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Réforme des retraites en France: Macron s’adresse aux Français sur TF1 et France 2, «s’il faut endosser l’impopularité aujourd’hui, je l’endosserai»

Le chef de l’État, en retrait depuis janvier sur ce dossier phare de son second quinquennat, répond à 13H00 aux journalistes de TF1 et France 2, à la veille d’une nouvelle journée de mobilisation syndicale.
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Emmanuel Macron persiste et signe: la très contestée réforme des retraites doit être appliquée «avant la fin de l’année», a réaffirmé sur TF1 et France 2 le chef de l’État qui accepte «d’endosser l’impopularité» et campe sur sa ligne de fermeté face aux débordements dans la rue.

Lors d’un entretien de 35 minutes, le président a tenté de tracer des perspectives à court terme, mais il a avant tout dû une nouvelle fois plaider pour une réforme «nécessaire» qu’il ne conduit pas «par plaisir».

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«Je n’ai pas de regrets», si ce n’est de ne «pas avoir réussi à convaincre sur la nécessité» de la réforme, a-t-il dit. Mais «il n’y a pas 36 solutions» que de travailler davantage face à «toutes les oppositions». Le chef de l’Etat épingle ces dernières en disant que pour elles, «le projet», «c’est le déficit».

Le Pen accuse Macron d’avoir «conforté le sentiment de mépris» des Français

Marine Le Pen a estimé mercredi que le président Emmanuel Macron, «un homme de plus en plus seul», avait «conforté le mépris» des Français,après son entretien sur TF1 et France 2.

La patronne des députés RN à l’Assemblée nationale a reproché au président d’avoir accordé cet entretien à 13H et d’avoir ainsi «défié symboliquement la France qui travaille (et) confortant ainsi le sentiment de mépris». «Il dit qu’il respecte, mais il insulte. Tous les Français, tout le temps», a-t-elle ajouté, accusant notamment le président «d’anti-parlementarisme».

«Votée par le Sénat»

M. Macron, qui avait écarté mardi toute perspective immédiate de remaniement, de dissolution ou de référendum, a égrené les arguments déployés par son camp depuis l’activation du 49.3 sur cette réforme controversée et la motion de censure contre son gouvernement qui a échoué à neuf voix près.

Cette réforme a été «enrichi(e) par les parlementaires», «votée par le Sénat» et «adoptée par l’Assemblée suite à l’utilisation de l’article dit 49.3, et donc par un vote d’une motion de censure contre le gouvernement qui a échoué», a plaidé M. Macron, dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel.

«S’il faut endosser l’impopularité aujourd’hui, je l’endosserai», a assumé le chef de l’État qui est revenu sur ses déclarations de la veille à l’Élysée devant des parlementaires de sa majorité, sur «la foule» qui n’a «pas de légitimité face au peuple qui s’exprime, souverain, à travers ses élus».

Capitole et Brasilia

Des propos qui visaient les élus ciblés par les violences, a-t-il assuré mercredi, citant l’invasion du Capitole par les partisans de Donald Trump et des lieux de pouvoirs à Brasilia par ceux de Jaïr Bolsonaro. «On ne peut accepter ni les factieux, ni les factions», «on ne tolèrera aucun débordement» face aux «groupes qui utilisent la violence», a-t-il martelé mercredi.

Cette sortie avait suscité une certaine gêne jusqu’au sein de son camp. «Je n’aurais pas dit les choses comme ça», avait réagi dans la matinée mercredi François Bayrou.

La parole d’Emmanuel Macron, en retrait depuis janvier sur ce dossier phare de son second quinquennat qui a viré à la crise politique, était très attendu, alors que des manifestations se multiplient depuis le 49.3 et qu’une nouvelle journée de grève et de manifestations est programmée jeudi par l’intersyndicale.

Mercredi, plusieurs actions de blocage contre la réforme des retraites, touchant dépôts pétroliers, ports, routes, le secteur électrique et une université se sont déroulées mercredi matin à travers le pays.

Aux stations-service, la situation se dégrade légèrement, avec 14,30% des stations en pénurie d’au moins un type de carburant contre 12% mardi, et 7,13% sont à sec, contre 6% mardi.

«Co-construction» à l’Assemblée

Mercredi matin, l’A55 dans le sens Fos-sur-Mer-Marseille a été fermée en raison de feux de palettes. Le port de Marseille-Fos était en outre totalement bloqué dans le cadre d’une journée «ports morts» à l’appel de la CGT tandis que des actions coup de poing sont également menées aux abords de la zone portuaire de Capécure, à Boulogne-sur-Mer.

Le dépôt pétrolier de Puget-sur-Agens (Var) est bloqué par des manifestants, de même que deux ronds-points desservant deux dépôts pétroliers au nord de Bordeaux.

La veille, de nouvelles manifestations à Paris ou à Nantes ont été émaillées d’incidents. Au total, de source policière, 128 interpellations ont eu lieu en France, dont 81 à Paris. 61 policiers et gendarmes ont été blessés.

Dans les écoles, le Snuipp-FSU, premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires, prévoit entre 40 et 50% des professeurs du primaire en grève jeudi.

Désireux de sortir de cette séquence retraites, le président a tenté mercredi de donner des perspectives. Charge à Élisabeth Borne, à qui il a renouvelé sa confiance, de «bâtir un programme de gouvernement» susceptible «d’élargir» la majorité relative à l’Assemblée, dans une démarche de «co-construction d’un agenda parlementaire avec l’ensemble des forces des deux chambres».

Premier changement d’agenda: le projet de loi immigration, présenté comme la prochaine victime des oppositions à l’Assemblée, sera scindé en «plusieurs textes» dans «les prochaines semaines».

M. Macron veut également «réengager» un dialogue avec les partenaires sociaux sur les conditions de travail. Mais «il faut attendre quelques jours, quelques semaines», a-t-il observé, alors que les syndicats, jeudi, battront à nouveau le pavé.

Berger accuse Macron de «mensonge»

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a accusé mercredi le président de la République d’avoir menti dans son interview sur TF1 et France 2 sur la position de la CFDT sur les retraites, «pour masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste».

«Déni et mensonge ! La CFDT a un projet de réforme des retraites. Macron 2019 l’avait compris, il avait repris notre ambition d’un système universel. Macron 2023 refait l’histoire et ment sur @cfdt pour masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste», a-t-il réagi sur Twitter.

Emmanuel Macron a affirmé dans son interview que «le secrétaire général de la CFDT, pour qui (il) a estime et respect, était allé devant son congrès en proposant d’augmenter les durées. Il n’a pas été suivi (...) mais il avait cette volonté de faire travailler davantage».

Interrogé par l’AFP, M. Berger a confirmé que son tweet visait notamment cette affirmation, selon laquelle il aurait proposé au congrès d’allonger la durée de cotisation.

Lors du Congrès de Lyon, en juin 2022, la direction de la CFDT avait essuyé un camouflet en étant contrainte par un vote interne de durcir sa résolution générale.

Les délégués avaient adopté un amendement affirmant que «l’allongement de l’espérance de vie ne peut justifier une augmentation de l’âge moyen de liquidation», prenant ainsi le contre-pied de la formulation initiale, qui affirmait que «l’allongement de l’espérance de vie peut justifier une augmentation de l’âge moyen de liquidation».

Mélenchon dénonce les «traditionnelles marques de mépris»

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé mercredi les «traditionnelles marques de mépris» d’Emmanuel Macron après son entretien télévisé sur la réforme des retraites, estimant que le chef de l’Etat «vit en dehors toute réalité».

L’ancien candidat à la présidentielle a critiqué l’«arrogance» de M. Macron sur les carrières pénibles alors qu’il «vient de retirer des critères de pénibilité», dans un point presse à Toulouse. «La foule est au peuple ce que le cri est à la voix», a ajouté Jean-Luc Mélenchon en référence à un propos du président sur la «foule» qui n’aurait «pas de légitimité face au peuple qui s’exprime à travers ses élus».

«Du mépris pour les millions de personnes qui manifestent»

Les propos d’Emmanuel Macron lors de son interview mercredi midi sont «du foutage de gueule et du mépris pour les millions de personnes qui manifestent», a réagi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

«C’est lunaire cette interview. C’est: tout va bien, je fais tout bien, il ne se passe rien dans la rue. Il n’y a aucune réponse», a dénoncé M. Martinez devant des journalistes à Tours où il assiste au congrès de la CFE-CGC.

Macron a «mis plus d’explosif sur un brasier déjà bien allumé»

Emmanuel Macron a «mis plus d’explosif sur un brasier déjà bien allumé», a critiqué le premier secrétaire du PS Olivier Faure après l’entretien télévisé du chef de l’Etat, tandis que la cheffe des écologistes Marine Tondelier a dénoncé une «autosatisfaction».

«C’est hallucinant, il est dans un déni absolu», a déclaré Olivier Faure depuis l’Assemblée nationale. «Je crains qu’il n’ait mis plus d’explosif sur un brasier déjà bien allumé», a-t-il ajouté, notamment en «disqualifiant les syndicats». Marine Tondelier s’est dite pour sa part sur Twitter «glacée par la démonstration d’autosatisfaction du président» qui, à ses yeux, a tenu des «propos offensants».

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