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«Ils essaient toujours de faire mieux, mais à un moment…»: l’influenceuse belge Shauna Dewit («Les Traîtres») décrypte le burn out des YouTubeurs

Comme Mcfly et Carlito, les créateurs de contenu sont de plus en plus nombreux à faire savoir leur mal-être, voire à sombrer dans la dépression. Mais qu’est-ce qui attise réellement la flamme du burn out 2.0 ? Décryptage avec la star belge de TikTok.

Le burn-out des YouTubeurs est un phénomène dont on en parle depuis des années, mais qui s’accentue cette année. Comment l’expliquez-vous ?

L’année dernière, j’ai eu un énorme burn out moi aussi, donc je comprends complètement pourquoi McFly et Carlito veulent faire une pause. Ce phénomène, il est très simple en fait. C’est juste qu’on a envie de faire du contenu H24. On est toujours à la recherche de nouvelles idées, mais c’est épuisant à la longue ! Réfléchir 24h sur 24, c’est horrible pour le cerveau. Ça peut même atteindre la santé physique. C’est encore plus dur quand déjà on essaie de faire du contenu, de se plier en quatre, et que les retours sont négatifs. Tu commences alors à douter de toi-même, à perdre confiance en toi… c’est un cercle vicieux. Et, c’est idiot… mais on a ce sentiment de culpabilité qui nous envahit quand on ne publie rien pendant quelques jours. Les followers ne se rendent pas compte non plus qu’ils nous mettent une pression de dingue. Quand je ne bosse pas pendant quelques jours, j’ai plein de messages privés en mode, ça va t’es vivante ? Bah oui les gars, j’ai besoin de temps pour moi. Et ça, ils ne le comprennent pas toujours, vu qu’on est là juste virtuellement. Ils oublient qu’il y a une personne réelle, avec des sentiments, derrière l’écran.

Vos absences sur les réseaux ont-elles un impact sur votre communauté ?

Ça joue sur le reach. Mais, à choisir entre avoir un bon reach ou une bonne santé mentale… je préfère ma santé mentale. C’est pour ça que l’année dernière, je suis partie en vacances plusieurs fois sans rien dire. J’avais besoin de me déconnecter.

Mcfly et Carlito dénoncent une course à la « superproduction », comment est née cette spirale créative du « toujours plus », du « jamais vu » sur les réseaux sociaux ?

Grâce ou à cause de TikTok, il y a énormément de gens qui sont devenus créateurs de contenus ou influenceurs. Surtout pendant le Covid, il y a eu une vague de nouveaux créateurs de contenu, et je crois que ça met une pression supplémentaire énorme à McFly et Carlito, Squeezie et tous ceux qui étaient déjà dans le game depuis longtemps. Eux, c’est les ancêtres ! Et de voir tous ces gens qui peuvent leur faire de l’ombre, ils doivent se sentir dépassés. C’est pour ça qu’ils essaient toujours de faire mieux, mais à un moment… bonjour le burn out.

Comment se renouveler en tant que créateur de contenu établi, du coup ?

Je crois que le secret, c’est de rester authentique. Il faut être unique, et pas faire des trucs déjà faits et refaits. On peut participer à des tendances, mais à notre manière. C’est pour ça que les gens me suivent, parce que je fais des vidéos qu’ils n’ont pas vues ailleurs. C’est très important pour se démarquer.

Vous êtes présentatrice de l’émission « Offline », sur Pickx+, en quoi ça consiste ?

En gros, dans chaque épisode, je vais à la rencontre d’un créateur de contenu pour découvrir la personne en dehors des réseaux sociaux. Par exemple, David Rodriguez (à droite sur la photo) : on le connaît à travers notre écran, mais qui est-il vraiment ? À quoi ressemblent ses journées ? L’idée, c’est de démystifier le métier de créateur de contenu, montrer que c’est plus compliqué que ça en a l’air.

Et quel avenir pour votre propre chaîne YouTube ?

J’ai fait une grande annonce sur ma chaîne : elle était en anglais, mais je vais la faire passer en français, tout simplement pour pouvoir inviter d’autres créateurs de contenu qui ne pètent pas un mot en anglais ! (Rires.) J’ai envie de les inviter, parce qu’ils m’invitent toujours dans leurs vidéos. Ma chaîne sera donc en français avec des sous-titres en anglais. Sur TikTok, je continue à faire la folle. Ces derniers temps, j’ai peut-être été un peu trop psychopathe, je me suis un peu trop lâchée… donc je vais peut-être essayer de revenir normale. (Rires).

Pourquoi restez-vous sur les réseaux sociaux ?

Je trouve les réseaux sociaux extrêmement narcissiques, toxiques et fake. Il y a énormément de négatif, je le pense vraiment et je le penserai toujours, mais j’y reste parce que j’ai aussi découvert les côtés positifs. Ce milieu m’a quand même ouvert énormément de portes, dont « Offline ». Donc je continue, parce que je continue à grimper, et que je rencontre aussi des gens incroyables.

Beaucoup de gens pensent que la télé est démodée… alors, pourquoi passer des réseaux au petit écran ?

L’avenir, c’est les réseaux sociaux, il n’y a aucun doute. Mais moi, je suis quelqu’un de très old school. Mon rêve depuis toute petite, c’était de devenir actrice ou présentatrice télé. Ou astronaute, mais ça, j’ai vite abandonné l’idée. (Rires.) Mais, présentatrice, c’était mon but. Je ne la regarde pas, mais je me sens mieux en faisant de la télé.

Vous ne regardez pas la télé, mais vous voulez en être…

Oui, c’est étonnant. (Rires.) Quand j’étais plus jeune, je regardais beaucoup les émissions comme « Secret Story » et tout ça. C’était quand même beaucoup mieux qu’aujourd’hui. Même « Koh Lanta », c’était mieux avant ! Je suis assez nostalgique de la télé d‘hier.

Un petit mot pour terminer sur « Les Traîtres » : que retiendrez-vous de cette aventure ?

Deux choses : en premier lieu, les personnes exceptionnelles que j’ai rencontrées ; et deuxièmement, l’épreuve de l’œuf de 100 ans. Je m’en souviendrais toute ma vie ! Mon dieu, quelle horreur. C’est encore plus dégueu que ce qu’on imagine.

Et professionnellement ?

J’ai appris énormément sur moi-même, que me sous-estimais un peu alors que je pouvais dépasser des limites dont je ne pensais pas être capable. Et que si je veux, je sais plus ou moins mentir… mais très mal ! J’aime beaucoup être honnête.

Et la victoire de Vanessa, vous en pensez quoi ?

Elle a géré, parce que vraiment… je ne comprends toujours pas comment c’est possible. Dès le premier jour, elle était dans le viseur. Et elle arrive quand même à aller jusqu’au bout ! Elle a eu un incroyable parcours. Je ne comprends pas comment c’est possible, mais je suis très heureuse pour elle. Elle le mérite, et ça fait que la team des traîtres gagne… donc je suis entre guillemets gagnante aussi.

« Offline » (8 épisodes), tous les mardis en deuxième partie de soirée et tous les vendredis à 20h15, dès le mardi 21 février / vendredi 24 février sur Pickx+

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