelle scène a été la plus difficile émotionnellement à jouer ?

Évidemment, même si on se dit qu’on ne fait pas entrer sa vie privée, quelque chose au fond de nous nous percute. La scène où le médecin dit qu’il va falloir penser à tout stopper, c’était extrêmement violent. Je ne savais pas comment la jouer tellement c’est une chose insupportable, je ne voulais pas qu’il y ait trop de larmes.

Et la plus jubilatoire ?

J’ai beaucoup aimé les scènes avec cette femme qui apprend à Thelma à respirer au Portugal, à prendre le temps.

Qu’avez-vous aimé dans ce film ?

C’est le chemin pour aller au bout du film que j’ai trouvé très beau. C’est souvent dans le drame qu’on se rend compte que la vie est importante, qu’on a besoin de dire aux gens qu’on aime qu’on les aime, de prendre du temps avec eux. C’est un road-trip de la tête au cœur comme dit à juste titre Lisa Azuelos.

Et dans ce personnage ?

Thelma va s’accrocher à un fil ; elle est dans : je crois ce que je sens.

Thelma va réaliser les rêves de son fils. Vos rêves d’enfant, vous les avez réalisés ?

Oui, mon rêve de gamine était de devenir actrice et je n’imaginais pas que ce serait possible. Dans ce film, on se rend compte que « rêve » ne veut pas dire « impossible », et c’est un très beau message. Les rêves, ce sont les projets et si on se bat pour, ils sont réalisables. Je trouve qu’il faut réapprendre aux jeunes à rêver, parce que c’est une chance, un rêve, cela donne des objectifs.

Jouer avec Muriel Robin, c’est…

Gamine, je regardais ses sketchs avec ma sœur, je les connaissais par cœur, c’est un rêve qui s’est réalisé. C’était un bonheur de travailler avec elle, c’est une très bonne comédienne, j’adore la femme qu’elle est. Et elle amène une singularité dans le personnage de la maman qu’elle seule pouvait amener, justement ce côté qui n’est pas pathos. Puis, sur un plateau, vous la lancez un peu et elle peut partir en impro pour une heure de spectacle. Elle est d’une vivacité incroyable.

Tourner une série avec votre sœur et votre fille, c’est un rêve qui se réalise aussi ?

Bien sûr ! On a fini de tourner « Killer Coaster » pour Prime Video. Le tournage a été un régal ! Cela aurait été insulter la vie que cela se passe mal. Impossible qu’on s’engueule. Cela se passe en 1998 dans une fête foraine, deux familles se font la guerre, moi je suis une pervenche et il y a un meurtre. Comme j’ai des envies de devenir flic, je vais mener mon enquête et m’insérer chez les forains pour découvrir qui est le coupable. On a accepté ce projet toutes les trois parce qu’on a adoré l’univers, le fait que le créateur, Nikola Lange, nous ait emmenées pas du tout là où on s’attendait.

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